Nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux à ne vouloir renoncer ni au pessimisme de la lucidité, ni à la puissance de la volonté, ni au secours de la beauté.
Les sollicitations permanentes nous privent du temps simplement de s'écouter, en plus de s'émerveiller du monde.
L'art sait depuis toujours qu'il existe une esthétique du chaos.
En littérature, c’est l’empathie qui amène à la réflexion et non l’inverse. Vous pouvez développez l’argumentaire le plus serré qui soit dans un livre, je doute fort que cela fasse changer quiconque d’avis. En revanche, donnez-nous un personnage à chérir, faites-nous partager son intimité, ses émois, ses douleurs et ses joies, et il nous sera bien plus aisé de prendre en compte son point de vue, à défaut de le partager.
Ouvrir un roman c'est échapper au temps, au lieu, aux petits tracas et grands malheurs du présent. C'est l'arme ultime contre la solitude. Dans ces quelques grammes de papier, il y a toujours un personnage pour vous accompagner et distraire. Avec un livre, on n'est jamais seul.
Défendre le droit au rêve est aussi un combat social, et l'accès à la lecture devient un enjeu essentiel : celui de nourrir nos imaginaires, de s'affranchir du réel et d'activer nos vies intérieures, doublé d'une des plus belles et efficaces manières de changer de perspective.
Et on sait à quel point il faut beaucoup de volonté pour revendiquer davantage de rien. Il se traduit généralement par non-agir ou non-intervention, mais cela ne signifie pas pour autant rester les bras croisés en rejetant toute nouveauté, simplement de faire des choix éclairés et de ne pas forcer le cours des choses. Se fixer des limites, distinguer ce qui relève du progrès vers une vie bonne et décente de ce qui nous aliène, savoir ne pas est un art de vivre au quotidien.
Décliner l'usage de ce dont on n'a pas besoin, discerner parmi les technologies celles qui risquent de faire plus de mal que de bien, voilà qui manque cruellement à notre époque où l'on a oublié que parfois ne pas nuire vaut mieux qu'agir.
L'autonomie repose sur la coopération.
Ce n'est qu'en interrompant le cours du quotidien qu'on parvient réellement à démuseler sa pensée.