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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« La plaine bleuie éclairait le ciel, cuivrait le ventre des nuages. Il n'entendait que ses pas dans la neige, le crissement de la glace écrasée par se souliers, un chien qui aboyait, une galopade d'écoliers en sabots, la buée de leurs souffles et, coulée entre les rideaux, répandue sur les jardinets étouffés, la lumière venue des fenêtres des villas. Il restait un moment devant la sienne à regarder l'intérieur des pièces dans lesquelles, il allait rejoindre les silhouettes familières qui glissaient d'une pièce à l'autre. Il restait là, voyageur au seuil de sa maison, et goûtait dans le froid et l'obscurité, la certitude de la petite main de son fils et du baiser de sa femme. »

Je referme ce livre particulièrement émue. J'y ai retrouvé la beauté de l'écriture de Michel Bernard, cette facilité avec laquelle les termes choisis, écrits, sont des passeurs d'émotion. Ses mots sont chargés de poésie mais aussi de sentiments, d'histoire, ils suscitent en nous des sensations, des réminiscences, des images. L'auteur réalise un travail d'orfèvre d'autant plus si l'on est sensible à la beauté. C'est aussi un ouvrage d'un grand amoureux des arts, fin connaisseur qui est habité par son sujet. Il parvient à nous faire comprendre que l'obsession de Monet, c'était le côté éphémère des êtres et des choses, des couleurs. Il transcendait son inquiétude par son amour passionné de la nature qui elle, se renouvelle.

A la lecture de cette autobiographie, magnifiquement romancée, on comprend mieux cette obsession du périssable et pour cause. Derrière le Maître incontesté de la peinture impressionniste, derrière la reconnaissance du Monde entier, que de douleurs, que de souffrances cette notoriété masque. Ce grand bourru, ce taiseux, que d'épreuves aura-t-il eu à traverser. La vie ne l'aura pas ménagé.

Je reconnais avoir une grande tendresse pour les impressionnistes. A la lecture de ce livre, je me suis rendue compte que je connaissais bien les oeuvres de Monet mais aussi à quel point je ne m'étais intéressée qu'au superficiel, sans prendre véritablement conscience, qu'une toile correspond toujours à une période de la vie de l'artiste, à son histoire, à l'impact ce celle-ci au moment de sa création. C'est ainsi que j'ai pu faire le lien entre l'oeuvre et la biographie de l'artiste. Les toiles ont défilé devant mes yeux mais replacées dans un contexte précis, source d'inspiration. Ma grande joie fut de retrouver Frédéric Bazille, croisé quelque fois. Pauvre Frédéric, mort à Beaune-la-Rolande, au moment de la guerre de 1870 dans des conditions effroyables, mort jeune, trop jeune. Tout commence par la jeunesse de Monet entouré de ses amis, Bazille, Renoir, Courbet, Manet, Sisley. Mais c'est l'apparition de Camille Doncieux qui bouleverse la vie de bohême du futur Maître. Elle sera le modèle avant de devenir le grand amour de Monet et son épouse. Nous avons toutes et tous admiré Camille. Elle est la belle silhouette en robe blanche que l'on peut admirer sur les toiles de Monet, elle est aussi Camille, devenue « la femme à la robe verte ». « de l'âme de cette femme était passée dans la peinture de Claude Monet, son mari ». Camille qui savait si bien l'apaiser en posant une main pleine de tendresse sur le front de son artiste de mari, prêt à gâcher une toile, mécontent de son ouvrage.

L'auteur chemine en compagnie de Monet et nous les accompagnons d'Argenteuil à Londres, de Londres au Pays Bas, des Pays Bas de retour en France pour se terminer à Giverny. de la reconnaissance à la misère puis de la misère à la reconnaissance et enfin à la notoriété. Deux guerres auront traversées la vie du Maître, 1870 et 1914/1918, et les deuils seront au rendez-vous marquant ainsi à jamais l'oeuvre de Monet.

Michel Bernard relate avec beaucoup d'émotion, le crépuscule de la vie de Monet. Atteint de cataracte, sa peinture s'en ressent et c'est sous la pression de Clémenceau, qu'il accepte l'opération. L'intervention ayant réussie, il pourra ainsi reprendre le pinceau et terminer les Nymphéas.

Au cours de la rétrospective au Grand Palais de 2010, j'ai pu voir les quelques tableaux qu'il a peint alors qu'il n'y voyait plus grand-chose, ce fut assez rude.

Monet veut offrir deux grands panneaux des Nymphéas à l'Etat. Ils seront dédiés en hommage « au million et demi de jeunes hommes qui n'étaient pas revenus des tranchées, pour ceux qui étaient morts à sa place en 1870 et tous ceux-là, les millions d'hommes et de femmes qui avaient aimé, souffert, travaillé et rêvé sur ce morceau de terre, dans cette partie du monde, pour en faire sous le ciel changeant, une des plus belles oeuvres humaines, le plus beau des jardins ».

