Question dessins, rien à redire, ils sont beaux, ils sont style
Franquin.
Sauf que pour l'ambiance, je ne m'y retrouve pas. Pour moi, cet album, ce n'est pas "Gaston". Peut-être que beaucoup de lecteurices ont une image de Gaston que toustes pouvaient retrouver dans le Gaston de
Franquin. Mais certain.e.s, comme moi, ne la retrouvent plus dans le Gaston de
Delaf.
Je ne retrouve pas Gaston parce qu'ici :
- Il ne dit pas souvent "M'enfin".
- Il ne dort presque jamais, il est trop énergique. Dans le temps, même quand Gaston faisait des expériences, il était souriant et tranquille.
- On ne le voit presque jamais avec le courrier en retard, on n'en parle pas assez. Or, Gaston, c'est dormir et le courrier en retard.
- Gaston est en plus un gars las, sans énergie. Même quand on lui donnait des vitamines. Même quand il faisait des inventions, sous
Franquin, Gaston était plutôt calme. Ici, il a une énergie débordante.
- Trop peu de blagues qui ont une suite. On tombe d'un sujet dans l'autre, alors qu'une blague récurrente ou une blague qui se développe et devient de mal en pire au fil des pages, c'est très amusant.
- En plus, ici, on tombe d'une blague dans l'autre qui date de l'époque de
Franquin. L'album est comme un amalgame, un ramassis des inventions ou évènements de ces temps-là.
- Pour moi il a toujours été clair que Gaston et M'oiselle Jeanne s'aimaient, que
Franquin aurait voulu en faire des amants, mais qu'il ne pouvait pas de son éditeur. Il y a une très belle image où on voit, je pense, Gaston rêver de lui et Mademoiselle Jeanne en une sorte de voyage d'amour (je vais rechercher où on peut trouver cette belle image). Mais ici, Gaston laisse M'oiselle Jeanne seule dans les bois ? Au lieu de se taper un bon weekend, lui qui adore camper dans la nature (et madamoiselle Jeanne en plus) ? Il n'aurait pas de solution au manque de place dans la tente ? Pas acceptable.
- L'ambiance à la rédaction était différente sous
Franquin, beaucoup plus sympa. J'adorais regarder comment Yves Lebrac dessinait. Il ne se préoccupait pas trop de Gaston, sinon avec bienveillance (sauf quand sa gomme était transformée). Lebrac, il dessinait parmi tout le capharnaum, c'était beau, cette concentration, cet amour pour le dessin. Alors qu'ici, Lebrac ne fait que réchigner et prédire des mauvaises choses que Gaston fera. Prunelle aussi était au fond bienveillant, semblait aimer Gaston. Et quand Gaston lui disait 'm'enfin, ton courrier en retard et tout ça, c'est très bien, mais il ne faut pas oublier les choses importantes dans la vie quand-même' alors Prunelle pensait 'Au fond il a raison.'
- Toute la rédaction d'ailleurs ne semble faire rien d'autre que d'attendre avec appréhension et fureur la prochaine gaffe de Gaston. Comme le dit cpierrealex sur Babelio "Il y a même l'irruption d'une forme de violence qui était étrangère à la version de
Franquin."
Et ce n'est pas drôle.
Ceci est un nouveau personnage Gaston, une nouvelle et différente rédaction de Spirou.
Mes excuses,
Delaf, je sais combien vous y avez travaillé, combien vous aimez Gaston, et oui, les dessins sont beaux. Il y a de bonnes trouvailles parmi certaines blagues, mais je ne retrouve pas l'ambiance de Gaston. Si bien que je ne suis même pas arrivée à terminer l'album. Même si c'est bien dessiné, mais je m'en tiendrai au Gaston de
Franquin.