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Rosie Pinhas-Delpuech (Traducteur)
EAN : 9782020789905
392 pages
Seuil (04/03/2005)
3.94/5   50 notes
Résumé :
Assaf, jeune adolescent de seize ans, obtient un job d'été à la mairie de Jérusalem, où on lui confie la tâche de retrouver le propriétaire d'un chien égaré. C'est au bout d'une laisse tirée par l'animal qu'Assaf sera entraîné dans une quête initiatique dont Tamar, une autre adolescente, est la figure centrale.
Autour de cette jeune fille mystérieusement disparue, que tout le monde recherche pour des raisons différentes, gravitent une nonne grecque enfermée ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Cette oeuvre de David Grossman, comme son titre l'indique, s'inscrit dans le mouvement. le héros, Assaf, adolescent de 16 ans, ne va cesser de se déplacer, le plus souvent en courant, dans la fuite comme dans la quête, à l'image du lecteur qui aura bien du mal à reprendre son souffle tout au long de ce récit qui va l'entraîner sur le chemin initiatique d'un parcours échevelé.
Ce roman se présente un peu comme un conte, comme toujours avec l'auteur israélien profondément ancré dans la réalité, notamment dans la précision accordée aux lieux géographiques, mais dont régulièrement l'intrigue aborde les rivages instables du mirage ou du fantasme. David Grossman n'a pas son pareil pour faire basculer en une fraction de seconde, au détour d'un dialogue, un événement apparemment anodin ou une situation des plus banales dans une dimension surréaliste.
Tout le roman n'est qu'un long glissement progressif du réel ordinaire et raisonnable vers un monde irrationnel dont la porte a été entrouverte par la naissance du sentiment amoureux et la rencontre de la mystérieuse Tamar.
Assaf travaille l'été pour la mairie. Il est entre autres nounou et promeneur de chiens. Cet animal le relie à l'enfance, est un partenaire de jeux un peu turbulent mais familier. Pourtant, un jour on lui confie un chien perdu, probablement évadé, avec pour mission de retrouver son propriétaire. La balade commence avec l'animal plein d'énergie épris de liberté qui entraîne la mise en mouvement de l'adolescent solitaire qui ne va plus cesser de courir, pour accomplir sa mission, ramener le chien à son propriétaire et le rendre à sa condition domestique. Mais, très vite, Assaf va considérer le chien comme un compagnon de route, un autre lui-même. L'allégorie tient évidemment dans la part d'animalité qui s'impose de plus en plus violemment à l'adolescent, et que celui-ci a bien du mal à canaliser.
La rencontre de Tamar est un bouleversement supplémentaire. Tout est mystère en elle, tout est autre, inconnu, dangereux et attirant. Assaf ne veut pas la laisser échapper, mais elle disparaît sans cesse, se cache dans des grottes, arpente les routes en ignorant la peur. Pour elle aussi, Assaf est un mystère. Son regard lui révèle une féminité qui jusque-là ne l'avait jamais préoccupée. Elle se surprend à étudier ses propres gestes, feindre une attitude. La petite sauvageonne découvre la dépendance affective , les ruses de la séduction et du jeu amoureux.
C'est avec un grand bonheur que nous accompagnons les deux adolescents dans leur périple remuant. David Grossman sait alterner les scènes d'action dignes d'un road-movie avec les moments d'introspection du couple en devenir. Autour d'Assaf et Tamar gravite une galerie de personnages tous plus insolites les uns que les autres. le ton s'apparente parfois au burlesque, et demeure léger de bout en bout, même si l'émotion est toujours présente dans cette quête d'absolu pour nos héros tourmentés.
« Quelqu'un avec qui courir » est sûrement l'oeuvre dans laquelle l'auteur a mis le plus de légèreté, grâce à un humour omniprésent, y compris dans les moments plus graves ou sentimentaux.
On sent que l'écrivain s'est replongé avec bonheur dans ses propres souvenirs d'adolescent qui avait tout à découvrir, et le livre refermé sur une fin où tout commence, nous retrouvons avec lui la nostalgie d'un présent que l'on ignorait précieux.
Ce roman plaira aux adolescents, mais les amateurs adultes d'une littérature de haute volée apprécieront tout autant la prose toujours singulière aux ramifications inépuisables de David Grossman.

Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Le jeune Assaf décroche un job à la mairie de Jérusalem. On lui demande de ramener une chienne perdue à ses propriétaires et à partir de ce moment, le récit va se mettre en mouvement et ne plus s'arrêter jusqu'à la dernière page. Il se trouve à rechercher une jeune fille, Tamar qui elle-même cherche à retrouver son frère disparu depuis des mois. Sans la connaître, il va tomber amoureux de cette jeune femme dont les indices qu'elle a laissés derrière elle dessinent en creux le portrait d'une adolescente au caractère solide mais qui cache une grande fragilité. Une jeune femme qui croit tout possible car elle n'a encore perdu aucune des illusions propre à l'enfance. Tamar, pour sortir son frère des griffes d'un mafieux qui exploite les gosses perdus en les faisant travailler dans le rue, va se faire "embaucher" par se dernier et braver tous les dangers. Elle va croiser sur sa route, une nonne grecque enfermée dans un monastère depuis un demi-siècle, des junkies, tous les habitués de la faune interlope de Jérusalem. C'est ici un des grands attraits de ce roman, peindre un état des lieux des rues de la capitale tentaculaire d'Israël. C'est donc un récit initiatique, dans le style toujours vif de l'auteur, avec une construction en puzzle. L'histoire et les motivations de Tamar se découvrent au fur et à mesure que l'on avance dans le récit, que l'on court après Dinka, la chienne, personnage central dans cette histoire. Même si la fin est un peu artificielle, mais elle n'a pas vraiment d'importance ici. Ce livre est un chef d'oeuvre.
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Quelqu'un avec qui courir raconte l'histoire d'un jeune garçon israélien, Assaf, qui travaille à la mairie pendant l'été pour se faire de l'argent de poche pendant que ses parents voyagent aux États-Unis. L'une des missions qui lui est confiée est de chercher à qui appartient un gros chien qu'on a conduit à la mairie parce qu'il courait dans la rue.

Avec Dinka – c'est le nom du chien que Assaf ne va pas tarder à découvrir – on va suivre Assaf pas à pas dans les rues de Jérusalem, à la poursuite d'une mystérieuse Tamar, une adolescente disparue dont beaucoup de personnages étranges font un portrait étonnant.

On y croisera Théodora, une religieuse fille de l'île de Kyksos en Grèce, Léah, la propriétaire d'un restaurant fameux, Rhinocéros, celui qui devrait être le beau-frère d'Assaf mais que sa fiancée a délaissé pour un Américain, et toute une galerie de personnages étranges comme ce Pessah, le PDG d'une curieuse entreprise qui recueille, héberge et nourrit tous ceux qui vivent dans la rue et qui se disent artistes.

Comme dans Tu seras mon couteau, David Grossman mêle deux récits qui s'entrecroisent : celui d'Assaf, subitement passionné par la recherche qu'il mène avec Dinka, et celui plus sombre de Tamar, une adolescente qu'on imagine déterminée à sortir du milieu interlope fait de drogue et de crimes dans lequel elle est venue s'immerger pour fuir sa famille. Au fur et à mesure du récit, tel un roman policier, on découvrira à la suite d'Assaf ce qui bouleverse Tamar et lui fait courir autant de risques ...
Quelqu'un avec qui courir tient aussi bien du roman initiatique que du récit de chevalerie. On y trouvera le récit d'un héros moderne parti à la recherche de sa belle dame, aussi bien que la description du milieu sombre de la drogue décrit sans complaisance ni faux-semblant. Un roman haletant, à l'image de la course effrénée que mènent Assaf et Tamar jusqu'au bout, et qu'on ne relâchera qu'une fois la dernière page refermée.
Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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L'intrigue m'a tenu en haleine mais j'ai pourtant traîné pour finir ce roman. Destins croisés d'adolescents, confrontés à la drogue et à la pègre, réunis grâce à une chienne, Dinka, qu'Assaf, employé à la mairie de Jerusalem pendant un job d'été, pousse à recherche sa maîtresse, Tamar. Ils se trouveront en tentant de sauver le frère de Tamar, Shaï des griffes de l'héroïne... Style plutôt plat. Pas d'arrière-plan politique. Mais indéniablement de la force et du suspens.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
En imagination, elle avait un courage sans bornes. Sa voix se déployait dans la rue, emplissait tout l'espace, imprégnait les gens comme une substance adoucissante, purifiante ; en imagination, elle choisissait de chanter un registre suraigu pour les surprendre d'emblée par la hauteur du son, puis s 'abandonner sans vergogne à cette ivresse narcissique qui la plongeait dans un léger brouillard, un vertige de plaisir qui la faisait décoller du plus profond d'elle-même jusqu'à des hauteurs vertigineuses. Mais elle avait fini par choisir Suzanne à cause de la voix chaude, désarmée et triste de Leonard Cohen, et parce qu'il lui serait plus facile, du moins au début, de chanter dans une langue étrangère.
