"Le seul nom des îles australes réveille en moi le voyage, l'océan, les embruns, le froid qui mord les joues, l'infini… le rêve antarctique se dresse devant moi."
Quelques années après leur périple aux Kerguelen et à Crozet à bord du Marion Dufresne, les deux frères Lepage, le dessinateur et le photographe, repartent en Antarctique.
Cette fois-ci le projet est différent : il s'agit de prendre pied sur le continent blanc, et même de participer au Raid, ce convoi qui ravitaille la base Concordia à plusieurs centaines de kilomètres du littoral, au coeur même de l'Antarctique.
C'est tout l'intérêt du projet : être eux-mêmes acteurs, et non plus simplement observateurs, en conduisant un de ces énormes véhicules.
Après la lecture fascinante de
Voyage aux îles de la Désolation, j'ai été un tout petit peu déçue par
La lune est blanche je l'avoue : le côté "vroum-vroum yeah, je vais conduire un gros camion" n'était pas de nature à m'enthousiasmer outre mesure.
Reste que cet univers polaire, forcément, captive, et que ce raid est une incroyable aventure.
Le récit évoque les paysages (ici, fini le monde vivant, tout n'est que glace) et les personnalités des scientifiques et technicien·nes que les deux frères rencontrent.
Mais il analyse surtout les états d'âme d'Emmanuel Lepage, l'excitation du départ, la déception du retard et des multiples imprévus ("En Antarctique, pas de pronostic !"), et puis aussi la relation avec son frère François.
D'où cet album collaboratif dans lequel les dessins splendides d'Emmanuel font comme un écrin aux photos extraordinaires de François.
Challenge Bande dessinée 2024