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Dominique Nédellec (Traducteur)
EAN : 9782267049633
452 pages
Christian Bourgois Editeur (11/04/2024)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Dans la Baixa do Cassanje, une région du nord de l’Angola, une révolte éclate en 1961 parmi les travailleurs noirs, excédés par les conditions iniques que leur impose la Cotonang, compagnie luso-belge exploitant la main-d’œuvre locale pour la production de coton. Cette insurrection, qui constitue l’une des premières étapes de la lutte pour l’indépendance de l’Angola, est violemment réprimée lorsque le pouvoir colonial portugais envoie son armée et son aviation pour ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Trois personnages se partagent les 21 chapitres, leur point commun réside dans une double appartenance géographique : le Portugal et l'Angola. Ils représentent trois facettes de la colonisation lusitanienne en Afrique : une fille de planteur, un administrateur civil ,un militaire.Lobo Antunes y aborde ses thèmes familiers : violence de la guerre coloniale, et des rapports familiaux , blessures d'enfance ,déchirement des couples,misère et dévoiement du désir ,déréliction de l'âge . Mais la puissance du roman tient comme toujours chez cet auteur à son style :il nous introduit dans le courant de la mémoire des personnages en un flot continu quasi magmatique mêlant, entrelaçant, Portugal et Angola, présent et passé,terreurs enfantines et sénilité angoissée, séductions et horreurs du fait colonial , quêtes d'amour avortées dégradées en haine , ambitions déçues . Ponctué par la reprise de phrases incantatoires ,le flux mémoriel accélère sa lente giration vers la bonde finale qui rendra à la page sa blancheur d'émail . Et me laissant ,moi, lecteur ,un peu ivre d'avoir vécu ces vies ,ébloui par le pouvoir de la littérature.
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L'Angola, colonisé par le Portugal en 1575, a été gouverné alternativement en tant que colonie, province ultramarine et État de l'Empire colonial portugais. Et puis en 1961, éclate une guerre d'indépendance (qui sera obtenue en 1975).
Ce livre fait référence à une insurrection des travailleurs noirs, qui n'en pouvaient plus de leurs conditions de travail pour la production de coton. Au lieu d'être de se désespérer en continu, ils ont décidé d'agir et de se révolter. le gouvernement portugais n'hésitera pas et enverra son armée pour réprimer tout cela.
Dans ce roman, trois narrateurs s'expriment tour à tout.
La fille d'un planteur. Elle n'est plus sur place. Elle vit ailleurs, peu importe où. Elle se rappelle son quotidien avec sa famille sur la propriété familiale.
Un fonctionnaire qui a fui la région suite aux événements, il a épousé une femme albinos.
Un colonel portugais, aujourd'hui à la retraite. Il a participé aux opérations militaires dont le but était d'éteindre la mutinerie.

On suit leurs pensées intérieures, leurs idées fixes, leurs souvenirs et les émotions qui y sont liées. Tout remonte à la surface, brusquement ou plus doucement, suivant le rythme de chacun. La mer et ses autres rives sont omni présentes proposant différents points de vue selon le bord sur lequel on se trouve…. C'est surprenant, déroutant dans un premier temps puis on laisse le style s'installer et on « écoute » le flot monter… On n'a pas forcément de repères spatio-temporels, c'est l'instinct de l'écrit qui domine. Passé et présent peuvent se bousculer avec intervention d'un dialogue, le plus souvent à sens unique, comme si les réponses étaient dans la suite du texte.
Le titre et la couverture l'évoquent déjà. L'écriture, ce sont des vagues. Elle est parfois calme, puis tumultueuse, ou corrosive. Elle bouge, part, revient, écorche, caresse, sans début, sans fin, seulement quelques pauses, ou des soupirs, des respirations saccadées ou silencieuses et douces. Une vague par chapitre (d'une vingtaine de pages), une phrase longue ponctuée par des sauts à la ligne et des paroles précédées de tirets représentant des mots jetés, prononcés par un tiers le plus souvent, semblables à des cailloux dans l'eau qui alors gicle plus fort et surprend le lecteur. On est éclaboussé, secoué. On pénètre dans un univers où différents thèmes sont évoqués. le racisme avec toutes ses dérives, du mot échappé intentionnellement, l'air de rien à la violence plus importante et le plus souvent irraisonnée. le traumatisme de vivre ou de faire vivre, sans vraiment l'avoir choisi, une situation de tension, de soulèvement. Les relations familiales difficiles lorsque chacun souffre, cherche sa place, essaie d'avancer et fait preuve de maladresse.
Entre prose et poésie, ce recueil peut sembler inclassable, mais il est sans doute à ranger dans ces lectures marquantes, riches de sens où la langue est exploitée dans toute sa beauté, offrant des messages qui font mouche, emportant le lecteur vers des rives insoupçonnées, là où la mer n'est, chaque fois, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre ….



Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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critiques presse (2)
LeFigaro
25 avril 2024
Trois personnages peignent la colonisation et le basculement dans la révolte du peuple exploité.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeSoir
24 avril 2024
Sur l’érotisme de la virgule manquante à l’emplacement que montre le doigt de la maîtresse, personne n’a jamais rien écrit d’aussi émouvant qu’António Lobo Antunes dans L’autre rive de la mer, qui vient d’être traduit.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
...tandis que ses cils baissés jetaient leur ombre sur ses joues, il y a des petites choses comme ça qui vous mettent un homme en joie et ça ma femme ne le comprend pas, c'est-à-dire si elle était mon amie au lieu d'être mon épouse je parie qu'elle comprendrait, elle sont à peine mariées qu'elles désapprennent comment nous faire monter en température, la coiffure négligée, l’attifement à la va-comme-je -te pousse, le caillou de leur talon appuyé sur notre rotule nous écrabouillant pour un massage de l'oignon
- Regarde moi cette misère un peu
et l'oignon, c'est déjà ça, rapetissant un peu le pauvre, la journée entière dans notre peignoir
- C'est plus confortable désolée
qui sent le mâle et le tabac froid, le malheureux, et décourage la bonne volonté qui décline avec les années, une tête couverte de bigoudis, par exemple, effraie plus qu'elle n'exalte, la cire sur les jambes appliquée avec une spatule et retirée avec des gémissements d'extraction de molaire nous font reculer jusqu'à la fenêtre parce que les scènes de torture nous horrifient ...
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...s'il l'appelait par son prénom silence,s'il la cherchait sur le tabouret devant la coiffeuse personne, s'il s'imaginait la trouver dans le lit une odeur d'absence sur le drap désert...
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- Tu m'aimes ?
un silence dans lequel, je pense, pas la moindre vague ne bougerait, ma mère à mon père, quand le drap a commencé à s'agiter en grandissant vers elle
- Arrête le petit ne dort pas encore
se soulevant, respirant plus vite aussi, plus fort, passant au-dessus de moi en direction de la voix de ma mère parce que ma mère pas de corps, une voix seulement, quand elle se couchait j'avais l'impression qu'elle devenait liquide, sa voix de l'eau s'écoulant à la recherche d'un chemin entre les carreaux de faïence ou les lattes du silence, la fenêtre un carré plus clair avec ce qui ressemblait à un arbre ou le halo d'un réverbère de la rue où l'ombre oblique d'un oiseau et une branche de vent, pas une branche d'arbre, tremblaient, le drap s'est agité du côté de ma mère également, plus fort que de son côté à lui
- Pas moyen que tu te tiennes un peu tranquille ma parole
dans une protestation fâchée et moi la sensation que l'univers n'existait qu'au-dessus de ma tête vu que sous ma tête toutes ces choses du monde inutiles, des vêtements vides sur le sol, une chaussette de mon père près de la commode
(l'autre disparaissait tout le temps)
la jupe de ma mère glissant de la chaise, une mule marron dont l'extré, des mouettes, mité était trouée, une pièce de monnaie contre la plinthe, une assiette de restes de nourriture qu'on aurait dits en plâtre, la branche d'un tipuana de la place qui traversait la vitre avec des envies de me toucher, que diraient mes parents s'ils voyaient où j'habite, s'ils voyaient l'albinos, ma mère
-Qu'est-ce que c'est que ça ?
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Évidemment la maison, pour autant qu'on puisse appeler maison une espèce de baraque, n'existe plus à coup sûr, tout au plus doit-il rester, ça c'est moi qui l'imagine, des tuiles brisées et des briques sur le sol, le petit potager remplacé par des roseaux et des épineux, le mur de pierres sèches à moitié écroulé et puis des agaves et la mer en contrebas, si étrange la nuit, juste une absence avec des lumières de bateaux au loin, suspendues à rien, et la certitude qu'il me suffisait de tendre la main pour les attraper, Domingas
- Il vaudrait mieux remettre les lumières à leur place avant que la soupe refroidisse
et je n'en revenais pas que mes doigts ressortent tout secs de l'eau, ma parole d'honneur que même si je suis partie depuis des années jamais je n'ai quitté les lieux où j'ai habité ou alors ce sont eux qui m'accompagnent pour toujours, j'entends le néflier, j'entends le sifflement de l'herbe, Domingas à moi
- Gare au vent mademoiselle gare au vent
et j'entendais, je voyais, de la même manière que j'entends le jusant d'une voix pleine de dents ramassant avec sa manche les roseaux et les algues jonchant la plage, elles ont tant de poches les vagues, parfois un crabe tordu dans le jardin, pas seulement malhabile, tordu, avançant l'un après l'autre les talons hauts malcommodes de ses pattes dans une lenteur monstrueuse de bestiole convaincue d'être grande alors que petite (...)
(Incipit)
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Et si pour comprendre les racines de la violence, on écoutait ceux qui traquent la violence et ceux qui s'y adonnent ? Quitte à plonger au coeur du mal…
« Mon nom est légion » d'Antonio Lobo Antunes, c'est à lire en poche chez Points.
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