Une héritière américaine en vacances permanentes à Paris ne voit pas arriver la seconde guerre mondiale. du jour au lendemain, elle se retrouve dans un train pour Bordeaux, fuyant l'arrivée des Allemands. Ses tribulations à travers la zone libre l'amènent finalement à Marseille ; les restrictions font leur apparition, les camps de prisonniers sont plein à craquer, la zone libre accueille des réfugiés de toute la France et même l'Europe.
Privée des plaisirs futiles et du luxe qui peuplaient son existence à Paris, l'insouciante aurait logiquement dû fuir le pays vaincu et s'embarquer sur le premier paquebot pour les Etats-Unis. Là où le récit prend un tour surprenant, c'est que
Mary-Jayne Gold choisit de rester à Marseille, et de se rendre utile.
Au service de son compatriote
Varian Fry et de son "service de secours américain", elle oeuvre personnellement pour sortir de camps de prisonniers des personnalités menacées, des artistes bien souvent, aide à les cacher dans une villa des abords de Marseille, et à les transférer clandestinement vers des pays sûrs.
Max Ernst et
André Breton figurent notamment parmi ces "rescapés". Jamais à court de contradictions,
Mary-Jayne Gold s'éprend d'un bandit marseillais, imprévisible et dangereux, qui tour à tour l'aide dans ses missions ou la met gravement en danger.
Cette autobiographie est le récit d'une extraordinaire prise de conscience, d'autant plus saisissante que l'auteur ne se prend à aucun moment pour une héroïne, et raconte cet épisode de sa vie avec une franchise et une simplicité déconcertante. Qu'est-ce qui pousse une jeune femme riche et dotée d'un passeport américain, à rester dans un pays rendu exsangue par la guerre et prendre autant de risques pour des gens qui lui sont inconnus? Tout au long du récit, elle nous impressionne par sa liberté, son inconscience, sa foi en la vie, dans un récit finalement assez optimiste malgré le contexte tragique.