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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'avais emprunté le regard féminin dans le cadre de mon cours de littérature générale et comparée, où nous travaillions sur les adaptations cinématographiques. Puisque j'avais choisi une scène de violence sexuelle à analyser dans mon dossier, avec pour thématique la violence à l'image, je me suis dit qu'il serait intéressant de lire Iris Brey.

En effet, la critique Iris Brey est spécialiste des représentations du genre au cinéma et dans les séries télés. Elle a donc publié cet essai qui traite du regard féminin et du regard masculin (qu'on appelle aussi female gaze et male gaze). Il s'agit de la manière de filmer les femmes et de les mettre en scène.

Si je m'étais au départ surtout intéressée au chapitre intitulé "Le viol" (dans le cadre de mon dossier pour l'université), j'ai rapidement eu envie de tout lire, tant le propos était intéressant. Grâce à Iris Brey, j'ai appris de nombreuses choses sur la façon qu'on les réalisateur•rices de filmer les personnages féminins, avec un regard féminin ou un regard masculin. L'autrice site de nombreuses références, ce qui donne envie de creuser et d'aller regarder différents films.

Ainsi, le traitement opéré par le female gaze est une "révolution du regard" (comme l'indique le titre de cet essai), une autre manière de filmer les femmes, d'un point de vue féministe et non patriarcal. Cela m'a amenée à réfléchir à ce que je regardais et au regard que je pouvais porter, et il est clair que cet essai fourni et très intéressant me fera réfléchir quand je visionnerais des films ou des séries !
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Iris Brey reprend dans cet essai le concept de « male gaze » développé par la théoricienne du cinéma Laura Mulvey dans les années 1970. Une majorité de films seraient mis en scène de manière à présenter au spectateur un point de vue masculin sur les femmes, qui s'en trouveraient réduites au statut d'objets du regard. le spectateur est invité à prendre du plaisir en observant les corps des femmes (le « gaze » c'est le regard qui fixe), à travers des plans qui les sexualisent. La thèse d'Iris Brey, c'est qu'il a existé, et ce dès les débuts du cinéma, un autre cinéma, qui invite les spectateurices à ressentir l'expérience des personnages féminins, jusqu'à entrer dans un partage d'expérience actif avec elles. C'est ce principe filmique qu'elle appelle le « female gaze ». Brey se sort bien de la critique de la binarité de genre sous-jacente à sa démarche théorique (pourquoi revendiquer un female gaze face au male gaze à une époque queer et fluide?), en disant simplement que l'expérience spécifique des femmes (de toutes les femmes, trans et cis, avec ou sans enfants etc.) n'est pas encore sortie de sa place marginale, pas plus qu'elle n'a fini de déranger. le livre revient alors sur l'histoire du cinéma en traversant un corpus de films qui mettent en oeuvre un female gaze. Ce parcours passe par des noms attendus, comme ceux d'Agnès Varda, Chantal Ackermann, Jane Campion ou Céline Sciamma (ce qui ne veut pas dire que leurs films aient été beaucoup vus), mais il explore surtout les marges du cinéma, en présentant les films (entre autres) de Maya Deren, Dorothy Arzner, Barbara Hammer, Barbara Loden ou encore de Marie-Claude Treilhou. le female gaze peut être mis en oeuvre par des hommes, et le livre contient une analyse passionnante du film Elle de Paul Verhoeven allant dans ce sens. le livre explore aussi un corpus sériel.
Cette mise en valeur de films souvent peu connus est à mes yeux l'un des aspects les plus stimulants de ce livre, qui sait nous inviter à aller vers ces oeuvres et à nous plonger dans des expériences de cinéma inédites, à partager un moment de la vie d'héroïnes qu'on aurait aimé rencontrer plus tôt. En tant que cinéphile et en tant que femme, je partage le point de vue défendu par le livre. Je pense en effet qu'une grande partie des films tournés aux XXe et au XXIe siècles représente très pauvrement la vie et le point de vue des femmes, donne une fausse impression de leurs désirs et de leurs expériences, voire les réduit au statut de potiches. J'ai toutefois une réserve concernant la forme du livre, dont j'assume qu'elle soit liée à ma formation académique. Je