En moyenne, le nombre de femmes âgées qui, au cours d'une année, sont victimes de violences physiques, sexuelles et/ou psychologiques commises par leur conjoint est estimé à 244.000 femmes en 2022. Les trois quarts des victimes ont entre 20 et 45 ans. C'est un véritable problème de société qui entraîne plus d'une centaine de morts par an dans les cas les plus extrêmes.
La jeune Morgane va en faire l'amer expérience dans un calvaire abominable. Yassine l'a bat dans une terreur domestique quasi-quotidienne malgré la présence d'un enfant. Cette BD nous raconte son calvaire et surtout comment tout a commencé avant de basculer dans l'horreur.
Quand j'ai vu la première scène de leur rencontre, au beau milieu d'un match de football, j'avoue que ma première réaction a été le dégoût absolu mais visiblement ce sentiment n'est pas partagé par Morgane qui a manqué incontestablement de clairvoyance. Je ne dis pas que c'est sa faute mais elle aurait pu sans doute par un jugement plus sain s'éviter tous ces multiples ennuis. Certaines femmes aiment vraiment les bad-boys quand le monde est également rempli de gentils garçons. Je sens que je vais me faire allumer mais bon, c'est ce que je ressens. Certes, les apparences peuvent être trompeuses.
Pour autant, évidemment, je compatis au malheur de cette femme qui a été prise dans un engrenage infernal. Il lui faudra beaucoup de courage et de détermination pour en venir à bout ce qui peut donner de l'espoir pour d'autres femmes également victimes de ces beaux-parleurs infects ne respectant pas l'autre.
Cet Hassine est vraiment un type haïssable comme il en existe malheureusement des dizaines de milliers qui ne respectent pas les femmes. le pire, c'est le combat judiciaire qui s'engage à la fin mais qui ne sera pas forcément gagné par la victime tant le système paraît incohérent et non protecteur.
C'est une BD évidement à lire et surtout pour les femmes afin qu'elles puissent mieux se défendre. Il s'agit de comprendre véritablement ces mécanismes subtils de l'installation de la violence au sein d'un couple car l'agresseur mène une véritable stratégie entre isolement, dévalorisation, inversion de la culpabilité, peur, secret et impunité.
Il serait temps que la Justice fasse son travail afin d'inverser le camp de la peur. Cependant, pour cela, il faudrait sans doute un peu plus de fermeté et une volonté manifeste d'aider ces pauvres femmes.
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Je me suis procuré cette bande dessinée sans savoir qu'elle était tirée d'un livre.
Le première impression est graphique, et elle n'a pas été bonne pour moi. Difficile de transposer la violence quotidienne en cases, de rendre compte des mouvements, des coups, de la haine et de la bêtise ordinaire... La violence est souvent stylisée en bande dessinée : dans la fantasy ce sont les combats à l'arme blanche, dans les polars ce sont les échanges de coups de feu, dans la sf les combats avec armes diverses... Bref rien d'enthousiasmant graphiquement avec un abruti qui proclame tout le long de la bande dessinée : "Je te défonce dans dix minutes" et qui passe à l'acte avec une régularité de métronome. le voir mettre des baffes et autres joyeusetés m'est apparu peu agréable à regarder.
Je me suis enfoncé dans le glauque des vignettes bleuâtres dignes de chambres d'hôpital avec une réticence se transformant progressivement en nausée.
Le scénario est bien sûr sans suspense, le ton est donné et pas de surprise.
Impossible de ne pas haïr le protagoniste principal et je n'ai ressenti aucune empathie pour la victime. le fils est là pour le décor.
Je me suis donc demandé si j'étais à ce point insensible pour ne pas frémir avec la pauvre héroïne qui consent à se faire maltraiter à ce point? En fait, finalement, mon questionnement m'a apporté la réponse, plus tard... C'est parce que cela dépasse mon entendement. On peut difficilement comprendre. Comprendre passe par un circuit de raisonnement et là ce sont des circuits que je ne connais pas, que je ne peux pas imaginer.
Pour avoir lu pas mal de témoignages récemment sur les violences sexuelles, j'arrivais à comprendre les motivations de dominations masculines et donc pouvait accéder à l'empathie envers les victimes. Ici, rien de tout cela. L'abruti est simplement un psychopathe, il n'y a rien à en tirer c'est évident... C'est évident ! C'est E V I d'E N T alors qu'est-ce qu'elle fiche à se laisser séduire par cet A B R U T I !
Voilà ! C'est ça la limite de compréhension. Qui m'a montré finalement que ces phénomènes d'emprise psychologique et physique sont sournois, puissants, inexplicables comme une espèce de drogue que l'on s'inocule presque sans s'en rendre compte.
Bref, à la fin, l'auteur et son dessinateur avaient quand même réussi à me faire accéder à cet état de doute.
