Comme le laissent présager ces 2 étoiles, je n'ai pas été captivée, ni convaincue par ma lecture ; ceci dit je vais tout de même commencer par des compliments pour...la maison d'éditions. J'ai beaucoup apprécié le texte de présentation de la collection Miroirs du réel, fondée en 2019 et dirigée par B. Macquart pour l ‘Harmattan.
Miroir grossissant, déformant de notre société, pour la confronter à ses travers de façon indirecte mais non moins avisée, voilà bien le sens et l'intérêt des lectures que j'affectionne, tout comme les créateurs de cette collection dont je trouve l'intitulé si juste et dont je savoure l'introduction « Loin d'un fantasme de divertissement dans lequel nous pourrions nous réfugier pour fuir les réalités du monde, [cette collection] nous montre au contraire, à travers ses textes, que l'imaginaire doit être perçu comme une extension du réel à des horizons plus vastes que ce à quoi le quotidien nous habitue ». du petit lait :)
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Mention positive également aux couvertures, dont l'image est cernée dans une sorte de hublot métallique circulaire, que j'ai interprété à la fois comme un miroir, ou comme une fenêtre sur le monde.
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Derniers compliments avant de devoir justifier ma piètre note : après les premières pages de présentation de la collection, la couv, je termine mon tour de livre en saluant la 4ème de couv qui a suffisamment piqué ma curiosité pour en faire mon chouchou de sélection masse critique mauvais genre d'octobre. « Quand les hommes en fureur répandent leurs poubelles sur la ville et que toute la cité devient une montagne puante, les souverains du monde souterrain y voient un signe de dévotion.
Après les avoir chassés pendant des siècles, les hommes dressent désormais des montagnes d'offrandes divinement infectes à leur gloire.
Les rats maintenant le savent, ils ont été choisis, ils sont le peuple élu. Et l'un d'entre eux est sacré roi. Il est temps pour ces deux peuples de se réunir et de vivre enfin ensemble. »
J'ai beaucoup aimé l'idée que ce que nous rejetons puisse paraître à d'autres une offrande, et même si ces autres sont de notre point de vue méprisables et sales, il ne s'agit que de notre point de vue. J'ai beaucoup aimé l'idée que l'imaginaire nous prête à concevoir le monde d'un point de vue tout à fait unique : celui des rats : quel monde allait nous donner à voir l'auteur ? Enfin ma curiosité fut tout à fait attisée par la question de la possibilité d'une nouvelle ère, où il y aurait eu un échange entre peuple des rats et peuple des hommes.
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Mon principal problème aura été que le texte de
Jeremy Niels Circus ne va pas au-delà de la curiosité générée par la 4ème de couv. Comme si son texte en était une version littéraire, illustrative, mais n'allant guère plus loin que ce soit en terme de développement romanesque ou de sens critique. Là n'est finalement pas le propos, j'ai dû me tromper de hublot.
Qu'ai je vu finalement par le hublot ? Hé bien ce n'est pas très clair...Un conte qui tâche d'être poétique ? Une allégorie qu'il m'a semblé ardue de déterminer ? Ce qui est sûr c'est que ce n'est pas ce que je m'attendais à voir, et que cela ne m'a pas passionnée, j'ai d'ailleurs lu en deux fois les maigres pages de cette nouvelle.
Un rat qui se croit élevé au rang divin par les hommes car les poubelles qu'il interprète comme des offrandes s'amoncellent dans la ville. Mais dès la première ligne, je constate que ce rat ne l'est pas au premier degré « Ce matin une odeur inhabituelle envahit ma chambre. » Est-ce ainsi que s'exprimerait un rat ? Dans un conte de Perrault peut-être, mais ce rat là est plus difficile à cerner. Et je comprends que la clairvoyance du propos, le miroir humain/ses rebuts ne va pas vraiment dans le sens attendu.
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Allégorie des laissés pour compte ?
Un rat qui semble parfois avoir figure misérable et solitaire, de ceux qui vivent en marge de la société « Affamé, le ventre hurlant, j'allais sur mon lit et m'enveloppais dans mon drap sale. Dans ce drap je me suis blotti quand j'étais malade, et m'y suis enroulé comme dans les bras de ma mère. Plus d'une nuit glaciale j'ai cru qu'il serait mon linceul quand la mort chuchotait à mon oreille. » p57.
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Allégorie christique ?
Les parallèles à la Bible sont nombreux, le rat étant l'élu de son peuple (à moins qu'il ne soit auto-proclamé? Comment? Pourquoi?) , le livre apparaît parfois comme une relecture des écritures saintes, sauce allégée rat. « L'agneau parfait siège à la droite du trône du père. Il m'enveloppe de son parfum de myrrhe et d'encens. A ses pieds la nature divine m'offre son herbe verte et ses arbres où poussent les fruits du paradis retrouvé. Ici vit un peuple dont je suis le serviteur dévoué. » p74. Cela aurait pu être une idée savoureuse mais, comme l'ensemble, cela manque de tenant et d'aboutissant.
Je me suis perdue dans les dédales des égouts et du paradis, avec ce rat, ou je n'ai peut-être pas du tout compris cette nouvelle. A gros efforts je l'ai lue deux fois pour pouvoir la commenter, mais la lecture ne doit pas ressembler à un chemin de croix.