Quel roman nous offre ici
Rochelle Gabe !! Un récit que j'aurais envie de qualifier, en partie, de huis clos mental ; l'histoire de Kolya, transfuge russe, qui s'improvise modèle vivant pour Evan, un artiste sulfureux, mais surtout un Artiste avec un grand A, dans ce qu'il a de plus beau, de plus extrême et de plus doux à la fois. L'histoire d'une rencontre entre un être silencieux et secret et un homme qui crie chaque jour ses doutes et sa folie à la face du monde, à grands coups de pinceaux et de couleurs.
J'ai adoré ! C'est un roman singulier et une relation qui l'est plus encore et c'est justement ce qui fait le sel et la magie de cette superbe histoire. Une histoire qui commence comme un film d'action, très ancrée dans le réel, pour ensuite nous plonger lentement dans l'intime, au cours de séances de poses propices à la réflexion et à la découverte de soi et de l'autre. C'est intense et doux, puissant et parfois hors du temps. Des moments d'une force telle que les liens qui se tissent entre l'artiste et son modèle sont presque de l'ordre du mystique. Je me suis régalée de naviguer dans les pensées du modèle comme dans celles de l'artiste. Et j'ai adoré les découvrir et les apprendre en même temps qu'eux même s'apprivoisaient sans le savoir...
À n'en pas douter, le fait que je sois artiste moi-même a multiplié mon plaisir, d'autant plus que j'ai trouvé une incroyable justesse dans le langage et les sensations. Les paroles et les attitudes d'Evan trouvaient un écho parfait en moi, l'auteur maniant ses mots avec art et tissant son intrigue minutieusement, suspense et mystère venant enrichir le récit de la plus belle des manières. L'histoire prend son temps, et lève lentement le voile sur les deux hommes, laissant le temps de savourer leur évolution et celle de leurs sentiments. On se retrouve vite immergé dans cette atelier, au pied de ce chevalet, avant d'être submergé par une passion qui ne dit pas encore son nom mais qui anime silencieusement les deux hommes.
Je ne peux pas terminer cette chronique sans parler de la plume de l'auteur, que je découvrais pour la première fois. Quelle maîtrise ! le texte est recherché et travaillé comme une pièce d'orfèvrerie, tout en étant d'une telle fluidité que les pages défilent sans qu'on s'en rende compte.
Allez, je le redis une dernière fois, juste pour le plaisir : j'ai adoré ! Je suis d'ailleurs heureuse d'avoir gardé Walsh et Lockwood sous le coude depuis tout ce temps car là, j'ai juste envie de me précipiter directement entre leurs bras... enfin, vous aurez compris, je voulais dire entre leurs pages !