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Citations sur L'Origine des larmes (44)

Rebecca était catholique. Je dirais qu'elle appartenait au club mais sans le moindre fanatisme. Elle pratiquait discrètement, un peu comme on va à la salle de sport, une fois par semaine pour s'entretenir. Peut-être quelques génuflexions, des signes de croix par-ci par-là, une confession de temps en temps, tel était le secret de sa forme religieuse.
(pages 75-76)
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Je n'aime pas les cimetières français. Ils sont laids, cimentés, marbrés, bétonnés, faits pour durer des siècles. Pas d'arbres, pas de terre ni la moindre verdure. Des croix debout, couchées, inclinées, partout des signes de croix. Et des fleurs de cellulose, des bouquets en PVC, des pétales de polyvinyle. La misère du monde qui s'ajoute à la tristesse. Ce n'est quand même pas compliqué d'offrir un bout de terre et un arbre à chaque mort. Et venir de temps en temps regarder prospérer la forêt. La France est un endroit où il ne fait pas très bon vivre et encore moins mourir.
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Il y aurait tant à dire sur cet apprentissage silencieux du bonheur. Ce qu'il apporte comme assurance et équilibre. Mes tuteurs m'ont astreint aux exercices inverses, ceux qui vous apprennent à vous verrouiller de l'intérieur, à ne rien attendre, rien espérer, à vivre "on your own" comme disent les Anglais, qui peut se traduire par "sur tes ressources", en n'oubliant jamais que derrière cette expression déjà déplaisante à prononcer se cache un sous-texte qui te précise "sans compter sur l'aide de quiconque". Vivre "on your own" ne mène jamais très loin. L'usage du monde rétrécit année après année, et les ressources diminuent. [...]
L'amour s'apprend par capillarité. Au jour le jour. En un goutte-à-goutte silencieux qui se délivre sous nos yeux. L'enfant apprend avec les yeux. En reniflant les molécules qui flottent dans l'air, quand il voit la main de son père caresser la nuque de sa mère, la bouche de sa mère embrasser le cou de son père, quand il observe tout cela, il sait que c'est bien, que c'est bon, qu'on peut appeler ça l'amour ou comme l'on veut, mais que c'est agréable d'être avec quelqu'un qui un soir vous dit : " Tu es mon amour et moi le tien, ça tombe bien."
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Dans ce film, "l'homme qui peint des gouttes d'eau", je découvrais tout ce que je n'avais pas connu, la sérénité d'une famille, l'harmonie d'un couple, la présence rassurante d'un frère et l'offrande d'un perpétuel exercice d'admiration, d'amour et d'apprentissage.
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Un détail est parfois la discrète signature d'une âme.
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Tous les jours de la vie, nous avons à choisir : ou la souffrance d'aimer, ou cette autre, bien pire : celle de ne pas aimer.
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Je reprends. J'ai omis un détail qu'il devrait apprécier. Un détail est parfois la discrète signature d'une âme, un accès à la « porte de derrière ». L'intelligence laisse toujours une empreinte. Celle de Lanski était identifiable entre toutes. Elle consistait à instaurer un étrange malaise pour déstabiliser son interlocuteur. Et Lanski possédait l'art d'installer le tangage initial. Dès la première rencontre, cordial, il tendait par exemple une main franche à son allocutaire et, avant que celui-ci ait pu dire quoi que ce soit, il lui annonçait avec un grand sourire : « Vous savez que je parle couramment le japonais ? » Variante : « Savez-vous qu'autrefois, au Québec, les autochtones appelaient le Saint-Laurent le fleuve qui marche ? » Que répondre à de pareilles choses ? Lanski, à qui je demandais un jour la raison de ces assertions ou de ces questionnements, me fit une réponse qui finalement lui ressemblait assez bien : « Quand je démarre ainsi à un entretien, je sais que durant toute la conversation l'esprit du type que j'ai en face sera parasité par ce que je lui ai dit au tout début. Il sera perturbé car je lui pose des questions qui n'ont pas de réponse, je lui tiens des propos décalés, absurdes et qui de toute façon ne trouvent pas leur place lors d'une première rencontre. Tout à coup il est assis sur une chaise à trois pieds. C'est comme ça que je rentre dans sa tête. »
(p.40)
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Il y a longtemps que cet homme est entré dans ma tête, qu’il y vit en ne laissant que désordre derrière lui. Il entre, sort, fait ce qu'il veut, n'importe quand, n'importe où. Et cela a toujours été ainsi. Même quand il n'était pas là, on l'avait en nous, comme une amibe, un parasite mental. Et tout se perpétue, même après sa mort. Il m'a conduit ici comme on amène un gosse à l'école. Pour apprendre. Pour comprendre la dialectique du maître et de l'esclave, pour accepter de baisser la tête, de courber l'échine. Lanski est en nous, ancré en moi, et aujourd'hui, dans ce palais de justice, je prends conscience que rien, jamais, ne le chassera.
(p.43-44)
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J'aime comparer les hommes à des animaux. Guzman me fait penser à un suricate, ce petit animal du désert, surnommé « le guetteur des sables » que l'encyclopédie décrit comme « toujours juché sur ses pattes arrière pour surveiller le mal qui rôde ». Cette description correspond bien à Guzman, qui n'a rien de commun avec ces thérapeutes blasés ou indolents, revenus de tous les troubles mondains. Au contraire, comme un suricate de l'âme, il conserve toujours une attention aiguë pour ne rien perdre de ce que son patient vient de livrer ici après l'avoir porté en lui durant tellement d'années.
(p.56)
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En dix ans, l'intelligence artificielle à progressé de manière exponentielle. Je n'entre pas dans ces débats éthiques de paroissiens qui entourent leur usage ou leur évolution, je m'intéresse simplement à l'élaboration, la construction de leur âme "autoapprenante", l'enrichissement, la complexité de leurs "sentiments mathématiques". C'est la première fois en ce monde qu'une civilisation met au monde un objet capable à la fois de la comprendre, de l'imiter et de la surpasser.
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