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EAN : 9782702190562
200 pages
Calmann-Lévy (03/01/2024)
3.62/5   45 notes
Résumé :
« Igarka était peuplée de braves gens pour la plupart, occupés par leur bétail, par la culture des mêmes légumes, par l’orge surtout, le long de champs immenses qui donnaient l’impression, l’été, que le village ondulait sous des collines blondes. »

Igarka est un endroit mystérieux. Les habitants s’y endorment dès que le froid devient trop intense. Ils y mènent une vie âpre, rude. Tellement isolée que les heures semblent s’écouler plus lentement qu’ai... >Voir plus
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Il ne faudra pas se poser la question du temps et de l'espace, et accepter de découvrir cette étrange façon de vivre d'une communauté qui, à l'instar des animaux, plonge dans un sommeil quasi permanent à la saison froide. A l'exception des gardiens, qui maintiennent leur vigilance en absorbant des breuvages dont le secret est bien gardé. Sören est volontaire cette année-là, pour protéger le sommeil de sa compagne et de son tout jeune fils. La découverte du cadavre d'un vieil homme assassiné déclenche un enquête complexe…

Roman d'ambiance qui nous plonge dans une atmosphère assez sordide, où les hommes et les femmes s'épuisent à la tâche dans un décor chaotique. le meurtre est un épiphénomène qui donne un peu de relief au récit et nous sort de la torpeur contagieuse de ce peuple endormi.

Le texte est l'occasion de quelques réflexions sur la paternité et la transmission. L'écriture m'a cependant laissée à distance, en raison de formules sibyllines et d'un emploi inapproprié du subjonctif à plusieurs reprises.

200 pages Calmann Lévy 3 janvier 2024
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Un livre tout à la fois doux, poétique et violent ! A Igarka la population s'endort pour un très long sommeil quand le grand froid s'installe. Les troupeaux et les enfants sont mis à l'abri dans une sorte de monastère, le Temple, où des hommes et des femmes prennent soin d'eux en avalant des potions.

Quelques jours avant le profond sommeil un ancien gardien est retrouvé assassiné et Sören qui vient d'être père a l'impression d'être surveillé, sa maison visitée et sa famille en danger. Il décide rester éveillé pour surprendre l'assassin, comprendre pourquoi il s'en est pris à un vieillard et s'assurer que son fils et sa femme ne sont pas en danger !

Ses moments de veille solitaire lui font prendre conscience de l'importance de l'amour qu'il porte à sa femme et à son enfant, l'importance de la vie et de ce qu'un père doit faire pour les protéger du danger, jusqu'à l'emmener aux portes de ce qui fut l'enfer pour d'autres quand ils étaient enfants !

Un beau premier roman qui se lit paisiblement, même quand les comportements sont révoltants, en dehors du temps et de l'espace sur un territoire isolé qui vit au rythme des saisons.

#LeGardiensanssommeil #NetGalleyFrance

Challenge Multi-Défis 2024
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Igarka est un endroit mystérieux. On ne sait rien de l'époque, ni du lieu, sinon qu'il n'y a aucune trace de modernité et que le feu est obtenu en percutant des silex.

Le récit commence en automne dans la maison de Sören et Anna qui vont avoir leur premier enfant. le froid devient intense et ils vérifient les provisions avant de s'endormir pendant tout l'hiver. Et oui, Guillaume Huon a eu l'idée étonnante d'imaginer une période de pause hivernale dans le métabolisme des habitants de cette vallée isolée à la nature généreuse à la belle saison. Ils accumulent des kilos de céréales, de la viande séchée, des fruits confits dans le sirop, des récipients d'eau qu'ils consommeront dans des phases de semi-sommeil où ils se lèveront seulement pour s'alimenter de temps en temps…

La vie sociale à Igarka est très organisée. En plus d'être éleveur de moutons, Sören a une charge de sergent. A ce titre, il recueille les demandes des habitants de la vallée et communique avec ceux Du Temple vivant à l'écart du village dans de toutes autres conditions puisqu'ils consomment le rigichor, un breuvage permettant de rester actif tout l'hiver (pas de sommeil pour eux), chacun ayant une fonction particulière (Révèrent, Veilleur, Nourrice…). C'est au Temple que les bébés nés au printemps sont laissés pour passer l'hiver suivant alors que leurs parents dorment plusieurs mois se suite.

