Voilà une BD intéressante à bien des égards, mais qui montre pas mal de problèmes inhérents à ce genre de BD ancrées autour de professions. On a eu le vin, le chocolat, et d'autres. Ici, on a d'abord l'impression que l'on s'attaque à l'agriculture intensive et à ses débordements, à ses excès. de plus, on assiste à des raccourcis assez réducteurs (comme souvent les raccourcis).
Cela me gêne d'autant plus que je suis d'accord avec le fond du problème, sans réellement avoir besoin d'une BD pour m'informer, cela dit. Mais pourquoi pas une BD quand même. le message peut éventuellement se servir du support pour percoler dans les esprits.
Florian est avocat, spécialiste en divorces de riches capitaines d'industrie, parfois légèrement (ou carrément) mafieux. Il a quelques états d'âme. D'autant qu'il va se marier et que sa future femme a envie de baigner dans l'argent (sans doute parfumé au Chanel 5, vu que l'argent n'a pas d'odeur).
Florian est le fils du président d'une très grosse coopérative agricole. 11.000 affiliés. Florian est le futur gendre d'un autre ponte de la coopérative. Embarqué pour un voyage d'affaires en Amérique latine, il peut se rendre compte que l'image de rêve véhiculée par son père n'est qu'une façade, et que le vernis fort léger craque laissant apparaître la spoliation des terres, l'expulsion des petits paysans, l'agriculture intensive qui appauvrit les sols, les pesticides, les OGM... Florian va alors décider de quitter le barreau et de reprendre les activités agricoles de son père.
Mais les découvertes ne s'arrêtent pas là. Florian découvre le système mis en place par son père. La ccopérative acchète la production des affiliés, mais leur vend le matériel, les conseils de consultance, les produits, parmi lesquels le Roundown... dans lequel on aura reconnu le Round-Up de Monsanto.
Côté pile, une BD engagée. Contrairement aux BD sur le chocolat ou le vin, on a une BD qui délivre un message. On a
Pierre Rabhi à la préface. C'est un signe... On dénonce à tour de bras, mais qui trop embrasse, mal étreint.
Côté face, on mélange un peu tout. On remet une couche de bio "qui va tout régler". Simpliste comme raisonnement et asséné avec un peu trop de rapidité. On aborde sans doute trop de thèmes dans ce tome. Cela dit, il faut bien me comprendre, je suis convaincu qu'il faut tourner la page de l'agriculture intensive, de l'agrochimie, et que le bio est une solution (parmi d'autres) à creuser. C'est d'ailleurs pour cela que je suis un peu tiède sur la "démonstration" offerte par ce tome (entre faire des amalgames et efoncer des portes ouvertes). La BD date de 2016... j'aurais sans doute été plus indulgent si elle datait du début des années 2000 (ou d'avant). Les tomes suivants vont (on peut l'espérer) développer et apporter des nuances, des éclairages...
Les dessins m'ont peu emballé, aussi. Ils sont assez lisses, passe-partout, même s'ils sont globalement de bonne qualité.