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La Clé de Verre, c'est encore du très bon Dashiell Hammett ; c'est encore l'Amérique de la Prohibition comme si vous y étiez ; c'est encore un tempo à vous couper le souffle si l'on considère que l'oeuvre fut écrite en 1931, soit il y a bientôt quatre-vingt-cinq ans.

Vous en connaissez beaucoup, vous, des livres écrits il y a autant de temps et dont le rythme arrive encore à vous tenir en haleine, vous qui êtes désormais habitués à des romans qui vont à deux cents à l'heure avec des intrigues à échafaudages multiples (un peu comme le Centre Pompidou mais en plus beau).

Cette fois-ci, Dashiell Hammett nous convie auprès des gros bonnets de la politique dans une ville d'importance moyenne qu'il nous laisse le soin d'imaginer et qui s'inspire probablement de plusieurs villes réelles compilées. Cette écriture est contemporaine de la prohibition, bien sûr, mais aussi du tout début de la Grande Dépression des années 1930 suite au fameux crack boursier de 1929.

Cette ville est largement corrompue et gangrenée par les cartels de bootleggers qui se partagent la ville et qui essaient de se dévorer les uns les autres. Paul Madvig est un politique important de la ville (on ne sait pas au juste quelle fonction il occupe, mais très certainement proche de celle d'un maire) doublé d'un tenancier de speakeasy, ces lieux prohibés où l'on servait de l'alcool de contrebande et où l'on se faisait de l'or (lorsqu'on était le gérant, bien sûr, les consommateurs, eux, y perdaient plutôt).

L'auteur a choisi pour nous servir de narrateur Ned Beaumont, l'homme de main, le conseiller politique et le bras droit de Madvig. Ce n'est pas un détective privé mais il en a plus ou moins toutes les caractéristiques : il voit tout légèrement avant tout le monde et n'a pas froid aux yeux. C'est un atout indispensable dans la manche du politique. Par contre, c'est un joueur invétéré et qui ne refuse jamais de s'envoyer un verre ou deux derrière la cravate.

La ville est sur des charbons ardents puisque la période des élections arrive au grand galop et que tout le monde cherche à placer ses pions, soit pour conserver ses positions, soit pour en gagner de nouvelles. C'est le cas, par exemple, de Shad O'Rory, principal opposant à Paul Madvig dans le contrôle de la vente illicite d'alcool. le moment est donc mal choisi pour un scandale susceptible de faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre.

C'est précisément ce qui se passe lorsque le fils d'un sénateur très proche de Madvig est retrouvé mort à deux pas du logement de ce dernier, lui qui est candidat à sa propre succession. C'est d'ailleurs Beaumont qui découvre le corps sans vie de Taylor Henry un soir où il se rend chez son patron.

Cette enquête s'avèrera, comme vous pouvez vous en douter, un véritable sac de noeuds. On y apprendra que le jeune Henry avait une liaison secrète avec la fille de Madvig et que Madvig est, quant à lui, raide dingue de la fille du sénateur, soeur donc de l'homme retrouvé mort auprès de son domicile.

Quelle part les affaires sentimentales tiennent-elles dans cette affaire ? Ne comptez pas sur moi pour vous le révéler. Et que dire de la place tenue par le monde des affaires et de la politique dans cet imbroglio ? Vous n'en saurez pas davantage, à moins que vous ne décidiez de mener vous-même l'enquête.

En somme, un très bon roman noir, qui mêle habilement la politique, le business, les histoires sentimentales et le parfum de l'air du temps aux États-Unis au tournant des années 1920-1930. Je lui reproche simplement, après un début et un milieu que je trouve excellents, un petit fléchissement aux alentours des deux tiers ou trois quarts de l'ouvrage, où l'on sent l'intensité chuter un peu, d'où mes quatre étoiles et non cinq. Mais l'ensemble demeure très agréable, plus encore que le Faucon Maltais, selon moi.

Ceci dit, ce n'est là qu'un avis très fragile, qui casse comme du verre, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Des mains aux jeux, des jeux de main… de vilains jeux, des jeux de vilain !