Une fois le cadre posé, permettant des possibilités inouïes, surtout sous la plume pleine de poésie et de douceur de cet auteur, une intrigue policière se met en place. C'est le printemps et le sergent Sören est réveillé brutalement par des coups à la porte. Dans ce village d'ordinaire paisible, le corps du vieux Matteus vient d'être découvert. Sören va sur place et suspecte un assassinat. Alors qu'il mène l'enquête, il sent une menace peser sur lui et sa famille. Craignant d'être assassiné pendant l'hiver quand il sera profondément endormi, il décide de rester éveillé – il a découvert du rigichor chez le vieux Matteus – pour se protéger ainsi que Anna. Il place leur enfant en nourrice au Temple et commence une interminable veille, jour et nuit.

Cette fable lancinante est introduite par une citation de Laurent Gaudé plaçant le thème du sommeil au centre : « Je sais que tout cela est vrai. Je viens de là. Il n'y a pas de peur autre que celle-là en moi. Tant que je ne dors pas, je ne redoute rien. » 

C'est une parabole formidable sur la vie, sur l'angoisse et la peur pouvant s'inviter pendant ce temps énorme de la vie passé à dormir, sur le grand sommeil de la mort aussi. C'est une belle fable sur l'amour, la paternité et la nature. J'ai adoré ces pages merveilleuses de la découverte de la neige par Sören lors de ce premier hiver (période qu'il n'a pas vécue avant de consommer le rigichor), j'ai ressenti l'émotion de Sören lors des retrouvailles avec son fils Bo au Temple, j'ai aimé les pistes de réflexion sur la gouvernance et sur la paix de la cité : « ...équilibre entre ce qui nous manque et ce qui nous reste. Entre le savoir et l'ignorance. »

Guillaume Huon prend le temps de la contemplation et livre des pages bouleversantes sur la la nature, notre rapport au vivant et « aux heures indistinctes que l'on ne mesurait pas. », rappelant dans une mise en scène puissante, la condition animale de l'homme. Scénario, style, construction, tout raisonne avec notre époque qui s'interroge sur son passé et son avenir. Les habitants de la vallée doivent hiberner comme les ours (au final pourquoi pas puisque ce sont des mammifères très proches de l'homme). Il pose la question de la part de hasard dans le processus de l'évolution ?

J'ai reçu ce roman comme une petite merveille, un récit d'adulte écrit avec des yeux d'enfant, tourné entièrement vers la vie, sa beauté, son mystère. « Il le rassurerait, et lui jurerait que tout allait bien se passer, maintenant. Il comprenait que les serments rassurants étaient le seul pacte que l'on pouvait présenter à la vie : Ne me retire pas cet amour paisible, je t'en prie. Permets-moi de le connaître encore. » Ce cantique là me parle, il donne confiance pour avancer. L'Art n'a-t-il pas eu toujours cette fonction depuis les cavernes (et aussi l'art sacré, l'art moderne quand il n'est pas purement décoratif ou marchand, avancer dans la vie contre les forces obscures du néant?)

Le gardien de sommeil. Quel titre ! le roman nous parle d'un sujet plus souvent évoqué du point de vue médical ou psychanalytique. Mais que faire au niveau fiction d'une période seulement animée par les rêves et les cauchemars ? Guillaume Huon à travers son idée d'hibernation humaine et son opposé de veille permanente – sous l'effet du breuvage – observe la condition humaine faite d'une alternance d'ombre et de lumière. On retrouve ici le sentiment à la fois exaltant et angoissant d'un lever en pleine nuit, quand tout dort aux alentours. On observe par la fenêtre, un bruit survient… une ombre dans la rue... une traînée de lumière… un croissant de lune... L'imagination galope, d'autres mondes apparaissent !