Clemenceau lui a fait la promesse qu'une salle serait construite et aménagée afin de présenter son oeuvre au public : « Les grandes décorations » devenue « Les Nymphéas. En 1926, l'Etat avait rempli ses obligations. L'Orangerie était prête à recevoir les Nymphéas, une cinquantaine de panneaux furent donnés par le peintre à l'Etat. Monet avait ajouté une condition au contrat : « A condition que lui soit achetée une toile de sa collection personnelle, « Femmes au jardin » et qu'elle soit exposée au Louvre, au coeur de Paris, parmi les chefs-d'oeuvre du monde. Cette toile avait une histoire, un symbole cher au coeur de Monet.

J'aime me rendre au musée Marmottan-Monet lorsqu'il n'y a pas grand monde et m'asseoir au milieu de la salle réservée aux oeuvres de Monet. Je me pose et j'admire les nymphéas, je médite dans le silence. Aujourd'hui, cette étendue d'eau foncée me rappellera qu'elle porte au plus profond d'elle-même, dans son intimité, une vie faite d'amour, de bonheurs, de tourments et de chagrins.

Ce sont des livres tels que celui-ci qui permettent, au commun des mortels, non seulement de savourer un style d'écriture mais aussi de pénétrer l'intimité d'une icône sans difficulté et avec la certitude que l'auteur a tenté d'être au plus proche de la vérité. Un grand merci à Annette et Alain qui ont eu la gentillesse de me conseiller cette lecture.

NB : Vous m'excuserez pour la longueur de mon commentaire.
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Ce roman biographique de Michel Bernard n'a pas pour vocation de retracer toute la vie de Claude Monet. Avec délicatesse et dans une douce atmosphère feutrée chargée de nostalgie, Deux remords de Claude Monet retrace quelques pans de la vie du célèbre peintre impressionniste en mettant l'accent sur ce qu'il y avait de plus cher aux yeux du peintre : l'amitié, l'amour et bien sûr les jardins.
Si, en quittant Giverny, il nous reste de Monet une image de patriarche un peu bourru entouré d'une famille nombreuse, ce roman recadre un peu les choses. Il nous permet de comprendre avant tout à quel point l'amitié était importante pour Claude Monet. Lié d'une amitié sincère et profonde avec Bazille, Renoir, Clémenceau, et bien d'autres, Claude Monet aimera inviter ses amis chez lui et faire vivre sa peinture à travers leur regard. La guerre, cette tragédienne hors-pair, lui ravira bien trop souvent ses amis et il en gardera un souvenir amer.
C'est aussi un roman d'amour. L'amour qu'il porte à Camille, sa première épouse, sa muse, son souffle de vie...Âme discrète des tableaux peints à Paris, sur les plages normandes, à Argenteuil, Camille, à sa mort laissera un immense vide dans le coeur de Monet.

A travers cette biographie, Michel Bernard s'immisce avec tendresse et admiration dans l'intimité du peintre, dans ce qu'il a de plus cher. Mais, c'est aussi l'histoire d'un tableau qu'il veut nous narrer, celle de Femmes au jardin et par ce biais, mettre à jour la raison pour laquelle Claude Monet, soixante après l'avoir peint, a tenu absolument à ce que l'état lui rachète pour qu'il soit exposé au Louvre parmi les chefs-d'oeuvre du monde entier.


