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Ivan le terrible, Alexeï le rêveur

En imaginant le destin de deux frères engagés sur des voies politiques opposées, Harold Cobert réussit une fresque éblouissante, pleine de bruit et de fureur sur la Russie de 1910 à 1990. Un tour de force éclairant et éblouissant.

La famille Narychkine séjourne dans sa datcha aux alentours de Saint-Pétersbourg. Nous sommes à l'orée du XXe siècle et déjà les gamins perçoivent leur statut privilégié est bien moins enviable que celui du peuple, à commencer par leur personnel de maison. Une hiérarchie qui les empêche notamment de partager ne fut ce qu'un goûter avec leurs amis d'extraction modeste. Une situation qui leur déplait d'autant plus qu'ils sont tous deux amoureux de Natalia, leur soeur de lait, fille de leur gouvernante et de l'administrateur des terres familiales.
On comprend dès lors leur volonté de faire changer les choses, de réformer un pays qui laisse au tsar et à sa cour tout le pouvoir et toutes les richesses. Et puis, il faut bien s'opposer au père pour s'émanciper.
Mais alors qu'Ivan veut faire la révolution et s'engage dans un groupe secret de bolchéviks, Alexeï – auquel on prédit une future carrière de diplomate – veut abolir le tsar pour réformer en profondeur le pays et les institutions et le doter d'une constitution libérale.
Deux conceptions qui vont très vite devenir irréconciliables et pousser les deux frères l'un contre l'autre.
Quand éclate la Première guerre mondiale, Ivan défend les révolutionnaires qui entendent profiter du conflit pour faire triompher leurs idées, quitte à retourner leurs armes contre la classe dirigeante et Alexeï espère voir les élites montrer le chemin d'une démocratie apaisée.
Bien mieux que les livres d'histoire qui s'arrêtent tous à 1917, à la chute du tsar et à l'avènement de la Révolution menée par Lénine, Harold Cobert nous raconte ces années de trouble, ces moments où tour à tour les forces en présence progressent ou se voient soudain laminées au gré de circonstances que ni les uns, ni les autres ne maîtrisent vraiment. Après le coup d'État raté de Kornilkov, Kerenski se voit vainqueur, mais son pouvoir aussi s'étiole. «À l'image du soviet de Petrograd, désormais présidé par Trotski, les bolcheviks dominaient l'ensemble des soviets du pays, tant dans les grandes agglomérations que dans les campagnes. Les moujiks, lassés d'attendre les mesures agraires sans cesse repoussées dans l'expectative brumeuse de la convocation d'une Assemblée constituante, avaient pris leur destin en main. Ils avaient procédé au partage des terres, allant jusqu'à brûler les propriétés des maîtres récalcitrants et à assassiner sauvagement leurs anciens oppresseurs. Lorsque la nouvelle était parvenue sur les lignes de front, les conscrits, majoritairement d'origine paysanne, avaient commencé à déserter pour rentrer dans leur village natal et participer à ce mouvement.»
On imagine aisément la violence brutale, les exactions sanglantes, l'aveuglement idéologique d'un pays qui se rêvait en paradis du peuple libéré et se retrouve en enfer.
Un enfer qu'Ivan va mettre toute son énergie à construire, allant même jusqu'à tuer ses parents pour prouver qu'aucun aristocrate ou tenant de l'ancien régime ne se mettra désormais en travers de sa route. le voilà en totale adéquation avec Staline déclarant: «La mort résout tous les problèmes. Pas d'hommes, pas de problèmes.»
Avant d'ajouter «La mort d'un homme est une tragédie. La mort de millions d'hommes est une statistique. Et les tchékistes sont appelés à devenir les meilleurs statisticiens du monde.»
Harold Cobert, qui s'appuie sur une solide documentation, va nous entraîner dans cette Union des Républiques Socialistes Soviétiques qui va supprimer les libertés les unes après les autres, qui va asseoir un pouvoir dictatorial grandissant au fil des années.
Après avoir vainement tenté de résister à ce rouleau compresseur, Alexeï va être contraint à l'exil. Après avoir traversé un pays exsangue où «les paysages d'apocalypse et les charniers se succédaient les uns aux autres dans une monotonie funèbre. Partout, le même chapelet de villes et de villages fantômes, pillés, saccagés ou incendiés; partout les mêmes tableaux d'exécutions massives dont les dépouilles avaient été abandonnées en des tas de chairs putréfiées à même le sol ou dans des fosses hâtivement creusées et laissées à ciel ouvert; partout, la même litanie de corps mutilés, violés, éventrés, brûlés vifs», le voilà prêt à mener le combat depuis l'étranger, aux côtés d'autres russes blancs qui ont réussi à fuir.
En suivant les deux frères, l'auteur réussit un roman tout en nuances là où les manuels d'histoire écrits par les vainqueurs pour les vainqueurs en manquent cruellement. Si l'idéal révolutionnaire devait justifier les pires exactions, le combat antisoviétique et la chasse aux communistes ne s'est pas davantage accompagné de scrupules. Cette vaste fresque, qui nous conduira jusqu'aux années 1980, résonne aussi fortement avec l'actualité. Elle nous livre quelques clés pour comprendre ce que ce peuple russe a vécu, ce qui constitue cette âme qui ne peut accéder au bonheur et qui n'aura, de fait, jamais goûté à la liberté.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu'ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.

