Voilà un roman que je brûlais d'envie de lire ! La quatrième de couverture m'avait franchement mise en appétit et les billets plus qu'enthousiastes de certaines d'entre vous avaient achevé de me convaincre. Vu le morceau, je me l'étais gardé pour une période de congés... et j'ai rudement bien fait, car ces quelque 700 pages et des poussières se lisent avec avidité.
Etrangement, il présente une certaine proximité avec ce qui avait été ma précédente lecture, Archives du vent (j'ai un peu bousculé l'ordre de mes billets) : on est dans le milieu du cinéma et l'intrigue tourne autour d'un réalisateur de génie auréolé de mystère, vivant en retrait du monde et proposant une oeuvre hors norme. Moyennant quoi, il règne autour d'eux une atmosphère étrange et inquiétante, qui semble naître de leurs films eux-mêmes, mais peut-être aussi de leur personnalité...
Soyons clair, j'ai nettement préféré le roman de
Pessl à celui de Cendors, même si l'écriture du second offre une qualité littéraire nettement supérieure à la première, dont le style reste assez classique, mais néanmoins efficace, grâce notamment aux nombreux dialogues, fidèle en cela à une certaine tradition américaine.
L'incorporation de copies de pages écran de sites internet, de photos ou de fac-simile d'articles de journaux, témoignant des recherches du héros est une trouvaille amusante. Ces documents sont cependant censés mettre le lecteur sur une sorte de pied d'égalité avec le narrateur et l'entraîner dans les mêmes chausse-trappes que lui. On est supposé s'interroger sur ce que l'on découvre et la manière dont les indices sont interprétés. J'ai envie de dire : rien de nouveau sous le soleil. A la lecture des différents billets, je m'attendais - peut-être à tort - à une sorte de mise en abyme, à une fiction s'interrogeant sur elle-même, où l'on ne saurait plus démêler le réel du fictif. Or il n'en est rien, d'où une légère déception. A aucun moment, je ne me suis sentie prise en défaut pas l'auteur ou prise à partie dans mon statut de lectrice. On sait constamment où l'on se trouve et je ne me suis jamais demandé où voulait m'emmener l'auteur.
Ces réserves faites, il reste que l'intrigue est habilement menée, l'atmosphère est parfois glaçante - en dépit de quelques petites maladresses visant à accentuer le caractère terrifiant des événements qu'on pardonne aisément à ce jeune auteur - et on lit les 200 dernières pages avec une véritable frénésie.
Une lecture plaisir, donc, parfaite si l'on recherche le frisson sans voir le sang couler à toutes les pages !
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