Je lis rarement les "prix", à l'exception de ceux décernés par les lycéens, j'ai fait une exception pour celui-ci, parce que faut pas être bornée quand même ! le sujet m'attirait, il me rappelait une nouvelle de
Stephen King lue il y a une trentaine d'années : "Les
Langoliers" (dans le recueil "
Minuit 2"). Il y a effectivement quelques similitudes, notamment le fait qu'on suit une dizaine de personnages très différents les uns des autres, que l'histoire s'articule autour d'un décalage temporel vécu par les passagers d'un avion ou encore qu'un des passagers en question est un tueur.
Mais, j'allais dire hélas, les ressemblances s'arrêtent là. L'aspect fantastique est assez réduit, deux "experts" seront appelés à la rescousse pour expliquer comment un avion ayant décollé de Paris en mars 2021 atterrira en juin de la même année...pour la seconde fois, avec exactement les mêmes passagers à son bord, alors que ceux-ci auront poursuivi leur vie entre-temps. Il va falloir activer le Protocole 42 pour tenter de tirer la situation au clair. le Protocole 42, c'est celui qu'ont élaboré Adrian et Tina, deux jeunes génies scientifiques, 20 ans auparavant, un peu par jeu, pour répondre à toute situation totalement inédite et improbable. Ils ne s'attendaient pas à ce qu'on fasse un jour appel à eux pour le mettre en oeuvre, et c'est pourtant ce qui arrive lorsque cet avion surgit de nulle part
après avoir traversé de fortes turbulences.
Chacun des passagers que nous suivrons est raconté dans un style un peu différent suivant qu'il est tueur à gages, architecte, auteur sans grand succès, petite fille ou avocate, entre autres. le titre du roman, "
L'anomalie" est celui choisi par Victor Miesel (l'écrivain, vous vous en doutez !) pour son livre au succès fulgurant, publié
après son suicide...ou pas !
L'idée est intéressante, et l'écriture souvent agréable, il faut le reconnaître. Mais j'ai ressenti une certaine déception quand j'ai compris vers quoi on se dirigeait. Et certains personnages m'ont agacée, notamment l'écrivain Victor, Lucie, une cinéaste égoïste et prétentieuse, et son amant André, un architecte qui n'a aucune estime de lui et ne se sent pas digne d'elle.
J'ai davantage apprécié Slimboy, chanteur de rap Nigérian qui doit dissimuler ses véritables inclinations, ou David, dont le sort m'a ému, ou encore Sophia, une petite fille de huit ans qui a bien des soucis.
Ce qui m'a vraiment exaspéré, c'est l'explication donnée à l'événement, et la troisième partie, aucune vraisemblance, il y avait pourtant matière à tirer quelque chose de bien plus captivant de cette situation. Je trouve qu'il aurait mieux valu aller carrément dans le fantastique, au lieu de cette solution "bâtarde" un peu en queue de poisson. Certains penseront que je n'ai pas tout compris, je pense que si, mais que l'auteur s'en est tiré par une pirouette facile.
Je n'irai pas jusqu'à dire que je regrette le temps passé sur cette lecture, mais honnêtement je ne crois pas que je m'en souviendrai encore d'ici quelques mois.