Peut-on se soigner en se confiant à un tableau ? On parle bien d’art-thérapie, de créer pour exprimer son malaise, pour se comprendre à travers les intuitions de l’inspiration. Mais c’était différent. Pour Antoine, la contemplation de la beauté était un pansement sur la laideur. Il en avait toujours été ainsi. Quand il se sentait mal, il allait se promener dans un musée. Le merveilleux demeurait la meilleure arme contre la fragilité.
L'absurde est toujours voisin du désir.
Les vies d'artistes sont souvent jalonnées de rencontres avec des hommes et des femmes qui ont digéré leur frustration créative pour se dévouer entièrement aux autres. Il y a une beauté dans la transmission. (p. 132)
Mathilde esquissa un sourire, sans savoir si Antoine était sérieux ou ironique. Il était toujours difficile avec lui de discerner la couleur de ses mots. (p. 44)
En se laissant dériver vers ce désir de savoir,
Antoine dû admettre qu'il n'était pas mort.
La curiosité délimite le monde des vivants et celui des ombres.
P 20
Quand deux personnes se comprennent, on dit qu'elles parlent la même langue. Non pas une langue que l'on pourrait apprendre mais une langue qui repose sur une connivence intellectuelle ou une affinité émotionnelle. Cette langue est d'ailleurs souvent composée de silences.
p 156
Certains propos étaient lumineux, des hommes et des femmes réellement bouleversés de découvrir en vrai ces Modigliani ; et d'autres calamiteux. De sa position assise, il allait parcourir l'étendue de la sociologie humaine. Certains ne disaient pas "J'ai visité le musée d'Orsay" mais "J'ai fait Orsay", un verbe qui trahit une sorte de nécessité sociale ; pratiquement une liste de courses. Ces touristes n'hésitaient pas à employer la même expression pour les pays : "j'ai fait le Japon l'été dernier..." Ainsi, on fait les lieux maintenant. Et quand on va à Cracovie, on fait Auschwitz.
Au moins à son travail, personne ne le remarquerait. Le gardien de musée n'existe pas. On déambule devant lui, les yeux rivés sur le prochain tableau. C'est un métier extraordinaire pour être seul au milieu de la foule.
" J'ai fait Orsay ", un verbe qui trahit une sorte de nécessité sociale, pratiquement une liste de courses.Ces touristes n'hésitaient pas à employer la même expression pour les pays: " J'ai fait le Japon l'été dernier..." Ainsi, on fait les lieux maintenant. Et quand on va à Cracovie, on fait Auschwitz.
Camille continua son chemin, et s'arrêta devant un tableau de Théodore Géricault, La Monomane de l'envie. C'était comme une évidence. Tout l'attirait, et notamment le regard de la vieille femme, empli d'une démence douce.