Allez-y ! Lancez ces dés rouge au craps, touchez ces billets froissés de 10 dollars au poker, cachez ces cartes de belote…

Si on s'en tient à la couverture de « La clé de verre » dont la traduction intégrale date de 2009 seulement, les jeux de table doivent avoir une place prépondérante dans le roman. A moins que l'auteur américain Dashiell Hammet nous propose plutôt un jeu de dupe…

Dans une ville de l'est des Etats-unis, l'élection du futur maire de la ville approche et Paul Mavig, politicien tirant les ficelles de la ville, soutient le sénateur Ralf Henry pour le poste tant convoité et préserver ainsi son territoire. Malheureusement, un soir, le fils du sénateur reste sur le ♦ dans une rue peu fréquentée de la ville.

Et coïncidence très surprenante, tombant à ♠ ce soir là, c'est le bras droit de Mavig, Ned Beaumont, qui découvre le fils sans vie du sénateur. Ned est le meilleur ami du politicien, affublant systématiquement la mère de Mavig d'un déconcertant « m'man » à chacune de leur rencontre.

Alors ! Qui l'a tué ? Comment l'a-t-on tué ? Pourquoi l'a-t-on tué ?

Ned Beaumont, officiellement chargé d'enquêter suite à un claquement de doigt de Mavig, se lance dans une très tumultueuse et dangereuse recherche du coupable du meurtre semée d'embuches. Autant dénicher un ♣ à quatre feuilles en pleine ville goudronnée…

Après avoir lu dernièrement des romans (« le dernier lapon » et « Etranges rivages ») où l'auteur ajoutait son grain de sel systématiquement pour décrire la psychologie de leurs personnages,

Dashiell Hammet joue au contraire la carte de la transparence.
Ainsi, toute découverture du récit passe uniquement par l'intermédiaire de Ned Beaumont à travers ses dialogues, ses gestes, son attitude.

Pour connaitre et appréhender chacun des personnages du livre (et ils sont nombreux), il faudra les rencontrer un à un en suivant Ned Beaumont du matin jusqu'au bout de la nuit, des oeufs brouillés du petit déjeuner au dernier verre d'alcool à trois heures du matin. Oui, oui, Ned a toujours la main sur le ♥ pour offrir un verre, même à son pire ennemi…

Pour conclure, ce roman mélange aisément intrigue policière, joutes politiques, castagnes à volonté, histoires d'amour alambiquées et trahisons en tous genres. Une fois la première partie assimilée pour connaitre l'ensemble des personnages, la lecture s'avère très plaisante dans un style très caractéristique et particulièrement bien écrit même si les ficelles de l'intrigue étaient un peu grosses sur la fin.

Sans le considérer comme un chef d'oeuvre comme tente de le vendre l'éditeur, j'espère que vous avez désormais toutes les cartes en main pour vous faire votre opinion sur ce roman de référence.

A découvrir plus pour le style que pour l'histoire proprement dite…


PS : Note de 4 - pour être précis
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Poker, craps, crabs and QBQ (question behind the question)
- KéCçà ?
- le titre de cette critique sur ce polar noir.
- ??? (il écarquille des yeux ronds marquant une totale incompréhension)
- Ah tu ne comprends pas l'anglais, dangereux ça. Dans les années trente en une ville moyenne de la côte Est : Baltimore ? Philadelphia ? New Haven ? tu n'aurais eu aucune chance. Alors comme un bon éditeur je te donne un titre en français
Descartes et QBQ (qui baise qui)
Je sais c'est un peu mauvaise langue car pour une fois le titre est exactement traduit.

Du beau linge mais pas que ; dans ce policier à l'ancienne nous suivons pas à pas les tribulations de Ned Beaumont qui le mènent des milieux de la politique, de la justice et de la police aux tripots et aux bas-fonds. de bonnes chaussures sont nécessaires pour arriver à suivre cette pointure, joueur professionnel, bras droit et conseiller d'un politicien en vue, bourreau des coeurs à ses heures, toujours prêt à se lancer dans un coup tordu quitte à se battre et en prendre plein la gueule et puis quelle descente !
- Ah, il est d'origine belge ton héro ?
- Euh, comprends pas.
- Il est particulièrement burné, non ?
- ???
- Beaumont dans les Ardennes
- Où tu vas là ! Il y a pas d'humour dans ce bouquin, pas de surréalisme, toujours entre gueule de bois et gueule enfarinée, toujours sur le fil du rasoir. Pas de jovialité, c'est dur, tout se paie cash. Capito ?

