Les véritables héros ne meurent jamais, et ceux de la saga "Saint Seiya" démarrée en 1986 sont plus vivants que jamais :
- 6 séries en manga et 8 séries en anime
- 6 films (donc le dernier en 3D sort dans les salles français en février 2015)
- 11 jeux vidéos officiels, des jeux de rôles et des jeux de bastons amateurs en veux-tu en voilà !
- des milliers et des milliers de fanfictions, de fanarts, de fanfilms réalisés aux quatre coins du monde
La série initiale a marqué une génération, et la formule marche bien avec les nouvelles générations. ^^
Masami Kurumada a eu une idée géniale : associer mythologie et astrologie à tous les ingrédients du nekketsu (qu'on associe bien souvent, et à juste titre, au genre shonen en France). Mais, je reste persuadé qu'il n'a jamais été à la hauteur de cette idée : il suffit de comparer les avatars de la saga qu'il a supervisé et ceux qu'il n'a pas supervisé pour voire que la différence de qualité saute aux yeux.
C'est typiquement années 80 avec une narration à la va comme je te pousse (Pavlik copyright ^^) et des transitions abruptes entre les scènes. Je me suis demandé plusieurs fois s'il ne manquait pas des pages ici ou là (j'ai même rouspété contre mon libraire de l'époque tellement j'étais persuadé qu'il manque 1 planche ou 2 … c'est vous dire ! ^^)
Les arcs suivent peu ou prou le même modèle : cette gourdasse de Saori Kido (mélange de déesse de la guerre et de bouddha rédempteur) saute à pied joint dans le piège du grand méchant du moment, et ses 5 chevaliers de bronze vont devoir successivement affronter en duel les membres de la garde rapprochée dudit méchant du moment. Seiya ouvre et clôture les combats, Shiryu se sacrifie et perd la vue avec un droit de quota de flashbacks, Hyoga doit combattre un être cher tout en pleurant sa défunte mère avec un droit de quota de flashbacks, Shun crie à la face du monde son amour de la paix et son dégoût de la violence, ce qui oblige son frère badass à rappliquer pour lui sauver les miches. Il meurt et ressuscite, ou il ressuscite puis il meurt (c'est selon en fait ^^).
Le manga peut vite devenir répétitif puisque qu'il utilise continuellement les mêmes trucs narratifs ou visuels avec une effrayante régularité (mais même cette répétitivité est devenue légendaire)… Genre les personnages dont les visages restent masqués par l'ombre du casque pour mieux révéler leurs identités ultérieurement, ou les dialogues du style :
- Quoi ? C'est impossible ! Un chevalier de bronze ne peut pas blablabla…
- Oui, mais une même attaque ne marche pas deux fois sur le même chevalier ! (et hop, on insère un monologue sur l'espoir et l'amitié… ^^)
Et question charadesign, c'est en permanence la guerre des clones au vu de la palette très réduite de visages et d'expression développée par le mangaka :
- le bagarreur aux cheveux courts (en version good guy ou en version bad guy)
- le bagarreur aux cheveux longs (souvent beau gosse, d'où sa ressemblance avec les personnages féminin qui a souvent trompé les comédiens de doublage français)
- le gros balaise et musclé
- le petit laid voire hideux
- le maigre fourbe et vicieux
Quand les personnages le rentre pas dans un de ces moules, ils correspondent à un mélange des modèles présentés ci-dessus.
Les personnages féminins ? Ils n'ont même pas droit à un peu de variété et sont tous des variations du même modèle initial.
Au final les dessins sont désuets voire datés, et c'est peut-être encore pire au niveau des trames utilisées. Ils l'étaient dès les années 1980 car ils lorgnent beaucoup sinon largement sur ceux de Go Nagai dont l'apogée de la carrière se situe dans la première moitié des années 1970 (on peut aussi noter une similitude dans le charadesign masculin avec les toutes premières créations de Buichi Terasawa : c'était vraiment un style seventies). Il lui emprunte vraiment pas mal de trucs : le dynamisme et l'efficacité de la mise en scène certes, ainsi que quelques répliques ou punchlines à l'occasion, mais aussi plusieurs thématiques comme un trope pour l'Antiquité grecque, un trope pour le mélange entre nekketsu et culture mecha, un trope pour l'horreur et le gore, qui pointe régulièrement le bout de son nez dans les oeuvres de l'auteur avec quelques planches bien violentes sinon bien sanguinolentes…
C'est d'autant plus dommage que les décors sont souvent très détaillés et très réussis, pour ne pas dire magnifiques (dès le tome 1 on peut ainsi noter une superbe reprise de "La Bataille d'Alexandre" d'Albrecht Altdorfer, un très bel amphithéâtre en ruine au sanctuaire, et quelques planches du plus bel effet consacrées aux créatures mythologiques). Une telle inégalité des graphismes est vraiment frustrante, on sent bien la différence entre le manga correct et le manga d'exception… Nous étions alors à l'époque de gestation du genre shonen…
Commençons par le commencement avec ce tome 1 :
Le mangaka introduit son univers par les yeux de deux touristes japonais rassurés par un vieux pope grec quant aux mystères du Sanctuaire. Seiya, en concurrence avec le cruel Cassios pour l'obtention de l'armure de Pégase, est pris en tenaille entre les entraînements infernaux de la chevalière Marine, et la haine que lui porte Shaïna, la chevalière qui enseigne à son rival. Et la victoire de Seiya n'arrange pas les choses, bien au contraire, lui qui n'a de cesse de rentrer au Japon pour retrouver sa soeur Seika dont il a été séparé. Cette séquence est un peu pédagogique, et nous explique tout ce qu'il y a à savoir sur les chevaliers d'Athéna…
Ensuite, en bon connaisseur des manga de boxe et de catch (il est l'auteur de 1977 à 1983 du manga "Ring ni kakero"),
Masami Kurumada commence son histoire par un récit de tournois, les Galaxian Wars organisées par la Fondation Graad : dix chevaliers de bronze doivent lutter pour remporter l'armure d'or du Sagittaire (signe Zodiacal de l'auteur). Et on nous présente par le menu leurs capacités extraordinaires pour faire du teasing. C'était les années 1980, avant qu'
Akira Toriyama ne popularise le procédé avec les d'artistes martiaux de "Dragon Ball"… ^^
Seiya est ainsi le 8e chevalier arrivé au Japon, mais se tamponne le coquillard des Galaxian Wars, lui qui ne souhaite que retrouver sa soeur. Logiquement il pète un câble en apprenant que Seika a disparu depuis son départ pour la Grèce, mais Saori Kido lui promet de mettre à sa disposition tous les moyens de la Fondation Graad pour la retrouver s'il participe au tournois et le remporte.
Après un passage sur Jabu de la Licorne et son droit de quota de flashback, le tournoi début sur le combat entre Seiya et le puissant et terrible Geki de l'Ours… mdr
Oui cela a mal vieillit, mais j'ai passé tellement de bons moments avec cette saga que je pourrais par la renier… Car c'est un shonen classique qui est entré dans la légende grâce à son adaptation en anime très fidèle et magnifiée par deux génies :
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Shingo Araki, l'un des meilleurs charadesigner de l'histoire de l'animation japonaise
- Seiji Yokoyama, l'un des meilleurs compositeurs de l'histoire de l'animation japonaise
PS : j'ai lu ce manga en version normal et en version deluxe… Mais est-ce qu'un manga aussi basique et daté graphiquement méritait une version de luxe ?