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Les désobéissantes" est le premier livre d'
Emmanuelle Faguer, à paraître le 18 janvier prochain et que j'ai eu la chance de lire en avant-première. Quand il m'a été proposé, la quatrième de couverture alléchante m'a immédiatement séduite. Et c'est une lecture à la hauteur de mes attentes, j'en ressors ravie.
En 1981, le renommé Marcus Solar a mis fin à sa carrière de pianiste sans crier gare pour se terrer dans son manoir isolé à Belleville, en Picardie. Il est retrouvé mort dans son lit, suicidé, 26 ans plus tard, la veille de son grand retour, alors qu'une tournée mondiale était programmée. Elizabeth, sa fidèle domestique, dans sa précipitation à vouloir prévenir les secours, fait une chute dans les escaliers et se tue. C'est Gabrielle, l'agente de Marcus, qui les trouve. Et c'est parce que la lieutenante Leïla Cherfa, qui n'avait jamais entendu parler de ce célèbre pianiste, a décidé de creuser un peu son passé pour en savoir plus sur lui qu'elle déterrera quelques zones d'ombre...
Né de parents aliénés, Marcus grandit d'abord dans un asile. À leur mort, il est placé dans un orphelinat, dans lequel il découvre la musique. Parce qu'il a l'oreille absolue, le médecin de cet orphelinat l'accueille chez lui et lui fournit tout ce dont il lui faut pour perfectionner son don. Immédiatement remarqué, Marcus devient LE pianiste. de sa vie personnelle, on ne connaît pas grand chose, si ce n'est qu'elle a été marquée par quatre femmes : Elizabeth, sa domestique, vouée à le servir depuis tout jeune ; Diane, avec qui il est lié d'une indéfectible amitié, disparue peu de temps avant son dernier concert à New York ; Rose, richissime américaine qu'il aurait dû épouser 26 ans plus tôt ; Gabrielle, son agente, qu'il considère un peu comme la fille qu'il aurait voulu avoir. Un drame les relie tous les cinq, que je vous invite à découvrir par vous-même...
Le livre se découpe en quatre parties, chacune consacrée à l'une des quatre femmes qui ont eu une incidence dans la vie de Marcus. Quatre femmes qu'on apprend à connaître à travers Marcus. Quatre femmes qui nous en apprennent beaucoup sur lui. Quatre femmes fort différentes les unes des autres. Quatre femmes qu'on aime, beaucoup, un peu, ou pas du tout.
Avec des chapitres courts, entre passé et présent, l'autrice donne la voix à de nombreux protagonistes, nous permettant de cerner le personnage de Marcus de différents points de vue. Aucunement, on a l'impression que Marcus n'est plus. Il est présent partout, lui qui est si effacé, si discret, si secret, si solitaire (si mort...). On apprend à le connaître, on découvre son enfance chaotique, son talent de pianiste et sa renommée mondiale, l'arrêt brutal de sa carrière, les drames qui ont façonné son existence. On n'apprend pas tout d'un coup, tout nous est dévoilé au compte-gouttes, au fur et à mesure que Leïla et son capitaine mettent la main sur les différents éléments et événements de son passé. Sous forme d'enquête officieuse, on nous parle de disparitions, d'enlèvements, de meurtres, d'homosexualité refoulée, d'amitié éternelle, de manipulation, de violences conjugales, de secrets enfouis, de mal-être, de culpabilité, de recherche de la vérité.
Tout est là pour nous maintenir éveillés, pour nous tenir en haleine. L'intrigue nous prend au corps, le suspense est vivace. La plume de l'autrice, entraînante, souple, avenante, a su dépeindre la psychologie des personnages, tout en ne les dévoilant pas entièrement, aussi bien que les circonstances, les lieux et décors dans lesquels se déroulent les événements. C'est subtilement bien ficelé, bien mené. le dénouement m'a enchantée.
Ce n'était pourtant pas gagné au départ, je trouvais qu'il y avait beaucoup de personnages, au point de commencer une liste afin de me repérer. Et puis, j'ai été si vite happée par l'intrigue que je l'ai vite zappée (quand je m'en suis rendu compte, j'avais déjà lu plus de 300 pages...). Les personnages ne sont pas si nombreux finalement et ils reviennent souvent tout au long de l'histoire. Ils ont chacun leur importance, on ne peut donc pas les oublier.
Mélange de polar et de thriller, sur fond de musique classique, "
Les désobéissantes" nous entraîne dans un milieu sombrement brillant. C'est imperceptiblement troublant, mais ô combien ingénieux et addictif ! Reçu et lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée, je remercie Babelio et les éditions Harper Collins pour cet excellent moment de lecture.