Guillaume Huon vit en Normandie. Ancien professeur de français, latin et grec, il se consacre aujourd'hui à l'écriture. J'ai eu le plaisir de découvrir ce premier roman, le Gardien sans sommeil, dans le cadre des sélections pour le prix Orange du livre 2024. C'est un livre singulier que je vous conseille. Je ne l'ai pas lâché quand je l'ai reçu et même relu en grande partie pour rédiger cette chronique (il est très court mais d'une grande intensité...). Il m'a encore surpris par l'imagination et la poésie déployées. Je suis impatient de lire à nouveau cet auteur au pouvoir de création impressionnant.
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Vous pouvez retrouver cette chronique et bien d'autres sur la page Facebook ou sur le blog Clesbibliofeel avec diverses illustrations... Lien direct ci-dessous :
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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Un premier roman singulier à la fois doux et saisissant qui invente un genre nouveau : le thriller poétique.

Dès les premiers mots, j'ai su que j'allais adorer, la plume est magnifique, une écriture toute en finesse qui nous transporte dans un récit contemplatif et intense.

Guillaume Huon nous livre dans ce roman à l'allure d'un conte rural, un regard bouleversant sur la paternité et notre rapport à la nature.

A Igarka, un mystérieux village isolé entouré de collines, tout le monde dort pendant la saison de grands froids. le peuple y vit au rythme lent des saisons, une vie de choses simples mais rude. Dans les champs immenses, ils récoltent sans relâche pour leur longue hibernation. Seuls les Veilleurs et les nourrices restent éveillés grâce à un étrange breuvage pour garder les animaux et les enfants au Temple. Quand le sergent Sören devient père et qu'un meurtrier se cache au village, il décide de ne pas s'endormir pour un très long hiver...

Le rythme est assez lent sans jamais être vide de sens. On accompagne Sören dans différentes saisons, dans sa vie bouleversée par l'arrivée de son enfant, son émerveillement, ses craintes, jusque dans sa solitude d'un hiver incroyablement long sans sommeil.

Malgré que le récit soit à la troisième personne, on ressent vraiment toute la personnalité attachante de Sören, un homme tellement bienveillant et prévenant envers sa femme. Qui a beaucoup d'inquiétudes mais un courage sans faille.

L'univers est décrit à la perfection, comme si le paysage était peint avec des mots, jusqu'à nous faire ressentir le froid et entendre les pas dans la neige, le feu crépiter... Il arrive à nous plonger dans un endroit à la fois onirique et sombre, presque dystopique, dont on ne sait pas situer dans le temps, tout en décrivant les émotions et la psychologie humaine avec un incroyable réalisme.

Au delà de ce qu'on pourrait croire dans le résumé, ce n'est pas un roman policier, et l'intrigue du meurtre n'est pas le coeur même du récit, ce qui est raconté ici est le dévouement d'un homme pour protéger sa femme et son bébé. On oscille ainsi entre émerveillement et inquiétude.

C'est une de ces lectures où tu prends plaisir à parcourir la moindre phrase, le moindre mot comme autant de friandises à déguster. J'avais envie de relever tellement de phrases, mais finalement tout est tellement bien écrit que le roman est une citation à lui tout seul.

Un auteur doué à suivre assurément !

Je remercie les éditions Calmann-Lévy et Babelio pour avoir fait cette belle découverte grâce à l'opération masse critique.
Lien : https://afleurdemotsfrance.c..
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Le gardien sans sommeilGuillaume Huon

Les habitants d'Itarka, mystérieux village rural d'une contrée neigeuse ont pour coutume de s'endormir, pour plusieurs mois, dès que le froid devient glacial . Avant d'entrer dans cet état d'hibernation, ils confient leurs animaux et leurs jeunes enfants au temple : confrérie de volontaires hommes et femmes vêtus de bleu : les Veilleurs, qui grâce au « rigichor » un breuvage qui a pour effet d'éviter la léthargie, choisissent de rester en éveil pour assurer le service et le salut de la communauté.
Sören, le sergent du village, endormi près d' Anna, son épouse enceinte de leur premier enfant, est brusquement réveillé par un des veilleurs, venu lui annoncer que le vieux Matteus vient d'être assassiné............

