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Bernabe Anaïs (Autre)
EAN : 9791034758753
128 pages
Dupuis (09/02/2024)
3.98/5   90 notes
Résumé :
Quand Marsu et Thom se rencontrent dans un congrès d'architectes au bout du monde, c'est un véritable coup de foudre professionnel. Thom, qui achète des droits d'utilisation virtuelle d'habitations remarquables, fait découvrir à Marsu, grâce à un casque de VR, quelques endroits paradisiaques. Marsu et Thom vont entamer une relation amoureuse dans ces mondes virtuels.

Dans la vie réelle, Marsu a un compagnon, Harry, qu'elle aime profondément et qu'elle... >Voir plus
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Allez, viens ! On va jouer !
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa première édition date de 2024. Il a été réalisé par Véro Cazot pour le scénario, et par Anaïs Bernabé pour les dessins et les couleurs. Il comporte cent-vingt-sept pages de bande dessinée. La scénariste a également réalisé Betty Boob (2017) illustré par Julie Rocheleau, et Les petites distances (2018) avec Camille Benyamina.

Quelque part sous les tropiques, sous un soleil chaleureux, en bordure d'une plage de rêve, dans une construction de plusieurs étages de forme ovoïde, l'architecte Marsu Chevalier est en train de parler à ce bâtiment qu'elle a conçue. Elle le rassure en lui indiquant qu'ils arrivent, ils viennent pour le rencontrer, des architectes comme elle, ou des bâtisseurs. Ils vont le regarder sous toutes les coutures et chercher tous ses secrets. Il n'a pas à s'inquiéter, ils vont l'adorer. Elle éprouve un petit recul quand le Cocon lui répond. Il a peur qu'ils ne s'essuient pas leurs pieds avant d'entrer, qu'ils lui trouvent des défauts, qu'ils ne le comprennent pas. Marsu comprend qu'il s'agit d'une personne en train d'imiter l'hôtel de l'autre côté de la cloison du balcon. le monsieur se présente : Thom Robinson. Il a assisté à la présentation de son projet à Nantes, pas loin de la salle de concert qu'elle construit. Elle répond que son mari Harry parle aussi beaucoup aux objets. Il est potier, il parle à ses pots, à ses outils, il a même donné un nom à son four. Thom s'allume une cigarette, Marsu lui demande du feu et elle s'allume une cigarette imaginaire. Elle a arrêté il y a cinq ans.

Plus tard, Marsu Chevalier présente son projet aux séminaristes rassemblés dans le grand hall : Les organes vivants sont capables de développer des stratégies complexes pour s'adapter aux contraintes de leur environnement. C'est une source d'inspiration extraordinaire pour construire des villes et des habitations écorégénératrices et durables. Conçu en collaboration avec des biologistes, le Cocon s'intègre parfaitement à l'écosystème qui l'accueille. Sa forme ovoïde est l'une des plus résistantes à l'usure et aux intempéries. Composé de matériaux issus du vivant, le Cocon respire et réagit à la lumière et aux températures intérieures et extérieures. Et elle commence à se demander s'il n'est pas sensible à aux émotions humaines. Elle demande aux auditeurs du premier rang s'ils ne l'ont pas vu rougir. Puis c'est au tour de Thom Robinson d'effectuer sa présentation : il est un architecte en réalité virtuelle et créateur de l'univers Athome. Il continue : Athome propose des espaces de rencontres de la simple salle de réunion à la villa de luxe. Il souhaite développer le marché du tourisme avec des lieux de vacances virtuels, une excellente alternative pour voyager à moindre coût. Athome recherche des partenariats avec des architectes de tous horizons, pour reproduire virtuellement les plus beaux hôtels, afin qu'un maximum de vacanciers puissent en bénéficier, l'hôtel étant dupliqué à volonté. Il s'adresse à Marsu car ce serait un immense honneur d'avoir le Cocon dans leur catalogue.