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Je me suis laissée tenter par ce roman noir historique comme on voudra, car j'avais beaucoup aimé « Belle amie » de l'auteur qui imaginait une suite au chef-d'oeuvre De Maupassant « Bel ami ». L'aventure commençait bien avec la description de la famille Narychkine, aristocrates proches du régime tsariste et leurs deux fils Alexeï et Ivan.

Nous sommes en 1914, et le régime tremble, la famille impériale décrédibilisée par la relation toxique qu'elle a entretenue avec Raspoutine. Alexeï a choisi de rester dans les traces de son père, désirant devenir diplomate tandis qu'Ivan se laisse tenter par les idées révolutionnaires sous l'influence de Kolia, fils de leurs domestiques et de sa soeur Natalia.

Evidemment les deux frères vont suivre des chemins complètement opposés, Alexeï suivant les Russes blancs tandis qu'Ivan se liera aux Bolchéviks d'où une lutte fratricide, sur fond de jalousie entre les deux frères.

Au début, cette histoire m'a plu, mais avec les horreurs de la guerre de 14-18, puis de la Révolution, les exactions en tous genres, les tortures décrites avec une précision quasi anatomique, puis les tractations de Staline pour évincer, Trotski, m'ont soulevé le coeur. Bien sûr, derrière Ivan je voyais Poutine, alors nous faire revisiter les grands moments de l'histoire, les rencontres avec tous les personnages importants qui ont traversé l'époque communiste ne m'ont pas convaincue.

Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, même à Alexeï, ce qui était déjà un problème en soi, la scène où Ivan tue ses propres parents d'un coup de pistolet dans la nuque au nom de la Révolution a été terrible.

Je voulais approfondir un peu mes connaissances, car je l'avoue, si j'ai beaucoup lu sur le Nazisme, je n'arrivais pas à faire de même avec Staline et ses crimes, mais quand je vois que la Russie d'aujourd'hui le réhabilite et réécrit l'histoire,.. j'ai fini par survoler ce livre. On voit assez d'horreur comme cela,…

Je connaissais assez bien l'histoire des îles Solovki et ce qui s'y passait au moment du goulag, notamment la visite enthousiaste de Gorki, pour qui tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes. Comment ne pas relever la similitude entre la devise « par le travail, la liberté » avec celle des camps nazis ? ou les méthodes qui se ressemblent tant pour détruire physiquement et psychologiquement un être humain (comme ce fut le cas pour Alexeï Navalny)

Bref, ce n'était pas le moment de me plonger dans ce roman. En plus, mon esprit voguait vers Boris Pasternak et son fameux « Docteur Jivago »…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Les Escales qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur.