Bref, Ned Beaumont c'est un stratège d'une logique implacable qui cache bien son jeu et est drôlement fortiche au qui baise qui. Résultat, il se retrouve plus qu'à son tour dans de sales draps à force de fricoter entre le beau monde et les bas fonds. Dans cette ville de "province" près de New York, le territoire a été partagé par le milieu, luttes d'influence entre deux clans rivaux. Tous les coups sont permis. le linge sale se lave en famille ; c'est bien connu. Et le Ned l'on sent bien qu'il va faire une grande lessive, ... du moins s'il parvient à survivre. le QBQ, c'est psychologiquement dur au point que certains joueurs cherchent à quitter la partie en se suicidant.
- Bluffant tout simplement !
- Normal pour un joueur professionnel. Donc, tu as aimé.
- Absolument ! L'ambiance, le suspens et surtout...
- Les dialogues, évidemment.
- Magnifiquement bien emballé
- EmballéE^^
- Et puis cela avait beau être l'Amérique de la prohibition, futé comme il est le Ned buvait sans modération.
- Tttte , ttte, ttte c'est le roman qu'il faut déguster sans modération, enfin... si l'on est futé.

Une construction simple, maîtrisée, efficace, un policier à l'ancienne qui fait penser immanquablement à ces films en noir et blanc et leurs gros plans sur les regards : un modèle du genre.
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Un autre roman noir de lu, un de plus... Cette addiction est sévère et mon médecin m'en a prescrit beaucoup pour le bien de ma santé mentale. En "traduction intégrale", pour bien faire, ce que je fis avec ce roman nouvellement traduit correctement !

Dashiell Hammett, je le connaissais de par "Moisson Rouge", alors je me suis lancée sur cet autre roman noir qui se passe dans le milieu politique et ses quelques magouilles...

Qui a tué le fils du sénateur Henry ? Nul ne le sait, pas même Ned Beaumont qui l'a trouvé gisant raide mort dans une ruelle sombre.

Pourtant, tous les regards se tournent vers Paul Madvig, le politicien qui tire les ficelles de la ville et principal soutien du sénateur dont il doit épouser la fille Janet.

Ned, bras droit (et gauche) de Madvig n'y crois pas trop et il décide d'enquêter à sa manière, qui est loin d'être très catholique...

Oubliez les enquêteurs classiques et traditionnels, munis d'une loupe et de petites cellules grises. Nous sommes dans un roman noir et l'enquêteur est aussi véreux que son politicien d'employeur.

L'atmosphère de cette Amérique des années 30 est sombre, remplie de magouilles, de guerre des gangs pour avoir la main mise sur la ville. On patauge dans les jeux politiques, toujours ambigus, on nage dans la corruption, on côtoie les gangsters, on s'amuse dans les tripots avec des jeux de hasard... On boit de l'alcool et on se prend quelques coups dans la tronche.

L'auteur ne nous épargne rien dans son récit : si Ned boit un verre ou dévore une omelette au bacon, on le saura. Idem s'il mâchouille un cigare.

Les protagonistes, nombreux, seront découverts au fur et à mesure, lorsqu'on suivra l'enquête de Ned Beaumont. Ils sont tous sombres et il n'y en pas un pour relever l'autre.

Nous sommes dans une sorte d'intrigue policière mâtinées de joutes politiques pour le pouvoir, où tous les coups, surtout les bas, sont permis. Niveau castagne, ça bastonne à fond, le tout sur fond d'histoires d'amour compliquées et de trahisons en tous genres.

Une écriture au cordeau, sans fioritures, brute de décoffrage et pour la première fois dans sa traduction intégrale. Avec un final assez "étrange", mais inattendu.

Pour ma part, j'ai préféré "Moisson Rouge"... mais ceci n'est que mon avis. En tout cas, si vous voulez découvrir le fameux "hard boiled", ce livre en fait partie.

Moi, je compte bien découvrir aussi "Le faucon Maltais" du même auteur.

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Dashiell et ton univers impitoyable : Prohibition, corruption, gangstérisme, jeux d'argent, violence, manipulation, trahison, amour et amitié… La « la clé de verre » c'est tout ça et plus encore : un style recherché, une structure complexe et aboutie, de la psychanalyse, un texte ouvert à l'interprétation du lecteur et un roman passionnant. Publié en France dans une édition tronquée et une traduction barbare, ce livre a en fait assez de tripes pour donner matière à des études critiques poussées. Et oui, derrière le roman de gare se cachait en fait un petit bijou de la littérature.

