Le Terrier et ses habitants, une mère et ses deux enfants, un Ogre qui règne en maître.
Ce roman, je l'ai lu en apnée, d'une traite.
Ce roman, je l'ai lu avec les tripes, comme une expérience sensorielle convoquant tous mes sens, exacerbés comme jamais, à l'affût de la moindre émotion qui sera convoquée jusqu'à vibrer de partout.
Terriblement immersif. J'ai humé l'air irrespirable du Terrier et l'odeur d'une libération qui n'en est pas une. J'ai écarquillé les yeux jusqu'à ce que des images imprègnent mes rétines. J'ai ressenti des textures. J'ai entendu les cris, les espoirs, la colère, la peur des habitants du Terrier. J'ai eu envie de hurler. J'ai pleuré aussi.
En seulement 300 pages d'une rare densité,
Maud Mayeras plonge dans les tréfonds de la psyché humaine, dans ce qu'elle a de pire ( séquestration, viols, conditionnement mental, cruauté ) mais aussi de plus beau ( innocence, enfance ) : les passages sur l'amour filial, maternel et fraternel sont absolument magnifiques et déchirants de justesse, la plume, déjà remarquable, prend toute son ampleur alors. La façon dont elle scrute le mental d'êtres qui ont connu l'extrême est époustouflante de justesse et de singularité.
Surtout
Maud Mayeras déploie un talent évident à déranger, à questionner sans chercher à cogner ou choquer en versant dans du trash facile. le cheminement de son récit est tellement subtil, même lorsqu'il lève le voile sur des thématiques tabous rarement abordées, que ce soit dans les médias ou dans la littérature, notamment sur l'après-séquestration, sur la libération des victimes qui n'est pas que joie et qui ne met pas fin à l'histoire pour soulager la société. Et son choix de décrocher de son récit en y insérant des courts extraits de contes métaphoriques terribles ne fait qu'accroître le sentiment d'étrangeté et d'oppression qui grandit depuis le début de la lecture.
Une auteure puissante que je découvre avec ce roman original et oppressant qui m'a vrillée d'émotions les plus diverses. J'entame direct la lecture de
Reflex, son précédent, dont je pressens qu'il va énormément me plaire.