Mais très vite la voix se casse : elle a attaqué trop faiblement, avec hésitation. Pourtant, dans son plan si élaboré, le chant était la seule chose dont elle était sûre. Mais c'était plus difficile qu'elle ne l'avait imaginé. Chanter dans la rue c'était se montrer jusqu'au fond d'elle-même. Elle fait un effort pour surmonter le trac, mais c'est encore si loin de ses rêves fous, quand la rue retient son souffle dès le premier son, que le laveur de vitres de Burger King interrompt ses tristes mouvements circulaires et le marchand de jus de fruits arrête sa machine en plein beuglement de carotte pressée... (...) Elle règle sa respiration et réprime le vertige qui soudain entraîne sa voix, elle oses lever les yeux, jeter un coup d'œil au petit rassemblement, un dizaine de personnes autour d'elle... (...) Tamar sourit intérieurement, son professeur lui manque, elle gravit pour elle les marches imaginaires depuis la gorge jusqu'à l'oiseau secret au centre du front.
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Soudain, elle eut la nostalgie de ses boucles épaisses pour se cacher un peu, ne pas se sentir aussi exposée, aussi nue. Qu'est-ce qui la poussait à dire ces bêtises, ce "qu'est-ce qu'on fait maintenant" si intime ? Qu'avaient-ils en commun ? Elle essaya de faire marche arrière, mais en vain. Des fissures, des crevasses s'ouvraient en elle à toute vitesse.
- Ce que tu voudras.
- Comment, qu'est-ce que tu as dit ?
Elle n'avait pas compris. La chaleur qui émanait de son corps lui parlait plus que ses mots bredouillés, un peu moqueurs. Il se taisait. Pourquoi est-ce qu'il se tait comme ça. Elle serra ses bras autour d'elle-même comme si elle avait soudain froid, inclina la tête et un sourire depuis longtems oublié éclaira son visage, pourtant la situation n'avait rien de comique. Puis elle regarda l'oreille gauche d'Assaf, sa chaussure droite, se lécha la lèvre inférieure qui était sèche, haussa les épaules sans raison, bougea les omoplates, se frotta les bras. C'était une envie irrépréssible, son corps bougeait tout seul, comme les gestes d'un rituel antique, ou une chorégraphie fixée depuis un million d'années, et sur laquelle elle n'avait aucune prise.
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Mais très vite la voix se casse : elle a attaqué trop faiblement, avec hésitation. Pourtant, dans son plan si élaboré, le chant était la seule chose dont elle était sûre. Mais c'était plus difficile qu'elle ne l'avait imaginé. Chanter dans la rue c'était se montrer jusqu'au fond d'elle-même. Elle fait un effort pour surmonter le trac, mais c'est encore si loin de ses rêves fous, quand la rue retient son souffle dès le premier son, que le laveur de vitres de Burger King interrompt ses tristes mouvements circulaires et le marchand de jus de fruits arrête sa machine en plein beuglement de carotte pressée... (...) Elle règle sa respiration et réprime le vertige qui soudain entraîne sa voix, elle oses lever les yeux, jeter un coup d'œil au petit rassemblement, un dizaine de personnes autour d'elle... (...) Tamar sourit intérieurement, son professeur lui manque, elle gravit pour elle les marches imaginaires depuis la gorge jusqu'à l'oiseau secret au centre du front.
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En imagination, elle avait un courage sans bornes. Sa voix se déployait dans la rue, emplissait tout l'espace, imprégnait les gens comme une substance adoucissante, purifiante ; en imagination, elle choisissait de chanter un registre suraigu pour les surprendre d'emblée par la hauteur du son, puis s 'abandonner sans vergogne à cette ivresse narcissique qui la plongeait dans un léger brouillard, un vertige de plaisir qui la faisait décoller du plus profond d'elle-même jusqu'à des hauteurs vertigineuses. Mais elle avait fini par choisir Suzanne à cause de la voix chaude, désarmée et triste de Leonard Cohen, et parce qu'il lui serait plus facile, du moins au début, de chanter dans une langue étrangère.
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Il faut appeler Rhinocéros, se dit-il en suivant mollement Dinka. les choses commençaient à se compliquer. Serguei avait parlé de mafia. Quelle mafia, pourquoi la mafia, je ne peux pas m'en occuper tout seul. je n'aurais pas dû mettre mon nez là-dedans.
Une fois qu'ils furent revenus dans la prairie avec ses hauts buissons de fenouil sauvage, Dinka s'arrêta. Et il vit de nouveau la chose arriver : c'était comme si une odeur transparente papillonnant dans l'air s'était soudain posée sur le bout de sa truffe et s'était de nouveau envolée pour lui indiquer une autre direction.
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