Ainsi présenté, le roman peut donner l'impression d'un roman policier . Il est bien d'avantage …...
Outre le fait qu'il présente les différents acteurs de la petite collectivité d'un village, il plonge son lecteur dans un univers enneigé, cotonneux, où les formes s'estompent et où règne le silence, cadre à la fois enchanteur et menaçant. Guillaume Huon procède par petites touches, un peu à la manière d'un peintre impressionniste qui capte les modulations de la lumière.
Ce roman d'atmosphère est aussi un roman intimiste. le lecteur y partage les bonheurs, mais aussi les craintes du couple Sören-Anna qui attend un enfant, puis qui doit le temps d'un hiver, s'en séparer pour le confier aux soins des veilleurs. Il constitue une réflexion tout en douceur sur la paternité qui se conclut par les belles pages chargées d'émotion d'un père à l'adresse de son enfant dans son berceau .

Un roman émouvant, à l'écriture fluide et poétique, dont l'histoire poursuit en nous ses vibrations une fois le livre terminé .
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
L’hiver lui fit l’effet de ces monstres d‘histoires, qui rôdaient et guettaient la moindre brèche. Sören ne pensait plus que de telles créatures soient réservées aux contes. Il devinait qu’elles savaient se déguiser en hommes. Et sous d’épaisses couvertures, enfermé du mieux qu’il avait pu, il se demandait si une faille lui avait échappé.
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Le breuvage qui tenait éveillé. Sören en connaissait à peu près autant que n’importe qui à ce sujet. Tout le monde savait pour les yeux rouges des Veilleurs. Une décoction de racines et de sève toxiques, au dosage précis. En boire supprimait presque le sommeil, et permettait de retourner à l’état physique de l’enfance où l’on voyait défiler les saisons. Cela rendait stérile, et finissait par vous épuiser, aussi. Mais l’existence de chaque village reposait sur ce sacrifice. 
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Il n'avait plus rien dit ensuite , il était resté là à faire des nœuds avec ses doigts froissés, jusqu'à ce qu'on le raccompagne.
( p 100 )
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Tout au fond, on frappait. Des assauts si indistincts qu'ils ne venaient pas seulement de loin, mais de longtemps. Les coups s'avançaient à sa recherche, ils avaient une bouche et répétaient la même chose, un mot qui était une alerte, une exigence - mais il ne parvenait pas à l'identifier. C'était un langage inconnu, ou bien on lui avait ôté la capacité de comprendre. Il avait un corps lui aussi désormais, il était dans la même réalité que ce bruit, ce cri de plus en plus élevé tandis que son corps devenait lourd. Le martèlement battait tout autour. Il crut d'abord qu'il était un cercle, mais une autre pensée se solidifia. Il était le centre. La cible. Le son le désignait, lui.
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Je te coucherai dans le lit où tu es né, près d'elle. Tu t'impatienteras sûrement, mais je ne pourrai pas te reprendre à ses bras, elle te gardera pour épuiser le manque, la crainte, et même tes larmes lui seront précieuses. Anna les éteindra bien mieux que moi.
Mais pleure, Bo, si tu veux - tu as tout bu, mon bébé, c'est fini -, je te bercerai, je marcherai de long en large autant que ce sera nécessaire. Je n'ai plus de fatigue. J'ai tout le temps de te parler. Tout le premier hiver du monde.
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Videos de Guillaume Huon (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guillaume Huon
Guillaume Huon nous présente son premier roman "Le Gardien sans sommeil". Un livre à l'ambiance unique, brillant de beauté et d'une grande originalité. A découvrir sans hésiter. Plus d'infos : https://bit.ly/3SJo5wP
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