#LeRougeetleBlanc #NetGalleyFrance !
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Le Rouge et le Blanc d'Harold Cobert (Éditions Les Escales, 2024) est un roman historique qui débute à la veille de la première guerre mondiale, sous le règne des Tsars, puis durant la guerre civile russe et la naissance de l'URSS .


Il raconte l'histoire d'Alexeï et Ivan, deux frères opposés par que le destin politique du peuple russe, à la veille des révolutions de 1917.


Le roman s'inscrit dans une veine littéraire déjà bien explorée, et peine à se démarquer de ses prédécesseurs. L'intrigue est convenue et les personnages manquent sérieusement d'originalité. le style d'écriture, bien que correct, n'est pas exempt de défauts : l'auteur ne parvient pas à soutenir un style narratif correct, celui-ci est ruiné par des lourdeurs et longueurs qui nuisent à la fluidité du récit. À cet égard, l'auteur augmente ce sentiment du lecteur par un manque de maîtrise de la narration : les points de vue ne sont pas clairement définis. Aussi, et par surcroît, les dialogues sont souvent artificiels et sonnent faux.


Sur le fond, le roman n'est pas exempt d'inexactitudes historiques. Certaines descriptions des événements de la guerre civile russe sont erronées, ce qui entache la crédibilité du récit ; il s'éloigne de ce que l'on peut attendre d'un roman historique.


En conclusion, le Rouge et Le Blanc est un roman décevant. Malgré son sujet intéressant, il souffre de nombreux défauts qui en font une lecture laborieuse. Il est difficile de le recommander, même aux amateurs d'histoire russe.

Michel.


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A travers le destin de ces trois personnages, Harold Cobert nous raconte une grande partie du 20ème siècle, vue par les russes. Avec eux, le lecteur balaye toute la période de l'URSS, de sa création à son déclin, en passant par les deux guerres mondiales. On assiste à la guerre civile, à la prise de pouvoir de Lénine, de Staline, à la montée d'Hitler, à l'apparition de la bombe atomique et surtout aux réactions de la Russie face à ces évènements.

L'écrivain utilise une petite histoire fictionnelle pour nous parler de la grande Histoire. Ces protagonistes, jouant un rôle important au sein des autorités soviétiques en place, ils participent aux matrices de décision et peuvent ainsi nous retracer l'évolution des différentes organisations au pouvoir.

Ivan et Alexei représentent chacun les deux utopies de l'époque : communisme et libéralisme. Sur leurs traces, on comprend que même si elles sont basées sur des intention légitimes ou du bon sens, elles conduisent irrémédiablement à des tragédies. Lorsque que l'Homme réfléchit à l'extrême, qu'il veut imposer ses idées, il n'hésite pas à renoncer à sa sagesse et à perdre de son humanité. Les mécaniques destructrices découlent souvent de bons sentiments !

L'auteur a dû déployer un travail colossal de documentation afin de dépeindre au mieux cette époque d'un point de vue russe. Grâce à ses acteurs représentatifs, il fait entrer le lecteur dans les processus de réflexion de ce peuple, aux coutumes et aux pensées assez éloignées des nôtres.

A mon avis, pour vraiment apprécier ce roman, il faut s'impliquer dans la lecture, qui s'avère foisonnante d'informations. Malgré la densité du livre, le talent d'Harold Cobert fait à nouveau merveille. Il rend ce récit accessible et attise notre curiosité sur ce morceau d'Histoire. Cette fresque historique et humaine m'a à la fois instruit et fasciné ! Une belle réussite !
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Alexeï et Ivan sont deux frères issus d'une famille aristocratique russe. À l'aube de la Première Guerre Mondiale et de la grande révolution russe, les deux jeunes hommes vont suivre des idées politiques totalement divergentes. Natalia, leur soeur de lait, pourrait bien également creuser un fossé déjà très présent entre les deux frères.