Dans une grande ville des États-Unis qui n'est jamais nommée, le sénateur Henry est en pleine campagne pour obtenir sa réélection à la tête de la mairie. Alors que l'échéance approche, son fils Taylor Henry est assassiné en pleine rue. Un malfrat à qui le jeune Taylor avait emprunté de l'argent et qui a quitté précipitamment la ville le lendemain du drame est d'abord suspecté. Les soupçons vont ensuite se porter sur Paul Madvig, ce qui est très fâcheux car cet homme d'influence, qui tire les ficelles dans les milieux politiques, économiques et criminels de la ville, s'est engagé aux côtés du sénateur Henry. Paul Madvig doit aussi faire face à un début de conflit avec un gang rival. Mais heureusement ; il peut compter sur l'aide de son ami Ned Beaumont, joueur invétéré, qui grâce à ses coups tordus et ses coups de génie va l'aider à se dépêtrer dans cette fange.

Le cadavre du fils d'un notable retrouvé de nuit dans un caniveau… Serions nous dans un « Whodunit », un roman policier à énigme où il s'agit de démasquer un coupable ? Non, Hammett nous a confectionné un roman 100% « hardboiled ». Si Ned Beaumont part à la recherche du premier suspect et cherche à lui « faire porter le chapeau », ce n'est que dans le but de le contraindre à lui rembourser les gains d'un pari hippique. le pragmatisme importe plus que la vérité.

Ned Beaumont n'est pas détective privé à la différence des personnages principaux des trois premiers romans de Hammett (le « Continental op. » et Sam Spade). Il se définit lui-même comme « un joueur professionnel et un parasite accroché aux basques d'un homme politique ». Rien n'est dévoilé de son passé si ce n'est qu'il vient de New York et que Paul Madvig lui a sauvé la mise à un moment compliqué de sa vie, il y a plus d'un an. Les deux hommes sont très proches. Ned Beaumont assume de manière informelle la fonction de conseiller et de bras droit de Paul. S'il utilise parfois la violence pour arriver à ses fins, il est tout à la fois un joueur et un calculateur qui écoute les présages et est capable de risquer sa vie sur un coup de poker pour débloquer une situation.

La ville nage dans la corruption. Paul Madvig, dont le vrai rôle n'est pas précisé, tient entre ses mains la police, la justice et la presse et cherche à obtenir l'appui des syndicats et des truands du cru pour assurer l'élection du sénateur. le pouvoir doit lui permettre de continuer à gérer au mieux ses intérêts et lui assurer une impunité totale.

Le roman a de nombreuses qualité littéraires. le récit comprend de nombreuses ellipses narratives. Les motivations d'un personnage ne sont pas données d'emblée, c'est au lecteur de les comprendre. La psychologie des personnages n'est pas décrite mais suggérée. le roman est le récit d'une quête de la vérité dans un univers où les non-dits et les mensonges pullulent. A noter l'importance de la description des deux rêves qui ont une signification essentielle pour la bonne compréhension du titre du livre et pour l'interprétation de la fin ouverte du roman.