L'immersion produit son plein effet dès la première page : le lecteur se retrouve dans cet endroit ensoleillé, paradisiaque, se sent immédiatement proche de Marsu Chevalier, il est en agréable compagnie. le premier contact entre elle et Thom Robinson se déroule de manière naturelle et unique, apportant à la fois des informations sur leur personnalité et leur caractère comme lors d'une première prise de contact, un début d'information sur ce qu'ils font là, et également les prémices de leur relation. le lecteur observe leurs postures, leurs petits gestes : leur langage corporel montre qu'ils s'entendent bien dès cette rencontre, une forme de compatibilité d'état d'esprit. La seconde séquence se déroule avec la même sensation d'évidence : un congrès réunissant différents types de bâtisseurs, à la fois la présentation à d'éventuels investisseurs ou acheteurs, à de simples curieux, mais aussi des contacts potentiels entre différents professionnels. le lecteur déambule dans le hall monumental qui accueille les interventions des professionnels, il assiste tout naturellement à leur prise de paroles, dans ce cadre prestigieux à la lumière dorée et chaude. Il assiste en direct à la proposition de l'architecte virtuel d'intégrer la réalisation de l'architecte dans le monde réel. En trois pages, les autrices ont mis en place la dynamique du récit avec une élégance rare, une complémentarité parfaite, le lecteur étant déjà devenu l'ami et confident des deux principaux personnages, scénariste et artiste racontant comme une seule et unique personne. du grand art.

Avant toute chose, ce récit constitue une histoire d'amour, une variation sophistiquée sur plusieurs configurations, mettant à profit les nouvelles technologies. de ce point de vue, il s'agit d'un récit d'anticipation : dans un futur proche, les mondes virtuels ont acquis une consistance et une cohérence permettant à chaque individu de s'y créer un chez soi personnalisé, voire un foyer, d'y accueillir des invités, et, pourquoi pas, de le faire évoluer à deux ou plus. Les autrices mettent en place cette évolution technologique avec une grande habileté : l'accès à ce monde virtuel se fait par l'utilisation d'un simple casque de réalité virtuel, un modèle à peine plus performant que ce qui existe déjà, plus accessible. La narration visuelle montre la facilité de s'en servir, le rendant très plausible, ainsi que l'effet d'immersion dans la réalité virtuelle : l'artiste réalise les dessins correspondant à la réalité avec un encrage au crayon et une mise en couleur numérique, ceux correspondant au virtuel sont réalisés au crayon de couleur. le passage d'une réalité (physique) à l'autre (virtuelle) s'opère en douceur, sans contraste spectaculaire, ce qui contribue encore plus à rendre ce monde virtuel plausible et tangible, accessible, concret, un simple pas de côté par rapport à la réalité, tout en y étant très semblable, avec des éclairages différents permettant au lecteur de savoir s'il se trouve dans l'une ou l'autre.

S'il est familier des récits d'anticipation relatifs aux mondes virtuels, le lecteur apprécie à sa juste valeur la qualité de la mise en oeuvre qui permet de croire à ce procédé de vie virtuel, et de concomitance avec le réel. Il peut prêter attention aux détails : le nom Athome (une combinaison entre At home, c'est-à-dire au foyer, et avec le prénom Thom), la manière de nourrir ce monde virtuel avec les créations du réel, le confort qu'il présente visible dans chaque image avec des accessoires, des meubles, des lieux des aménagements qui combinent une sensation douillette et sécurisante, détente et relaxation à l'abri des agressions quotidiennes de la réalité. Les autrices ont conçu un équilibre qui rend cette virtualité d'autant plus plausible et probable, un dosage très bien pensé. Il se retrouve vite convaincu de la pertinence de baser ce monde sur les créations du réel, que ce soient les constructions architecturales, ou les éléments de la nature (faune et flore), avec quelques adaptations. le principe de transposer les grandes créations de la nature et de l'humanité dans le virtuel offre de fait une richesse et une diversité infinies, une familiarité rendant ce monde plus plausible et facilitant l'adaptation, limitant la déréalisation. Au cours du récit, le lecteur peut voir comment les personnages y apportent leur touche personnelle entre suppression des inconvénients (par exemple air pollué et bruits pour un fac-similé de New York), expurgeant les éléments considérés comme nuisibles ou indésirables, un monde toujours neuf et propre, nettoyé et désinfecté, assaini et édulcoré, dépourvu de besoin de maintenance, insensible aux effets de l'entropie. D'un côté, ce parti pris fait sens pour créer un monde virtuel cohérent d'une telle ampleur, restant simple à appréhender par chaque individu ; de l'autre côté le questionnement sur les attentes relatives à un tel monde est bien présent de manière sous-jacente. À chaque immersion dans ce virtuel, le lecteur éprouve un plaisir esthétique de chaque case qui lui fait, lui aussi, éprouver l'envie irrépressible d'y retourner, d'y séjourner.