C'est un roman historique ambitieux, au souffle romanesque inépuisable tout au fil des pages que nous propose ici l'auteur. Pourtant, au début, j'ai dû m'accrocher et il m'a fallu un petit temps d'adaptation afin de bien assimiler la narration particulièrement dense. Une fois que cela a été chose faite, j'ai trouvé ce roman très intéressant à bien des égards.

Il faut dire que l'auteur a réussi à manier les éléments de son intrigue avec beaucoup de brio, les mêlant à un contexte historique fort. J'ai appris beaucoup de choses grâce à cette lecture, et je ne peux que demeurer admirative face au travail de recherches de l'auteur afin de retranscrire au mieux les évènements historiques.

Les personnages sont remarquablement dépeints, chacun avec ses idées et son caractère bien décrit et défini. Nous suivrons leurs péripéties tout au long d'une fresque historique très bien menée.

La plume de l'auteur est dense et précise. Avec une multitude de détails, il réussit a créer un véritable souffle romanesque qui ne faiblira jamais. Les petits chapitres permettent de rythmer l'histoire.

Une fresque historique ambitieuse à découvrir sans hésiter.
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Une magnifique fresque historique et romanesque de 1914 à 1989 en Russie. L'histoire de deux frères russes : Yvan, le plus jeune et Alexis, l'ainé.
Tous les deux ont envie d'un autre régime, plus juste, plus égalitaire, plus protecteur envers les plus pauvres.
Yvan, obsédé par le concept d'une société sans classes va radicaliser ses positions, soutenir Lénine, puis Staline. Peu importe le temps qu'il faudra, peu importe les morts, peu importe les moyens utilisés, «seul l'objectif compte, pas les moyens. »

Un intégriste du communisme (« le communisme élève l'humanité en l'arrachant à la nature, à la biologie, aux liens du sang. »), qui n'hésitera pas dans sa folie « robespierriste » à exécuter ses parents.

Alexis, très rapidement, comprend les dangers du communisme, prend ses distances avec son frère. Même s'il se fait rattraper par les installations coercitives et déshumanisées, des camps de « rééducation » qu'a mis en place son propre frère...

Une analyse psychologique très fine dans laquelle vont s'insérer, avec la même maîtrise, d'autres personnages, comme Natalia et Kolya, respectivement soeur et frère et amis d'enfance d'Yvan et d'Alexis. Puis les autres amis de jeunesse, qui même s'ils sont allemands et anglais, prendront part à la guerre froide des années post deuxième guerre mondiale.

C'est passionnant et parfaitement documenté. C'est simple : le lecteur est dans les champs de bataille en Russie, les « rouges » contre « les blancs ».
Les uns aussi déshumanisés, aussi violents que les autres.
« Rester vivant signifiait tuer. Bataille après bataille, l'âme scarifiée par l'assassinat de ses parents par la main de son propre frère, une soif inextinguible de sang avait gagné ses entrailles. »

Le lecteur lutte aussi contre les nazis, contre l'avancée des allemands puis leurs défaites. Il est présent également dans les premiers camps de « rééducation » russes où la barbarie est déjà présente, et dont Hitler va s'inspirer. Sans oublier la guerre froide, où la valeur de l'être humain est proche du zéro, face aux idéologies qui s'affrontent.

Bien sûr, on connait tous, les événements auxquels se réfère Harold Cobert.
Mais là, grâce à une plume puissante et juste, les mots se chargent de sens, de chair et de tripes.

C'est surtout un magnifique plaidoyer contre les guerres et tous les régimes totalitaires qui broient les opposants mais aussi ceux qui adhèrent consciemment à la cause, ceux qui se persuadent que la fin justifie les moyens.
Un engrenage dans lequel il faut toujours pousser plus loin la déshumanisation et la barbarie pour maintenir le système en place et se maintenir soi-même en vie.