Je conseille à tout lecteur qui souhaiterait découvrir l'univers de Dashiell Hammett de commencer par « la clé de verre ». Ce roman n'a pas les aspects trop marqués des titres précédents : un détective clairvoyant, une femme fatale et une intrigue alambiquée. La collusion entre la politique et la criminalité est dénoncée dans un récit qui n'a pas les côtés tonitruants de « Moisson rouge ». « La clé de verre » est à mes yeux le roman le plus abouti de Dashiell Hammett à défaut d'être le plus célèbre.
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La clé de verre sent le soufre : en jargon argotique, cela veut dire que c'est explosif. En effet, cet excellent roman politico-policier, se révèle extraordinairement complexe et subtil à la fois. L'auteur entraînant le protagoniste principal, un mauvais garçon sans envergure, dans une affaire criminelle, éclaboussant le monde opaque de la politique et du banditisme. A cette occasion, le bad boy de service devient malgré lui, une sorte de héros rédempteur au service de la vérité, essayant de dénouer les fils inextricables de cette affaire aux rebondissements multiples, montrant sans ambages la collusion des milieux véreux du gangstérisme et des politiciens. Mais il aura du fil à retordre, se perdant dans les méandres des affres dantesques, d'un univers interlope ou chacun ment, trahi et joue sa propre partition pour s'en sortir. Ce récit au scénario parfois alambiqué, à la limite de l'indéchiffrable, revête des aspects profondément intéressants sur le fonctionnement de la société américaine de l'époque et la personnalité quintessencié du héros devenu le bras d'une justice défaillante et corrompue.
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Première pioche dans ma PAL de 05/2019.
Je l'ai rajouté dans ma PAL en pensant ajouter un très bon polar, malheureusement c'est une énorme déception.
C'est la première fois que je lis un livre où l'histoire est si décousue. J'ai même eu l'impression qu'il manquait des chapitres. Et tous ces personnages, tellement mal décrits que je ne savais plus qui était qui !
Sans parler du personnage principal qui passe du bon côté au mauvais côté sans arrêt et qui parait-être dénué d'intelligence.
Je passe sur la fin qui semble sortir tout droit d'un chapeau de magicien !
Mais le tour de magie n'est pas passé et c'est mon chemin que j'aurai dû passer le jour où je l'ai ajouté à ma PAL.
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Ce roman est d'une intensité d'écriture inégalée. Bien des auteurs contemporains feraient bien de s'en inspirer car ils n'arrivent pas à la cheville de ce grand maître. Dashiell Hammett ne lâche rien et promène son détective en dénonçant la corruption, le népotisme et les inégalités sociales dans l'Amérique des années 30. S'inscrivant dans le mouvement "hardboiled" (littéralement 'dur à cuire"), ce roman est aussi représentatif de l'école comportementaliste ("behaviourist"), c'est à dire que l'on ne connaît l'histoire que par ce qui arrive aux personnages ou ce qu'ils en disent. Pas de narrateur omniscient ou de retour en arrière. On est immergé dans la peau du personnage principal et on ne connaît que sa vérité. Cela rend l'histoire particulièrement efficace et cette technique sera reprise par de nombreux auteurs. Ce livre est donc un jalon incontournable de la littérature policière.
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La clé de verre, Dashiell Hammet, Gallimard (traduit par P.J. Herr, Renée Vavasseur, Marcel Duhamel)
Le fils du sénateur Henry en campagne pour sa réélection meurt dans des circonstances suspectes. La fille du sénateur, Janet est fiancée à un parrain, Franck Madvig, et c'est le meilleur ami de Madvig, Ned Beaumont qui trouve le cadavre. Il décide d'enquêter, mais ce n'est pas chose aisée, puisque temps d'élection et que les rivaux de Madvig/Henry menés par un autre caïd Shad O'Rory aimeraient bien mettre ce meurtre sur le dos de Madvig
Écrit en 1931, ce roman noir ne pâtit pas de son presque siècle, puisque les accointances entre le milieu et les politiques demeurent et se sont peut-être même renforcées, ne serait-ce qu'aux États-Unis où Trump est donné gagnant dans les sondages.
Malgré un héros qui prend son temps, qui préfère réfléchir avant d'agir, ce roman est assez rapide ; pas de temps mort, ni de ventre mou : rebondissements, surprises, guet-apens, dissimulations, passages à tabac, irruptions, menaces… tout ce que l'on aime dans le roman noir est présent et excellemment amené. Les dialogues sont percutants, les répliques cinglantes et les descriptions des personnages précises et réjouissantes, et pas de longueurs pour décrire les lieux, paysages et le temps qu'il fait. Lorsque cela est nécessaire pour l'ambiance, une seule courte phrase suffit et hop, le décor est planté. Toute l'écriture de Dashiell Hammett est réservée à ses personnages, à leurs rapports, leurs trahisons, coups bas, amitiés et à son histoire politico-financiaro-truande, pas de chichis, pas de digressions oiseuses et inutiles. du bon, du solide.
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En période préélectorale, il s'agit de ne pas faire de vague. Dans l'ombre, Madvig tire les ficelles, car hommes politiques et fonctionnaires sont à sa botte. Jusqu'au moment où il est soupçonné du meurtre du fils du sénateur Henry, dont il soutient la candidature.
Un des livres cultes de celui qui inventa et qui révolutionnera le roman moderne.
Dans le plus pur style comportementaliste, brutal et sans fioritures du "hard-boiled" Dashiell Hammett montre ici une fois de plus l'envers du décor de la démocratie américaine. "La Clé de verre" -- son chef-d'oeuvre devenu un classique du polar -- tisse une intrigue criminelle qui dévoile les zones d'ombre d'une société profondément corrompue, révèlant les liens entre la pègre et le monde de la politique. Sa galerie de personnages corrompus et arrivistes aux fréquentations très dangereuses n'a rien perdu de son actualité.
Lien : https://collectifpolar.com/
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