Les autrices intègrent d'autres questionnements sur les mondes virtuels de manière tout aussi pragmatique. Marsu Chevalier (un autre nom chargé de sens) éprouve a priori une défiance pour cette technologie qui la coupe du réel, et elle fait l'expérience du temps qu'elle y consacre, presqu'à son insu, en tout cas contre son gré. le lecteur y voit le principe implicite du fonctionnement des réseaux sociaux dématérialisés : capter l'attention, la retenir, pour monopoliser un temps de cerveau disponible allant toujours en augmentant. Les échanges entre personnages et les mises en situation emploient un vocabulaire et des mises en scène terre à terre, tout en fonctionnant sur les principes du système de récompense, du conditionnement opérant, du processus de renforcement. Sous la narration douce et prévenante, les thèmes de fond sont bien présents. Vu sous cet angle, les autrices mettent en oeuvre un mode narratif ouvert à tous, avec la possibilité d'identifier différents éléments culturels pour ceux qui s'y sont déjà intéressés. Un exemple parlant réside dans la réparation d'une tasse par Harry : il l'a offerte à Marsu qui la laisse tomber dans un moment d'inadvertance, et il la répare avec une technique à base de laque saupoudrée de poudre d'or. L'image est très belle, servant également de métaphore pour recoller les morceaux dans une relation, et celui qui en est familier identifie l'art japonais du Kintsugi (ou Kintsukuroi).

Comme l'évoque la première scène, il s'agit également d'une histoire d'amour : Marsu et Thom partagent une même façon de penser pour ce qui est de leur mode de création, ce qui se traduit par une affinité spirituelle, et une attraction amoureuse. le lecteur peut littéralement la voir dans leur langage corporel, les expressions passant sur leur visage, leurs petites attentions l'un envers l'autre. Il est touché par leur gentillesse respective et cette intimité d'esprit. le champ des possibles du titre évoque celui de la virtualité, ainsi que celui des modes amoureux. Harry et Marsu forment un couple qui n'entrave pas leur liberté, l'un comme l'autre pouvant aller voir ailleurs, ce qui n'entame pas leur amour réciproque. Thom découvre même qu'il existe une forme de trouple avec leur amie Clémence. le monde virtuel ouvre le champ des possibles à d'autres configurations amoureuses pour la relation entre Marsu et Thom. le lecteur voit leur relation évoluer, l'attirance, les émotions positives qui en découlent et qui renforcent même les sentiments de Marsu pour son époux. Il voit et il ressent leur frustration quand le rapprochement physique ne fonctionne pas, quelles que soient leur envie et leur tendresse. La relation dématérialisée s'offre alors comme une évidence, y compris pour le lecteur, à la fois par la solidité et l'intelligence du dispositif Athome, à la fois par les dessins qui montrent ce monde virtuel, avec des touches expressionnistes discrètes et rafinées. Même s'il s'agit d'une évidence, cette relation est à construire, à développer, à faire croître en s'y impliquant, en s'adaptant à ses conséquences, pour les amoureux et pour le conjoint. Ce n'est pas du tout la même dynamique entre une relation physique et une relation dématérialisée.

