Confrontation de deux mondes
Dans son premier roman 𝑼𝒏 𝑩𝒐𝒏 𝑺𝒂𝒎𝒂𝒓𝒊𝒕𝒂𝒊𝒏,
Matthieu Falcone racontait la cohabitation difficile entre un professeur d'université et les migrants qu'il décide d'accueillir à son domicile. de cohabitation mouvementée il est de nouveau question dans 𝑪𝒂𝒎𝒑𝒂𝒈𝒏𝒆, cette fois-ci entre urbains et villageois.
La vie rurale est devenue attrayante pour bon nombre de citadins en quête d'authenticité et de calme.
Matthieu Falcone nous raconte l'histoire d'un village du Périgord, dont il tait le nom, qui voit s'installer des urbains avec leurs moeurs et modes de vies particuliers.
Le narrateur, Robert, est un ancien paysan à la retraite ; veuf, il occupe ses journées entre balades dans la nature, maraîchage qu'il poursuit pour arrondir ses fins de mois et discussions avec son ami 𝐿𝑒 𝐹𝑜𝑢 (truculent pilier de bar à la verve haute).
Il observe l'arrivée de citadins nouveaux venus sur lesquels il a un regard bienveillant. Il constate les bouleversements sans broncher, contrairement à quelques villageois du cru qui ne les admettent pas. La reprise du bar du village par un écolo-bobo, où l'on sert désormais du whisky japonais et de l'IPA, et organise des soirées slam est particulièrement contestée.
Le village accueille donc de plus en plus de néoruraux, jeunes gens pétris de certitudes qui viennent d'ailleurs, avec leurs idées qu'ils imposent à des personnes qui sont là depuis toujours. Ils souhaitent profiter des bons côtés de la
campagne sans chercher à s'adapter, en restant d'éternels citadins mentaux ; s'ils quittent la ville, n'était-ce pas pour la mettre derrière eux ?
« 𝐼𝑐𝑖, 𝑎𝑢 𝑣𝑖𝑙𝑙𝑎𝑔𝑒, 𝑜𝑛 𝑒𝑛 𝑡𝑟𝑜𝑢𝑣𝑒 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑐𝑒𝑙𝑎, 𝑞𝑢𝑖 𝑑𝑖𝑠𝑒𝑛𝑡 𝑎̀ 𝑝𝑟𝑒́𝑠𝑒𝑛𝑡 𝑞𝑢'𝑖𝑙 𝑓𝑎𝑢𝑡 𝑠𝑎𝑢𝑣𝑒𝑟 𝑙𝑎 𝑇𝑒𝑟𝑟𝑒. 𝑆𝑎𝑢𝑣𝑒𝑟 𝑙𝑎 𝑇𝑒𝑟𝑟𝑒, 𝑗𝑒 𝑣𝑒𝑢𝑥 𝑏𝑖𝑒𝑛, 𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑞𝑢𝑖 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑠𝑎𝑢𝑣𝑒𝑟𝑎, 𝑛𝑜𝑢𝑠 ? »
Pour « faire village » et le dynamiser, la nouvelle maire décide de mettre en place une 𝑓𝑒̂𝑡𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑠𝑜𝑙𝑖𝑑𝑎𝑟𝑖𝑡𝑒́𝑠, où l'on parlera protection de la planète, accueil des migrants et intersectionnalité. Hippies, teufeurs et punks à chien rappliquent avec leurs dérives (la drogue est omniprésente) et un drame inévitable survient.
