Oui, j'ai osé ne pas mettre cinq, voire quatre ou trois étoiles à
L'homme qui mit fin à l'histoire. Ceci afin de rester en adéquation avec le reste de mes avis et notes. En même temps, à force de crier à la merveille, on a vite fait d'être déçus…
Bien entendu, cet ouvrage pourra trouver preneur, saura ravir certains lecteurs, en enchanter d'autres ; mais pour plusieurs raisons, ça n'a pas pris avec moi.
Je commence tout de même par les côtés positifs, puisqu'il y en a.
Tout d'abord, le principal intérêt du récit de
Ken Liu est de porter à notre connaissance l'existence et la nature des atrocités commises par l'Unité 731, sorte de cellule japonaise de scientifiques sans foi ni loi, testant diverses approches, méthodes, innovations, expériences scientifiques, chirurgicales sur des sur la population de la province chinoise du Mandchoukouo.
Une devoir de mémoire, un objectif d'information somme toute réussi.
Ensuite, sur la forme, l'aspect « documentaire tv » est intéressant et, sans être novateur, assez rare pour véhiculer une ambiance qui n'est pas désagréable. Enfin, les questionnements sur le droit international et les affrontements géo-politiques qu'entraînent la possibilité d'un voyage temporel sont intéressants car rarement envisagés ou traités dans l'ensemble de ses conséquences potentielles (on sent bien le doctorat en droit de
Ken Liu derrière). de même que le dilemme du scientifique obligé, faute de moyens techniques suffisants, de détruire l'objet de son étude pour en faire l'analyse.
Voilà pour les bons côtés. J'ai bien essayé d'être « bienveillant » et de chercher à faire ressortir le positif, mais l'euphorie des premières pages cède rapidement sa place à l'ennui et à l'agacement. Pour plusieurs raisons. La première d'entre elles est l'approche SF qui m'a laissé sur ma faim. Elle m'a semblé très superficielle et très peu poussée, simple prétexte au devoir de mémoire évoqué plus haut. Je m'attendais à quelque chose de plus complet, de plus détaillé, et, étant donné que l'auteur se sert de la SF pour véhiculer des informations documentaires, ou pour faire l'épistémologie de l'Histoire, le lecteur venant là pour la SF sera vite lassé.
Puis, j'ai trouvé le contenu un peu nian-nian sur certains points, notamment la relation entre les deux scientifiques, le coup du grand-père adorable et sadique, certaines répliques des gens de la rue (ceci dû au côté docu tv, certainement mis là pour en montre les travers, mais tout de même horripilant), le positionnement tout sauf scientifique d'Evan Wei, entre autres.
Enfin, la traduction / l'écriture / l'édition. Je n'avais jamais lu de
Ken Liu, je ne peux donc pas comparer le style de ce récit avec d'autres, mais j'ai trouvé ça lourd, rempli de phrases absconses ou tortueuses, saupoudrées de ponctuations erratiques, coquilles ou erreurs qui gâchent et hachent la lecture. Sur ce point, le Bélial me déçoit. Et cette maison d'édition me déçoit d'autant plus que ma commande est arrivée bien emballée (aucun problème du côté transporteur, donc) mais que les ouvrages, à l'intérieur, étaient défoncés aux coins et sur le dos, signe évident d'un je-m'en-foutisme à l'égard de son lectorat, de ses clients, de ses collections.
Bref, je n'ai pas vraiment apprécié cette lecture d'un récit estampillé « science-fiction ». le seul intérêt réel sera celui d'information. Mais on lui préférera un ouvrage documentaire, voire une encyclopédie participative...