Une histoire d'amour, un récit d'anticipation, une intrigue romantique non-conformiste avec des beaux dessins : tout ça et bien plus encore. le sentiment amoureux s'avère protéiforme : les réseaux sociaux et le distantiel, la réalité virtuelle offrent de nouvelles possibilités, ou en tout cas des moyens différents, s'inscrivant ainsi dans de précédents modes alternatifs comme les relations épistolaires, les textos, les sextos, les visios, etc. Les deux autrices explorent ce potentiel, au travers d'un roman chaleureux et solaire, avec gentillesse, et sans faiblesse. Comme le dit Clémence, Marsu est toujours à fond : à la fois consciente des risques d'addiction, à la fois déterminée à rendre féconde cette nouvelle forme de relation. Ces deux créatrices réenchantent le monde, savent en mettre en valeur le merveilleux, avec un esprit ludique. Un enchantement.
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Voici mon retour de lecture sur le roman graphique le champ des possibles.
Quand Marsu et Thom se rencontrent dans un congrès d'architectes au bout du monde, c'est un véritable coup de foudre professionnel.
Thom, qui achète des droits d'utilisation virtuelle d'habitations remarquables, fait découvrir à Marsu, grâce à un casque de VR, quelques endroits paradisiaques.
Marsu et Thom vont entamer une relation amoureuse dans ces mondes virtuels.
Dans la vie réelle, Marsu a un compagnon, Harry, qu'elle aime profondément et qu'elle ne veut absolument pas quitter.
Mais elle ne veut renoncer à aucune de ces deux relations..
Le Champ des possibles, c'est l'histoire de Marsu, une jeune architecte qui est en couple avec Harry, son mari.
Quand elle rencontre Thom, c'est un coup de foudre professionnel. Il lui fait découvrir la réalité virtuelle, et lui montre son travail.
Tous deux sont complémentaires, et très rapidement ils entament une relation dans le monde virtuel !
Mais la jeune femme aime toujours son mari, dans le monde réel !
Ce qui, soyons honnêtes, n'est pas évident même si la jeune femme ne cache rien, ou presque, aux deux hommes.
Marsu est un personnage attachant, même si je ne suis pas fan de son comportement. Certes, elle aime dans un monde virtuel, on ne peut pas dire qu'elle trompe réellement son mari.. Quoi que.. Quand même, cela se discute ;)
J'ai également apprécié les deux hommes de sa vie, Thom et Harry. Ils sont attachants eux aussi.
L'histoire est bien ficelée, les personnages sympathiques et l'ensemble donne un bon roman graphique.
J'ai apprécié les graphismes et la colorisation, c'est un bien bel objet :)
Le Champ des possibles est une fable sur les possibilités de la VR et ses dangers qui m'a beaucoup plu.
Je vous le recommande et le note quatre étoiles.
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Tout est beau dans le meilleur des mondes !
Oui, mais lequel ?
L'IRL – In the real Life – le monde réel,
ou
le VR -Virtual reality – le monde illusion ? (Remarquez que si vous prononcez IRL, on entend irréel. Quel micmac…)
Marsu éprouve une attirance croissante pour le monde de Thom, berceau de mille vies à la fois. Un monde sans limites, sinon celles du retour au réel, une fois le casque déposé.
La vie en chair et en os paraît bien étriquée, même si Marsu et Darling forment un couple ouvert, allant jusqu'à offrir un enfant à leur amie lesbienne et célibataire, en la laissant procréer avec Darling. Marsu sera la marraine de l'enfant. Quelle ouverture d'esprit… quelle confusion…
Elle, l'architecte, perd pied à naviguer entre IRL et VR. Surtout que le procédé ATHOME, comprenez at home, c'est-à-dire « chez soi », permet de vivre les deux vies simultanément, moyennant un implant dans le cerveau.
Néanmoins, des questions émergent sur le nouveau compagnon VR de Marsu lorsqu'elle en parle avec son Darling :
« Comment peut-il être aussi tiède dans le monde physique alors qu'on est aussi connectés dans le virtuel ? »
- Il se souvient peut-être vaguement que tu es mariée, réagit Darling.
L'amoureux est décontenancé, il souffre mais n'essaie pas de retenir Marsu, aspirée par la féérie d'ATHOME. S''il est possible de vivre deux vies à la fois, GO !
Plus je tournais les pages, plus mon malaise grandissait. Je me projetais dans un futur possible, modelé par l'industrie numérique - voir le Métavers – et j'étais attristé. Attention danger.
J'ai repris mes classiques, Serge Tisseron en l'occurrence, qui évoque la « rêvasserie », la matrice, dirais-je du virtuel.
"Celui qui s'adonne à cette activité est totalement dissocié à la fois de sa vie et de son imagination. Il a l'illusion que sa vie est trépidante (…)
(…) le problème est que tôt ou tard, cette personne sent que les gens qui attendent quelque chose d'elle sont déçus et se déçoit elle-même. La rêvasserie finit par la posséder comme un esprit malin auquel elle ne parvient plus à échapper. »
C'est ce que décrit très bien le champ des possibles. Les auteures semblent avoir un penchant pour la réalité artificielle, différenciée du monde physique par des couleurs criardes, des fonds hachurés et un trait brut, tandis que la palette du monde réelle est harmonie, douceur et beauté. Large coup de chapeau à Anaïs Bernabé.
L'atelier de Darling, la cuisine du couple « open », une corde à linge flottant au vent, sont des merveilles de finesse et d'accords chromatiques. C'est ce que je retiens de ce bel album, un feu d'artifice esthétique comme j'en ai rarement vu.
Le fond me laisse perplexe, le délire final m'a largué. J'ai donné libre cours à un décodage, probablement déplacé, si les intentions des auteures se bornent à nous divertir. Cependant, la réflexion s'impose si elles ont voulu transmettre un message subliminal sur les relations amoureuses, le mal-être, le mirage du virtuel.
Alors pur divertissement ou matière à penser ou fable sans parti pris ?
Je vous laisse forger votre opinion sur ce qui est donné à voir, à imaginer et à philosopher.
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Je remercie #NetGalleyFrance et les Éditions Dupuis pour cette merveilleuse découverte de #LeChampdespossibles de Vero Cazot et Anaïs Bernabé !