Matthieu Falcone ne tombe pas dans le travers de glorifier la vie campagnarde et ses habitants. Il décrit très bien les aliénations de la vie en dehors des villes, de ce monde des
campagnes en voie de disparition : la perte des traditions, l'alcoolisme, les agriculteurs accros au machinisme et aux pesticides, les familles délitées…
« 𝐶'𝑒𝑠𝑡 𝑢𝑛 𝑝𝑎𝑦𝑠 𝑝𝑎𝑟𝑠𝑒𝑚𝑒́ 𝑑𝑒 𝑐ℎ𝑎̂𝑡𝑒𝑎𝑢𝑥, 𝑐ℎ𝑜𝑦𝑒́ 𝑑'𝑒́𝑔𝑙𝑖𝑠𝑒𝑠. 𝑀𝑎𝑖𝑠 𝑏𝑖𝑒𝑛 𝑠𝑜𝑢𝑣𝑒𝑛𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑟𝑒𝑚𝑖𝑒𝑟𝑠 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑒𝑛 𝑟𝑢𝑖𝑛𝑒 𝑒𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝑠𝑒𝑐𝑜𝑛𝑑𝑒𝑠 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑣𝑖𝑑𝑒𝑠. 𝑂𝑛 𝑙𝑒𝑠 𝑣𝑖𝑠𝑖𝑡𝑒 𝑒𝑛 𝑒́𝑡𝑒́, 𝑐̧𝑎 𝑓𝑜𝑢𝑟𝑛𝑖𝑡 𝑢𝑛 𝑝𝑒𝑢 𝑑𝑒 𝑡𝑟𝑎𝑣𝑎𝑖𝑙. »
𝑪𝒂𝒎𝒑𝒂𝒈𝒏𝒆 n'est pas seulement d'une satire antimoderne, mais aussi d'un roman aux accents poétiques et gioniens, avec des descriptions de la
campagne périgourdine, aimable pays façonné par les rivières et les monts : « 𝐶'𝑒𝑠𝑡 𝑢𝑛 𝑝𝑎𝑦𝑠 𝑑𝑒 𝑣𝑒𝑟𝑡 𝑒𝑡 𝑑'𝑒𝑎𝑢. 𝐷𝑒 𝑐𝑜𝑙𝑙𝑖𝑛𝑒𝑠 𝑎𝑝𝑙𝑎𝑡𝑖𝑒𝑠 𝑝𝑎𝑟 𝑙𝑎 𝑐ℎ𝑎𝑟𝑟𝑢𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑑𝑒𝑝𝑢𝑖𝑠 𝑚𝑖𝑙𝑙𝑒 𝑎𝑛𝑠 𝑠𝑜𝑢𝑙𝑒̀𝑣𝑒 𝑒𝑡 𝑟𝑒𝑝𝑎𝑠𝑠𝑒 𝑙𝑎 𝑡𝑒𝑟𝑟𝑒 ; 𝑑𝑒 𝑏𝑜𝑠𝑞𝑢𝑒𝑡𝑠 𝑔𝑖𝑏𝑜𝑦𝑒𝑢𝑥 𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑓𝑜𝑟𝑒̂𝑡𝑠 𝑑𝑒 ℎ𝑒̂𝑡𝑟𝑒𝑠, 𝑑𝑒 𝑐ℎ𝑎̂𝑡𝑎𝑖𝑔𝑛𝑖𝑒𝑟𝑠, 𝑑𝑒 𝑐ℎ𝑒̂𝑛𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑐ℎ𝑎𝑟𝑚𝑒𝑠. 𝐸𝑡 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑙𝑎 𝑝𝑙𝑢𝑖𝑒 𝑎 𝑎𝑟𝑟𝑜𝑠𝑒́ 𝑑'𝑎𝑏𝑜𝑛𝑑𝑎𝑛𝑐𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑐𝑒 𝑞𝑢'𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑝𝑜𝑢𝑣𝑎𝑖𝑡 𝑏𝑒𝑟𝑐𝑒𝑟 𝑑𝑒 𝑠𝑒𝑠 𝑐ℎ𝑎𝑔𝑟𝑖𝑛𝑠, 𝑙𝑒 𝑠𝑜𝑙𝑒𝑖𝑙 𝑦 𝑡𝑖𝑒́𝑑𝑖𝑡 𝑙'ℎ𝑢𝑚𝑢𝑠, 𝑒𝑡 𝑙'𝑜𝑛 𝑦 𝑡𝑟𝑜𝑢𝑣𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑚𝑖 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑓𝑎𝑏𝑢𝑙𝑒𝑢𝑥 𝑐ℎ𝑎𝑚𝑝𝑖𝑔𝑛𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝐹𝑟𝑎𝑛𝑐𝑒, 𝑒𝑡 𝑙𝑒 𝑔𝑟𝑎𝑖𝑛 𝑠'𝑦 𝑒𝑛𝑓𝑜𝑛𝑐𝑒 𝑒𝑡 𝑚𝑒𝑢𝑟𝑡, 𝑒𝑡 𝑟𝑒𝑗𝑎𝑖𝑙𝑙𝑖𝑡 𝑒𝑛 𝑡𝑖𝑔𝑒, 𝑠𝑢𝑟𝑔𝑖𝑡 𝑒𝑛 𝑒́𝑝𝑖𝑠 𝑣𝑒𝑛𝑡𝑟𝑢𝑠. »
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