Via un roman, c'est une analyse passionnante de géopolitique. Comprendre avec des êtres vivants mis en scène, les causes, les ressorts, les fonctionnements internes des régimes totalitaires.
« Il constata la poussée des forces politiques extrêmes dans la majorité des pays européens (…), tous fleurissant sur la misère et la rancoeur essaimées par la Grande Guerre »

Merci pour cette incarnation du siècle passé en Russie, puis en URSS. J'ai infiniment apprécié ce roman à l'alchimie parfaite entre le scénario tendu, la justesse de la plume et la psychologie de personnages bien campés, très crédibles, attachants ou répulsifs. Surtout pas caricaturaux.

Quel souffle et quelle puissance dans cette épopée historique que j'imagine facilement adaptée sur le grand écran.
Merci Harold Cobert !

Livre lu dans le cadre du Prix Orange 2024.
Je remercie Lecteurs.com et les éditions les Escales pour ce bonheur de lire.
instagram : commelaplume


Lien : https://commelaplume.blogspo..
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Dans la pure tradition des romans russes ce livre nous plonge dans l'histoire tourmentée de la Russie du XXème siècle, de l'aube de la première guerre mondiale à la chute du mur de Berlin.
On y suit les frères Narychkine, Alexei et Ivan, deux jeunes aristocrates. Nés peu avant le siècle, ils sont inséparables et ils grandissent avec Kolya et Natalia, les enfants de domestiques de leurs parents, à un âge où l'amitié se joue des barrières sociales.
Mais à l'adolescence, leurs chemins divergeront. Alexei, l'aîné, dans le sillage de ses parents choisira le camps des blancs, inspiré par les thèses libérales et attiré par la démocratie. Ivan, plus fougueux et d'un naturel rebelle épousera très tôt la cause des rouges, reniera sa famille et se jettera à corps perdu dans la révolution communiste aux côtés des tchékistes. Et entre les deux Natalia, dont ils sont tous les deux épris, et qui creusera encore le fossé creusé entre eux par la politique.
.
Je lis généralement peu de romans historiques, goûtant peu à ce genre littéraire. Je ne suis pas non plus particulièrement attirée par la Russie. Deux éléments qui pouvaient me laisser redouter cette lecture. Et pourtant!
Après un démarrage un peu laborieux, je l'avoue, j'ai dévoré cette fresque foisonnante et j'ai pris autant de plaisir à suivre la destinée de ces deux frères qu'à revisiter l'histoire riche et mouvementée de l'Europe du XXème siècle. Parce qu'à travers les trajectoires d'Ivan et Alexei c'est l'opposition de deux visions du monde que nous offre Harold Cobert. C'est très documenté, très dense de références historiques, mais c'est aussi follement romanesque et les rebondissements nombreux m'ont complètement happée dans une intrigue qui tient autant au roman d'espionnage que de la fresque familiale. Sa réussite tient aussi à ses personnages. Complexes et tourmentés, très engagés mais pétris de failles et de doutes. Des personnages auxquels on s'attache et que l'on quitte à regret. Mais surtout, on le referme en ayant le sentiment d'avoir un peu mieux compris la complexe histoire de ce siècle que ce soit sur un plan historique, politique ou géopolitique. Mention spéciale pour les pages sur le goulag, terribles et sur les épisodes de la course à la bombe, passionnantes.
Un roman que je vous conseille vivement pour sa grande puissance narrative. Ambitieux, tragique et foisonnant
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Demain parait en librairie le nouveau roman de Harold Cobert, le rouge et Le Blanc, que j'ai eu la chance et le plaisir de pouvoir découvrir avant sa sortie. J'en remercie beaucoup les éditions Les Escales.

Le Rouge et Le Blanc est une grande fresque historique qui couvre le 20e siècle sous le prisme de l'histoire de la Russie.
C'est par les choix et les destins de deux frères, Alexei et Ivan, et de Natalia, leur soeur de lait, que nous allons revivre les grands événements de l'époque. de l'aube de la Première Guerre Mondiale à la Guerre Froide, en passant par la Révolution d'Octobre et la Seconde Guerre Mondiale, Alexei et Ivan vont devoir choisir un camp, au risque de devoir un jour s'affronter.