Thom Robinson, architecte en réalité virtuelle, vient découvrir l'hôtel "Cocon" réalisé par Marsu Chevalier. Elle conçoit des bâtiments écorégénérateurs et durables et explique que les organismes vivants sont des "sources d'inspiration extraordinaires" lors du ColloquEco qui ouvre l'album. Thom Robinson semble avoir le don d'ubiquité... et Marsu va découvrir le "champ des possibles" qu'il a ouvert avec son univers virtuel, Athome...

Je suis rapidement entrée dans l'univers graphique : à partir de la planche de la page 20, j'étais totalement conquise par l'esthétique d'Anaïs Bernabé ! le trait est fin, travaillé et subtil. La colorisation est parfaite, tout comme la mise en page des vignettes. J'ai quand même une légère préférence pour les illustrations pleine page (p45, p64, p88 par exemple) qui se rapprochent d'oeuvres d'art à part entière ! Je me suis même surprise à les attendre impatiemment !

Le scénario de Véronique Cazot est intéressant et bien mené. En passant par les histoires personnelles de personages évoluant dans un environnement un peu futuriste "mais pas trop", l'album interroge nos imaginaires au sujet du virtuel, de la construction, du couple, de la parentalité...
Ces thèmes m'intéressent énormément et l'album engage beaucoup de questions sur les univers "virtuels" : les liens qu'on y noue ne sont pas virtuels et peuvent se transformer en réelles relations, n'est-ce pas ? Dans ce cas, où est la frontière entre "réel" et "virtuel" ? Pas dans l'irréel, c'est certains... Peut-on vraiment insérer des frontières où ça nous chante dans un univers numérique ? Où commence la vérité et où s'achève l'imagination dans un monde parallèle au monde physique et présentiel ? L'album nous encourage à nous poser encore plus de questions de cet ordre... Et j'ai beaucoup apprécié cela !
Enfin, les personnages sont attachants, l'histoire est touchante, les illustrations portent magnifiquement les questions autant que les émotions : j'ai été très émue par la lecture de cet album ; coup de coeur
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Un titre qui explore la réalité virtuelle d'une manière originale mais convenue.
A moins que ce ne soit une version techno du triangle amoureux, du ménage à trois, enfin deux plus un.
Du "trouple" pour utiliser un synonyme contemporain très à la mode dans le monde occidental moderne :
"arrangement domestique dans lequel trois personnes décident de former un couple à trois, en habitant ou non dans le même logement. Dans un sens plus moderne, le terme fait référence à toutes relations amoureuses de polyamour, et sexuelles ou non, ou parfois uniquement sexuelles, entre trois personnes".
Ici on met en concurrence le monde réel et un couple "à l'ancienne" et le monde virtuel dans lequel la femme du premier couple trouve un deuxième partenaire plus ou moins virtuel (réels mais dont les "avatars" vont se rapprocher jusqu'...).
Voilà, c'est la base du scénario, avec des réflexions sur la fidélité, les frontières entre réel et virtuel, l'emprise de ce dernier sur le premier.
Tout le monde il est gentil, tout le monde il est beau et moderne. Il y a même une quatrième personne, lesbienne, qui a utilisé, avec la bénédiction de la femme du trouple, le compagnon réel du même trouple, pour exercer son droit à enfanter. C'est dire si tout ceci est consensuel et contemporain comme il se doit.
Graphiquement, c'est flashy, psychédélique parfois, puisque des effets visuels, les couleurs, rendent compte avec réussite des passages réel-virtuel et du brouillage des frontières.
Voilà, aujourd'hui (ou demain...), tout est possible comme le stipule le titre, pour le bonheur de tous. En tout cas c'est un album qui tente de nous en convaincre.
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critiques presse (3)
Bedeo
21 mars 2024