suppose qu'Iris Brey a voulu écrire un essai accessible à toustes, court et écrit dans un style compréhensible. Cette démarche est évidemment louable, mais je trouve que le propos gagnerait beaucoup de force en entrant dans une discussion plus approfondie avec le matériel théorique sur lequel il repose (l'approche phénoménologique des films, l'écriture féminine etc.), et en affinant les analyses de films. Dans la conclusion, Iris Brey montre que l'équipe rédactionnelle des Cahiers du cinéma à l'époque de Stéphane Delorme ne comprend pas les enjeux qui entourent le genre du point de vue au cinéma, et reste bloquée dans une perspective critique sexiste. Or, à mes yeux, les Cahiers de Delorme (du moins ce que j'en ai lu), représentent un idéal de ce qu'on peut faire en terme de profondeur critique. J'en conclu que j'aimerais lire (et écrire) des textes qui marient une écriture sensible, subtile, qui va explorer les complexités des oeuvres et du monde, à un point de vue qui ne soit pas mutilé par son incapacité à comprendre la richesse du féminisme.
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Lecture qui m'a très agréablement surpris. N'y connaissant rien en cinéma, je m'attendais à être un peu perdu dans le propos. Cependant, grâce à une écriture fluide, l'autrice nous happe dans l'histoire du cinéma au féminin. Iris Brey démontre aisément à quel point il s'agit d'un médium tenu par les hommes pour les hommes; tout en présentant nombre d'oeuvres qui révolutionne cet art en mettant la perception féminine au centre.
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Encore un hasard de l'actualité ! Terminer [ 𝘓𝘦 𝘳𝘦𝘨𝘢𝘳𝘥 𝘧é𝘮𝘪𝘯𝘪𝘯. 𝘐𝘳𝘪𝘴 𝘉𝘳𝘦𝘺 ] le soir où la direction de l'Académie des César a démissionné. Iris Brey doit être satisfaite...
Quant à son essai, si je l'ai ouvert avec des idées préconçues et une envie plutôt moyenne de m'y plonger, j'en ressorts assez agréablement surprise.
Surprise d'avoir apprécié cette lecture . Un texte plutôt facile à lire, pas trop de chiffres, de statistiques ni de pourcentages. Quelques termes techniques : vous apprendrez ce que " Freud nomme la scopophilie,[ ce ] regard voyeuriste qui vole l'image de l'autre."
Vous découvrirez comment le " regard masculin" filme les femmes, sa manière de les rendre désirables aux yeux des spectateurs hommes, comment ce même " regard masculin ", ce " mâle gaze" montre des scènes d'agressions faites au femmes, telle que le viol. Et ce depuis des décennies, car déjà utilisé par Renoir en 1946 !
Quelques cinéastes ont un autre regard, " un female gaze". le film Wonder Woman avec son héroïne sortant d'une tranchée ( et non filmée en morceaux ) et avec des gros plans non sur ses attributs physiques ( seins, fesses,...) mais sur ses accessoires ( bouclier, lasso,...) en fait partie. Moi qui ne suis pas très cinéphile, je pense que je vais avoir un autre Regard désormais.

Mais je continue à rester une fan de James, même si ses Girls sont filmées selon un "mâle gaze
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Il suffit de regarder des affiches de films pour y voir des femmes réduites à leur physique ou transformées en objets. Quand le visage des hommes est très souvent visible, les femmes, elles sont régulièrement représentées par une bouche, une paire de jambes ou de seins. Quelques réalisateurs et réalisatrices échappent à cet écueil, en adoptant une manière de filmer différente. Celle-ci a un nom : le female gaze. Iris Brey avance une définition de ce concept dans le regard féminin, une révolution à l'écran. A l'aide d'analyses de films et de séries de toutes les époques, elle rend compte de la manière de filmer de plusieurs cinéastes (souvent des femmes) et de ce que cela dit sur eux/elles. Parce que oui, choisir de filmer une femme autrement qu'en la sexualisant est l'affirmation d'une manière de penser. Choisir de mettre à l'écran des expériences féminines (règles, avortement...) est assez rare pour être souligné. Ce texte est une bouffée d'air qui donne envie de croire à une nouvelle façon de penser le cinéma. Cependant, je n'avais pas le bagage pour en saisir toutes les subtilités et j'étais parfois en désaccord avec des analyses initiales qui ont servi de base à l'autrice pour y développer certaines théories.
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