C'était la première fois que j'avais l'occasion de lire l'auteur et je dois dire que j'ai beaucoup apprécié ma lecture. J'ai rapidement été immergée dans le flot de l'Histoire avec un grand H, j'avais beaucoup de mal à reposer mon livre, que j'ai trouvé très addictif. C'est donc une réussite à mes yeux, même si je me dois de préciser deux points assez importants.

On est ici sur un livre très historique. Malgré la présence de nos trois personnages principaux, il ne faut pas imaginer ici une romance historique car vous seriez déçus. le propos principal du livre, c'est bien le destin de la Russie. A titre personnel, ça ne m'a pas du tout dérangée, car j'adore ce type de lectures. J'aurais même souhaité, à vrai dire, que l'auteur aille encore plus loin en ce sens, notamment en ajoutant une bibliographie de ses sources, ou une postface qui décrypterait le récit en relevant les faits réels. Je ne suis pas (loin de là) une spécialiste de la période révolutionnaire russe , des Goulags, ou de la guerre froide, et j'aurais vraiment aimé que l'auteur m'aide à faire la part des choses entre éléments fictionnels et réalité historique. C'est un peu mon côté historienne qui ressort je suppose :P

La conséquence de ça, c'est que j'ai parfois trouvé difficile de vraiment m'attacher aux personnages. le début du récit est très focalisé sur leurs choix et leurs destins, mais par la suite j'ai trouvé que le récit historique prenait le dessus. L'auteur choisit de faire d'eux des personnalités centrales qui vont côtoyer les grands noms de l'époque et avoir une importance parfois capitale dans L Histoire. Cela sert le récit "politique" mais au détriment de la fiction qui est un peu négligée. Les révélations les concernant, l'évolution de leurs relations, n'étaient pas assez exploitées à mon goût, et j'ai eu du mal à m'impliquer émotionnellement pour eux.
Je pense que le choix de la chronologie (qui s'accélère à mesure que l'on avance dans le temps) a contribué à cette impression. Il y a tant à dire sur l'aspect historique que les personnages deviennent un peu un prétexte à ce récit.
Ce roman m'a parfois fait penser à la Trilogie du Siècle, de Ken Follett, qui a, à mon sens, mieux réussi à combiner la grande Histoire et l'histoire de ses personnages. Mais à sa décharge, il avait beaucoup plus de pages pour le faire :P

Ces petites précisions peuvent peut être donner l'impression que je n'ai pas apprécié ma lecture, et ce n'est pas du tout le cas! J'ai passé un excellent moment avec cette histoire! Mais je pense qu'il est important d'en être conscient avant de décider ou non de se plonger dans le roman.
En ce qui me concerne, le l'ai lu très vite, et j'ai beaucoup apprécié cette plongée dans L Histoire. Ce roman a suscité chez moi une grande curiosité, et bien que je n'aie pas été happée émotionnellement, je l'ai été intellectuellement.
J'ai été très surprise de certaines révélations en fin de roman, mais pas de leurs conséquences. Je me suis souvent demandé comment l'auteur allait pouvoir clore cette immense épopée, et je dois avouer que la fin est réussie. J'aurais eu du mal à imager un dénouement très différent.
C'est donc une lecture très satisfaisante à mes yeux!
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Résumé : Russie, 1914, les frères Narychkine ne peuvent pas être plus différents : Alexei est d'un tempérament posé, réflechi, diplomate et répond aux attentes de son père alors que son cadet Ivan est impétueux, engagé, tourmenté et aime à tenir tête à ses parents quelqu'en soit le prix. Il aspire à débarasser la Russie tsariste des contraintes de classe pour que chacun dispose des mêmes chances.
Entre eux deux : Natalia et Kolya, enfants des domestiques sont leurs amis.
On suivra au cours du récit le destin d'Alexei, d'Ivan, de Natalia, de Kolya et d'autres de leurs amis sur des décennies dans une Europe déchirée par les guerres et révolution.