Une plongée dans un futur agréable et les méandres de la technologie.
Lire la critique sur le site : Bedeo
LaTribuneDeGeneve
03 mars 2024
Une biographie du monument des lettres, une pièce de théâtre flamboyant d’intelligence et une escapade extraconjugale numérique en BD.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
BDGest
22 février 2024
Le parti-pris scénaristique de Véronique Cazot est sujet à discussions car il y avait matière à aller rôder du côté obscur du metaverse et tutoyer ses limites plutôt que de s’en tenir à un propos par trop feel good et empreint d’une naïveté un rien militante.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
La vie s’écoule paisiblement sur Athome. Les cabanes poussent dans les arbres au fil des naissances. On passe le temps à regarder le ciel changer de couleur. On joue à inventer des fruits et des paysages. À voler et à se transformer. À se transmettre des pensées. À chanter, danser, nager et s’aimer. Sans danger réel, l’éducation est libre et insouciante. Les enfants s’épanouissent comme des fleurs sauvages. Les natifs grandissent comme ils en ont envie. Prolongeant l’enfance ou l’adolescence aussi longtemps qu’ils le souhaitent, selon leur âge spirituel. L’espace et le temps sont étirables et infinis. L’éphémère a un goût d’éternité.
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Les organes vivants sont capables de développer des stratégies complexes pour s’adapter aux contraintes de leur environnement. C’est une source d’inspiration extraordinaire pour construire des villes et des habitations écorégénératrices et durables. Conçu en collaboration avec des biologistes, le cocon s’intègre parfaitement à l’écosystème qui l’accueille. Sa forme ovoïde est l’une des plus résistantes à l’usure et aux intempéries. Composé de matériaux issus du vivant, le Cocon respire et réagit à la lumière et aux températures intérieures et extérieures. Et je commence à me demander s’il n’est pas sensible à nos propres émotions.
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Pour moi, c’est tout le contraire. Les réseaux sociaux, c’est du temps et de l’espace supplémentaires. Ces espaces virtuels facilitent les échanges humains. Ils nous ouvrent à d’autres dimensions. Ils élargissent le champ des possibles.
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Est-ce que ce n’est pas un échec tous ces moyens de fuir la réalité au profit d’une illusion ?
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À quoi ça sert de créer d’autres mondes si c’est pour reproduire la réalité ? S’imposer les mêmes règles, les mêmes limites.
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Videos de Véronique Cazot (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Véronique Cazot
Dans le 170e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente le parcours de Missak Manouchian, récemment entré au Panthéon, à travers deux bandes dessinées sorties récemment chez Les Arènes BD et Dupuis. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie de l’album Copenhague que l’on doit au duo Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Rijsberg, publié aux éditions Dargaud - La sortie de l’album Le champ des possibles que l’on doit au scénario de Véro Cazot, au dessin d’Anaïs Bernabé et c’est édité chez Dupuis - La sortie de l’album L’homme miroir que l’on doit à Simon Lamouret et aux éditions Sarbacane - La sortie de l’album The Velvet underground, dans l’effervescence de la Warhol factory que l’on doit à Koren Shadmi et aux éditions La boite à bulles - La sortie de l’album Sept vies à vivre que l’on doit à Charles Masson et aux éditions Delcourt dans la collection Mirages - La réédition de l’album Mauvaises herbes que l’on doit à Keum Suk Gendry-Kim et aux éditions Futuropolis
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