C'est donc une bande dessinée qui ne laisse pas indifférent.
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En déambulant dans le rayon BD, je suis tombée par hasard sur cet ouvrage.
Le titre et la couverture m'ont interpellée. Après l'avoir feuilleté, je suis repartie avec et je ne le regrette pas.
J'ai lu cette BD d'une traite tant elle a accaparé mon attention.
Au cours de ma lecture, certains détails me faisaient penser à un témoignage que j'avais visionné dans un reportage sur le thème des femmes en danger suite aux violences conjugales dans l'émission « Dans les yeux d'Olivier ».
Après quelques recherches, il s'est avéré que le témoignage de cette BD correspond bien à celui qui m'avait marqué dans le reportage des années plus tôt.
Morgane a osé partir, se battre et témoigner. Elle a fait preuve d'un énorme courage.
Elle a d'abord relaté son histoire dans un livre homonyme et ce récit a ensuite été adapté en BD.
Ici, elle parle de ses quatre années d'enfer auprès de Yassine, son conjoint. Elle montre bien à quel point elle était sous emprise et comment ce dernier devenait de plus en plus violent.
Certaines planches sont difficiles à regarder car les dessins montrent explicitement la brutalité des gestes et on imagine très bien les scènes.
J'ai beaucoup aimé les tons bleutés utilisés pour le côté graphique avec parfois quelques touches rosées pour appuyer les gestes violents.
Les deux dernières pages nous informent sur la stratégie de l'agresseur de manière générale. On a également quelques tristes rappels en chiffres sur les homicides conjugaux en 2021 (sans oublier les hommes et les enfants qui peuvent également être victimes) et quelques mentions sur la prévention.
Un témoignage fort et poignant d'une femme pleine de courage qui a su partir à temps avec son enfant.
Je recommande cette lecture !
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"Il m’a volé ma vie" est un témoignage d’une grande intensité qui illustre l’une des pires manifestations de la domination patriarcale. Ne serait-il pas urgent de dire définitivement STOP ?"
Lire la critique sur le site : BDGest
Moi, je veux être libre ! Cesser d'avoir peur ! Aller de l'avant ! Rester debout, garder la tête haute, croire en l'avenir !
Combien de fois ai-je eu envie de lui dire : vas-y, frappe-moi, plus fort, qu'on en finisse ! Et j'en viens même à me dire que tout cela est de ma faute, ma seule faute à moi... J'arrive à m'échapper un peu en allant marcher le midi dans un parc qui n'est pas loin...
Il y a là-bas des statues "antiques" qui semblent me contempler de leur regard de pierre... Je me sens comme elles, figée, froide, douloureuse... J'ai la tête à l'envers, plus rien n'a de sens, tout s'effondre sous moi et je me noie dans une résignation honteuse. (p. 59)
Je me prends soudainement à imaginer... L'inimaginable, et pourquoi pas ?
Yassine perd soudainement le contrôle avec son quad, et percute de plein fouet un arbre ! Il meurt sur le coup, un malheureux accident.
Je pourrais aussi l'empoisonner, le pousser dans l'escalier...
Voilà où j'en suis. A fantasmer une mort qui me délivrerait. (pp. 76-77)
En cas de terrain glissant, et qui pourrait dégénérer, j'ai cette tactique : lui préparer un joint - qu'il ne refuse jamais - bien fort comme il faut...
Dans moins d'une heure, il s'endormira sur le canapé et ne réveillera qu'au milieu de la nuit... Un répit pour moi. (p. 89)
Dans le 168e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente Bobigny, 1972 que l'on doit au scénario de Marie Bardiaux-Vaïente, au dessin de Carole Maurel et qui est édité chez Glénat. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :
- La sortie de l’album Deux soeurs que l’on doit au scénario d’Isabelle Sivan, au dessin de Bruno Duhamel et qui est édité chez Grand angle
- La sortie de l’album Les dinosaures du paradis que l’on doit à l’auteur Mazan ainsi qu’aux éditions Futuropolis
- La sortie de l’album Vingt décembre, chroniques de l’abolition que l’on doit au scénario d’Appollo, au dessin de Téhem et que publient les éditions Dargaud
- La sortie du cinquième et dernier tome de Saint-Elme, un titre baptisé Les thermopyles que l’on doit au scénario de Serge Lehman, au dessin de Frederik Peeters et aux éditions Delcourt
- La sortie de l’album L’expert que l’on doit à l’autrice Jennifer Daniel ainsi qu’aux éditions Casterman
- La réédition dans une version collector de La bombe que l’on doit aux cénario conjoint de Didier Alcante et Laurent-Frédéric Bollée, au dessin de Denis Rodier et qui est publié chez Glénat dans la collection 1000 feuilles
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