Avis : J'attendais beaucoup de ce roman dont les thématiques abordées m'attiraient énormément.
Je souhaitais suivre ses personnages, vivre à leur côté leur histoire. J'avoue que je suis déçue. Tout d'abord, la construction du livre n'aide pas à se repérer facilement (qui? quand? où?), on alterne les récits des uns et des autres vu de l'extérieur. Ce point m'a le plus interpellé : il m'a manqué le point de vue des personnages, ce qu'ils ressentent vraiment (ils s'interrogent parfois mais sans plus). Pourtant, certains évènements interpellent vraiment et pourtant le récit reste froid. (parti pris de l'auteur?). Par exemple, Ivan me parait très peu tourmenté par les actes terribles qu'il accompli sans sourciller.
Par ailleurs, le récit est souvent alourdi par des passages entiers de descriptions historiques assez brutes alors que c'est un genre que j'apprécie généralement.
J'ai également regretté la répétition des scènes de barbarie décrites et ressassées par Alexei à plusieurs reprises (les mêmes descriptions) sans que cela apporte réellement quelque chose au récit (pour le coup, âme sensible d'abstenir).
Enfin, le destin de nos "héros" est un peu trop caricatural et sert surtout de prétexte au récit : ils ont tout vu, ils vivent tous les grands évènements du XXème siècle, tous les grands en sont : Lénine, Staline, Trostky, Khrouchtchev, Hitler, Churchill, Oppenheimer...
En résumé, je n'ai pas réussi à me laisser emporter par le récit ni à comprendre les personnages et encore moins à m'y attacher un tant soit peu. Je pense que le parti pris de l'auteur était d'en faire davantage une analyse historique.
Mais à ce compte, et comme j'ai pu le lire, j'aurais apprécié d'avoir les ressources bibliographiques pour aller creuser les évènements évoqués.

Enfin, restons sur une touche positive, j'ai appris beaucoup de choses notamment sur la création des goulags et l'histoire de la Russie ce qui me donne envie d'en lire davantage.

Ce roman peut donc convenir à un public cherchant à rebalayer l'histoire du XXème siècle de façon agréable sans attacher trop d'importance à la narration en elle même.

#LeRougeetleBlanc #NetGalleyFrance



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Direction la Russie avec ce roman qui nous entraîne dans un souffle romanesque passionnant.

1914, dans le jardin d'une datcha en fleurs jouent trois adolescents, Ivan et Alexei deux frères dont le père est un riche industriel,  la mère aristocrate et Natalia leur soeur de lait dont la famille est au service de celle des frères.
Bien que Alexei ait la même vision que ses parents sur leur condition confortable et leur privilège, Ivan lui renie cette injustice et ne souhaite qu'une chose: l'avènement des classes sociales. Il ne rêve que de liberté et briser les chaînes qui l'entravent.

L'assassinat de l'archiduc François Ferdinand sonne le début d'une guerre dont chacun doit choisir son camp. Les deux frères se trouvent donc dans des camps opposés qui les séparent.
Au milieu des deux jeunes hommes se trouve Natalia, dont ils sont amoureux.

Une plongée dans la révolution d'Octobre rouge et dans la Russie sur plusieurs décennies qui en font une histoire captivante. Une fresque historique qui nous amène de l'aube de la guerre 14/18 à la chute du mur de Berlin, de la Russie à New-York en croisant Staline et Churchill.

Les histoires d'Alexei, d'Ivan et Natalia se croisent et nous emmènent dans les heures les plus sombres de l'histoire de la Russie et de l'Histoire.
Goulags, complots, trahisons, amour, amitié, services secrets.... Harold Cobert nous emporte par sa plume dans un roman plein de rebondissements que l'on a du mal à lâcher.

Une fresque historique passionnante et émouvante.
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