Simon Johannin est bien jeune, son grand corps semblait ne pas tenir sur sa chaise, ce soir de la Grande Librairie, sur France 5, où il présentait son livre. Et c'est ce que sa prose fait, elle déborde de partout, elle ne se tient pas comme il faut, elle fuse, glisse, trébuche ici ou là mais sans omettre de filer vers la phrase suivante. Si l'on attend d'elle qu'elle respecte à la lettre les promesses de romance de son titre,
Ici commence un amour (chez Allia), on se trompe et on en sera déboussolé ! Il est bien question d'amour naissant, mais surtout d'une errance de l'auteur, Théo, qui porte un nom de dieu ("Dieu, quel cloaque", proclame la quatrième de couverture, une phrase qui apparaît au beau milieu de sa brillante logorrhée), dans les boîtes
De Marseille, les bars de Paris, avec les drogues qui circulent... Nom de nom ! C'est de l'autofiction à la
Guillaume Dustan, sans frein, belle, si belle, parfois, qu'elle frise le lyrisme, et je m'en réjouis ! Car le style de Monsieur Johannin est bel et bien ce qui réussit à nous tenir, nous lectrices et lecteurs, hors d'haleine. On en apprend peu à peu sur son amour, mais la vérité de ce roman n'est pas dans la narration, éclatée, mais dans ce style flambant, risqué, sur un fil, superbe.
En un mot, je suis enthousiaste ! Je me suis mis en vacances de ma recherche de narration, je me suis laissé aller aux effets de la prose sur mon corps. Nos désirs n'ont pas d'âge, je me suis cru aussi jeune et vif que Théo, j'ai emprunté son corps par lequel passe l'écriture, le style.
Il y a bien quelques accidents, des moments plus faibles, mais la lecture de
Ici commence un amour est tout de même incroyable, intense, poétique (si j'ose), pleine de surprises et de flèches qui vous percent de toutes parts.