ON NE JUGE PAS UN LIVRE SUR SA COUVERTURE (2/2)
C'est la lecture du « Restaurant de l'amour retrouvé » qui m'aura inspiré ce titre réunissant la critique de cette ouvrage et celle de «
Petits oiseaux » de
Yoko Ogawa, lus l'un à la suite de l'autre.
Réunissant littérature japonaise et cuisine, deux de mes centres d'intérêt, j'étais impatiente de lire cet ouvrage. Les premières pages étaient plutôt engageantes, sur un ton enlevé, malgré la péripétie du début de l'histoire.
Rinco, jeune cuisinière japonaise, rentre un jour chez elle pour découvrir que son petit ami a vidé les lieux : ses meubles, ses vêtements, ses précieux ustensiles de cuisine, leurs économies destinées à ouvrir un restaurant… absolument tout a disparu. Sauf le pot de saumure que sa grand-mère tant aimée avait préparé, entreposé dans le cellier et qui lui restait en souvenir de celle-ci. le choc la laisse sans voix, littéralement.
Elle décide alors de rentrer chez sa mère (enfin, dans un premier temps, de lui voler ses économies) qui l'héberge et lui prête, malgré leurs relations distendues, l'argent nécessaire pour ouvrir « L'escargot », le restaurant de ses rêves (en échange également de soins prodigués à Hermès, la truie, presque domestique, de
la mère). Utilisant les fruits de la nature et des produits locaux, elle ne cuisinera que pour des gens qu'elle aura sélectionnés.
Sa cuisine deviendra bientôt réputée pour réaliser des miracles : son ami Kuma revoit sa femme qui l'a quitté pour aller vivre en ville, une dame ayant vécu dans le deuil de son amant retrouvera la joie de vivre, deux jeunes couples tomberont follement amoureux… Tandis que Rinco apprendra à se connaître, ainsi qu'à connaître les autres, et être moins radicale dans ses jugements.
Voici donc tous les ingrédients pour une recette qu'on imagine savoureuse. Si les saveurs sont agréables en bouche quelques moments (une écriture plutôt poétique, des jolies images délicates et un dépaysement culinaire), l'arrière-goût devient de plus en plus amer : le joli roman devient rapidement une bluette un peu fade. Déjà par la minceur de l'histoire et sa crédibilité, qui par deux éléments vers la fin (l'histoire du bébé-pistolet à eau est le summum) est sacrément mise à mal, puis par la faiblesse des relations psychologiques entre les personnages et leur prévisibilité, notamment entre l'héroïne et sa mère (une mère qu'elle croit détester alors que non, qu'elle redécouvre mais il est bien tard pour ce faire…), mais enfin stylistiquement par la manière agaçante qu'a l'auteur de répéter plusieurs fois la même chose en l'espace de quelques lignes, comme si on risquait de l'oublier…. Bref, une belle déception en guise d'addition.