Elle « songe à en finir », on le sait d'emblée.
En finir avec quoi ? Avec eux deux, là, parce que ça ne rime à rien, leur truc. Elle n'est pas mal, avec lui, mais elle aime bien la solitude, aussi. Ou elle se dit que c'est peut-être préférable.
Elle y pense, tandis qu'ils roulent vers la ferme de ses parents, à lui. C'est la première fois qu'elle va là-bas, elle ne les connaît pas, ils sont attendus pour le dîner.
Pendant ce long trajet, en cette soirée d'hiver glaciale, ils discutent, et elle se répète qu'elle doit mettre un terme à 'ça'. Leurs échanges sont passionnants, et intellectuellement stimulants, pour le grand plaisir du lecteur.
Ultra flippant, ce livre, ambiance de film d'horreur - je dis ça, mais je n'en regarde pas. Par contre, je connais bien
Hitchcock, hé hé !
On est de plus en plus mal à l'aise entre ce type aussi cultivé que chelou, le harcèlement téléphonique et le voyeurisme, la volonté de fuite de la fille, ce trajet dans une voiture isolée sur une route de campagne, la tempête de neige... On se demande d'où va débouler le forcené, yeux exorbités, bave aux lèvres et hache à la main. Surtout qu'on sait que l'histoire finit mal, puisqu'on a rapidement des indices : de temps en temps, un drame est évoqué via des dialogues (assez amusants, d'ailleurs, façon 'Brèves de comptoir'), les circonstances se dessinent, on fait peu à peu le lien.
J'ai adoré cette lecture, jusqu'au changement de ton, vertigineux, troublant, dérangeant.
Quand j'ai compris...
qu'on avait affaire à un schizo
je me suis revue
jouer à la poupée, enfant, faire les questions et les réponses, inventer des personnages .
Alors après cette lecture,
je sens grandir ma peur : est-ce que je ne suis pas zinzin ?...
Quoi qu'il en soit, je me sens toujours un peu flouée par ce genre de dénouement (moins qu'avec du fantastique, mais à peine).