L’Église appelait sorcières toutes les femmes érudites et mystiques, les prêtresses, les bohémiennes, les amoureuses de la nature, les herboristes, ainsi que toutes celles « qui montraient un intérêt suspect pour le monde naturel ». Les sages-femmes étaient également poursuivies et mises à mort pour l’utilisation hérétique de leurs connaissances à des fins de soulagement des douleurs de l’enfantement. Après tout, ces souffrances, arguait le Vatican, n’étaient que le juste châtiment d’Eve, qui en consommant le fruit de la connaissance du bien et du mal avait perpétré le péché originel. En trois cents ans de chasse aux sorcières, cinq millions de femmes furent ainsi brûlées sur le bûcher par l’Église.
La force de ta foi se mesure à la souffrance que tu peux endurer.
Les aveugles sont ceux qui ne voient que ce qu’ils veulent bien voir.
Le Prieuré, comme tant de sociétés secrètes européennes opposées à l'Eglise, avait considéré l'anglais, pendant des siècles, comme la seule langue européenne pure. À la différence du français, de l'espagnol et de l'italien, toutes dérivées du latin - la langue du Vatican - l'anglais était linguistiquement préservé de la machine de propagande de l'Eglise romaine, et c'est pourquoi elle est devenue une langue sacrée et secrète dans les Fraternités assez savantes pour l'apprendre.
C’est l’ignorance qui nous aveugle et nous égare.
Je crois que la Bible sert de boussole à des centaines de millions de gens sur cette terre, au même titre que le Coran, la Torah ou le Canon Pali. Si vous et moi avions la possibilité de fournir au monde des documents probants qui contredisent les croyances des musulmans, des israélites, des bouddhistes ou des animistes, devrions-nous le faire ? Prouver que Bouddha n'est pas né d'une fleur de lotus ? Ni Jésus d'une vierge ? Ceux qui connaissent bien leur foi comprennent qu'il s'agit de métaphores.
La souffrance est salutaire.
Vinci avait certes composé un impressionnant ensemble de tableaux à thème religieux, mais cette richesse ne faisait qu'alimenter sa réputation de duplicité spirituelle. Si Leonardo Da Vinci avait accepté des centaines de commandes lucratives du Vatican sur des thèmes chrétiens, c'était pour financer son train de vie et ses recherches scientifiques, plus que pour illustrer ses croyances personnelles. Doué d'un tempérament espiègle, il prenait un malin plaisir à mordre, sans en avoir l'air, la main qui le nourrissait.
Lorsque deux cultures s'affrontent, c'est toujours celle des perdants qui disparaît.
L'ombre projetée des pinacles était déjà longue lorsque Langdon et Sophie garèrent leur voiture de location sur le parking situé au pied du promontoire. Ils s'étaient un peu reposés dans l'avion qui les avait amenés de Londres à Edimbourg, sans toutefois pouvoir trouver le sommeil, tout à l'incertitude de ce qui les attendait au bout de leur voyage. Levant les yeux vers la masse sombre du monument qui se dressait contre un ciel chargé de gros nuages gris, Langdon se sentit comme Alice sur le point de tomber la tête la première dans le terrier du lapin blanc.