Ce pionnier de l'éducation spécialisée en France s'est occupé toute sa vie des adolescents que l'on qualifie aujourd'hui de difficiles, sauvageons et autres cas sociaux, mais aussi d'enfants autistes. Il est à l'origine des lieux de vie (LVA) qui accueillent souvent au domicile d'un couple d'éducateurs des enfants et des jeunes différents. Il a réalisé ce recueil d'aphorismes en 1943 et c'est du pain bénit pour toute personne s'orientant dans ce domaine comme aux éducateurs plus aguerris. En effet, nombre de ces petites phrases font mouche dès lors que l'on côtoie ou a côtoyé ce public, ce qui est mon cas. Ne jamais promettre ce qu'on ne peut tenir, éviter la contrainte ou les interdits vers lesquels ils vont se précipiter, tenter de transformer sa colère en énergie autant que possible, valoriser les personnes pour restaurer leur narcissisme, s'intéresser à celui qui ne fait pas de bruit et qui pourrait avoir tendance à passer inaperçu dans un groupe sont quelques pistes qu'il suggère en toute humilité, rester soi-même en toute circonstance car si l'on joue un rôle de composition, les jeunes ne seront pas dupes sont autant de réflexions qui traversent ce petit livre.
Challenge Riquiqui 2022.
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Graines de Crapules est un recueil de conseils et de réflexions pour les personnes travaillant à l'éducation des enfants et des jeunes.
Quelques réflexions sont intéressantes, les concepts sont séduisants. A l'époque (1930-1940), ça devait être révolutionnaire, aujourd'hui c'est déjà plus dans l'air du temps (la bienveillance, le jeu, les projets…)
Moi qui suis instit en CE2 en ce moment, un aspect du livre m'a moins parlé : il était question ici de jeunes de 15 ans qui avaient réellement commis des délits (vol souvent).
Culturellement, il était intéressant de découvrir l'éducation des enfants à cette époque. Cela nous en apprend aussi sur la société et l'état d'esprit en général à cette époque.
~ Challenge multidéfis 19 : livre centré sur un métier
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T’interdire de punir t’obligera à les occuper.
Dis-toi bien que l’éducation commencera le jour où l’atmosphère sera complètement débarrassée du moindre miasme de « sanction ».
Et les plus difficiles à désinfecter seront peut-être les enfants.
Une nation qui tolère les quartiers de taudis, les égoûts à ciel ouvert, les classes surpeuplées, et qui ose châtier les jeunes délinquants, me fait penser à cette vieille ivrognesse qui vomissait sur ses gosses à longueur de semaine et giflait le plus petit, par hasard, un dimanche, parce qu'il avait bavé sur son tablier.
Si, une fois lus, quelques-uns de mes propos frémissent gaiement dans le ciel de quelques mémoires, tant mieux : c'est là leur raison d'être. Mais celui qui voudrait s'en servir, les appliquer en quelque sorte, s'apercevrait du même coup, de quoi ils sont faits : des morceaux de pages lues encollés et tendus sur les branches souples et légères arrachées à une espèce particulière d'enthousiasme qui surgit chaque fois qu'un enfant m'aborde, qui a été mille fois scié, abattu et dont la souche n'en finit pas de pousser des rejets.
Si tu joues au policier, ils joueront aux bandits. Si tu joues au bond Dieu, ils joueront aux diables.
Si tu joues au geôlier, ils joueront aux prisonniers.
Si tu es toi-même, ils seront bien embêtés. (p. 16)
Celui-ci crie et gesticule, t'assaille de projets et de réclamations ; celui-là dort et dort sans rêves.
Tu te dis « L'œuvre est facile ; je vais réveiller l'endormi et calmer l'agité. » Et tu n'y arrives pas parce que c'est impossible, que la plante est dans la graine et que la graine est déjà plante.
Trouve pour l'agité un travail qui occupera utilement son agitation et apprends à l'endormi à travailler en dormant.
Ce faisant, tu ne seras pas aussi fort que le bon Dieu mais tu aura fait ton possible. (p. 7)
Titre : Traces et cartes : aires et erres chez Fernand Deligny
Colloque 2017-2018 : le rêve des formes : Arts, sciences & cie
Colloque du 05 septembre 2017.
Intervenant(s) : Catherine Perret, professeure d'esthétique et de théorie des arts, Université Paris 8
Retrouvez les vidéos du colloque :
https://www.college-de-france.fr/site/alain-prochiantz/symposium-2017-2018.htm
Chaire du professeur Alain Prochiantz : Processus morphogénétiques (2007-2019)
Retrouvez les vidéos de ses enseignements :
https://www.college-de-france.fr/site/alain-prochiantz
Colloque organisé par :
Alain Prochiantz, Titulaire de la chaire Processus morphogénétiques, Collège de France et Alain Fleischer, Directeur, le Fresnoy - Studio national des arts contemporains.
Une oeuvre d'art est, presque toujours, l'oeuvre d'un artiste, même s'il s'agit d'un« ready made », et celui qui la perçoit le fait aussi en tant que sujet. Ce qui rend toute oeuvre d'art inépuisable. C'est même peut-être à cela qu'on la reconnaît. On ne voit, lit, entend jamais deux fois la même oeuvre.
La question est différente pour les scientifiques qui, depuis Galilée et le « grand livre de la nature écrit en langage mathématique », déchiffrent ledit livre sans que le sujet n'intervienne autrement que par son habileté de déchiffreur. La vérité est dévoilée et existe indépendamment du sujet qui la dévoile puisque c'est la nature qui se dévoile. L'allégorie a traversé le xixe siècle et reste bien vivante. Même si, on le constate très souvent, le voile montre parfois plus que le dévoilement.
Alain Prochiantz
Qu'est-ce qu'une forme et pourquoi s'y intéresser aujourd'hui ? Si l'on se réfère au sens commun, une forme est un ensemble de traits caractéristiques – visuels, sonores, tactiles – qui permettent à une réalité physique d'être conçue, puis perçue. S'adressant à nos sens ou se constituant dans notre imagination, parfois à notre insu comme lors des rêves, les formes semblent être des entités premières, auxquelles ont à faire tous les champs du savoir et de la création.
Les formes se meuvent, se déforment, s'érodent, se régénèrent. Nombreux et difficilement définissables sont les passages de la forme au difforme, du difforme à l'informe. Existe-t-il des formes qu'on ne peut nommer ? Et, à l'inverse, la langue est-elle capable d'émettre des énoncés qui n'évoquent aucune forme ? À quoi nous font rêver les formes ? À quelles formes rêvons-nous ? En interrogeant ainsi le rêve que peuvent susciter les formes, peut-être serions-nous tentés d'anticiper le moment où celles-ci, libérées de leur référent, devenues des signes dépourvus de sens, se mettraient elles-mêmes à rêver. On pourrait se demander alors : « À quoi rêvent les formes ? Quel est le rêve des formes ? »
Alain Fleischer
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