La lecture de cette brillante biographie en pointillés ne m'a pas vraiment laissé sur ma faim tant elle est admirable. Pour autant, en bonne gourmande, je n'en ai pas fini avec Claude Monet et compte bien me régaler d' une autre biographie dans les jours qui viennent.
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Michel Bernard se centre sur quelques tableaux de Monet, comme « le Déjeuner sur l'herbe, » peint en réponse au Déjeuner de Manet, peint trois ans avant, ou sa « Femme en vert. » Monet vient de rencontrer Camille, ils sont amoureux, et la figure de trois quarts, nous tournant presque le dos, présente tous les signes, dit l'auteur, d'une nuit d'amour agitée, et tous les ingrédients d'une grande peinture, qui plait immédiatement au public, alors que son déjeuner sur l'herbe ne plait pas tellement.
Dans les « Femmes au jardin » Monet, fou d'amour, peint Camille trois fois, seule la fiancée de Frédéric Bazille est peinte debout derrière à gauche.
Avec les reproductions de ces quelques tableaux, peignant Camille, le livre revient sur l'amitié qui lie le peintre à Renoir, à Fréderic Bazille, qui lui achètera « les Femmes au jardin, » cédé par la suite à Manet, et à beaucoup de peintres impressionnistes.
Bazille meurt très jeune à Verdun, il laisse un sentiment d'abandon à Monet, puisque ce dernier lui confirmait qu'il était un grand peintre. « Il devait beaucoup à l'admiration de Bazille ».
Car Monet ne sait faire que peindre, sans que ce besoin le comble ni jamais le satisfasse. Il recommence, il détruit, écoeuré par ce qui ne lui plait pas (Camille, comme Clémenceau, sauveront quelques tableaux de l'autodafé) pire encore, lorsqu'il pense avoir atteint une adéquation entre sa vision et ses couches de couleurs, il change. Il cherche, en génial peintre qu'il est, avec angoisse, inquiétude et colère, l'impossible traduction d'une insatisfaisante manière de voir la lumière, les ors des robes des femmes, leur blanc qui se juxtapose au blanc du sable.
Comme la nature change, que les couleurs de la mer et du ciel ne sont jamais pareilles, Monet change et méprise le fait d'avoir fini. Il recommence, après les longues séries des meules de foin et des cathédrales de Rouen, encore et encore, en une longue recherche jamais terminée. Ces séries sont intéressantes non pas par la répétition, au contraire, par la mise en évidence que rien n'est immuable.
Et il passe à autre chose.
Fixer l'impermanence, et ne jamais s'en satisfaire.
Avant les Nymphéas, lors de la mort prématurée de Camille, il la peindra, blanche sous un voile blanc, « pour montrer à la face du monde, une dernière fois, le visage » de la femme aimée. Sur la signature, en haut du t, il dessine un petit coeur.
Seul le tableau « la femme en vert » est exposé à Brème, les trois autres dont parle Michel Bernard peuvent être vus au Musée d'Orsay.
Avec poésie, avec tendresse, l'auteur tisse autour de ces toiles tout un pan de l'histoire du peintre. Depuis le manque d'argent de Monet, de l'aide qu'il recevra de Bazille, de l'aide qu'il recevra de Camille qui le calme doucement, de l'aide qu'il apportera aux démunis quand il sera reconnu le grand peintre qu'il est, de la souscription pour aider la veuve de Manet, de son opération de la cataracte ( un peintre aveugle, cela ne s'est jamais vu) de l'amitié avec Clémenceau, voilà une vie dévoilée.
Pourquoi Deux remords ? Deux morts, celle de Bazille, celle de Camille (rien n'est dit sur la mort de Jean son fils,), ce serait donc plutôt deux chagrins de Claude Monet.
En tous cas, excellent livre pour les amoureux de la poésie.
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Dès la jaquette avec le choix d'une oeuvre moins connue de Claude Monet, La pèlerine rouge , l'esprit du roman est annoncé.

Ce n'est pas évident pour un écrivain d'écrire quelque chose d'original sur ce peintre si célèbre sur lequel on a déjà tout dit .

La preuve s'il en est besoin , apparait lors de la première partie , puisqu'il est question de Frédéric Bazille, peintre lui aussi et ami de Monet et qui a été tué au début de la guerre de 1870,  le lecteur , interloqué mais intéressé va comprendre un peu plus tard la dette morale que Monet ressentira à la disparition de son ami.

La deuxième partie est celle de sa rencontre et de sa vie avec Camille Bontieux, son modèle qui deviendra sa femme et sa muse, celle aussi qui apporte un peu de sérénité à son tempérament insatisfait et exigeant vis à vis de ses créations.

C'est  l'époque des vaches maigres mais où tout est permis à l'esprit créatif de ces jeunes peintres, Monet , Renoir et Sisley dans une période historique tourmentée.

La dernière partie, celle que j'ai moins aimée, aborde la fin de la vie du peintre, plus conventionnelle, presque un inventaire testamentaire  .

Michel Bernard emploie un langage pictural imagé , on voit à travers ses mots et ses phrases se composer les toiles, les paysages évoqués entrainent vers la vision des oeuvres , les scènes de la vie quotidienne se fondent dans les peintures du Maitre . L'effet est souvent plutôt magique et j'ai fréquemment  interrompu ma lecture pour  rechercher de visu les tableaux que cela m'évoquait ...

J'ai également apprécié les quelques tableaux reproduits de façon fort correcte dans ce livre.

Un excellent moment hors du temps ! 


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Un récit au style raffiné, un tempo mesuré, et l'auteur nous emporte sur les traces de Claude Monet, en prenant pour origine de son roman la mort de Frédéric Bazille, tué en pleine jeunesse dans l'inutile guerre de 1870.
On passe ensuite de Camille à Claude, accompagnant l'artiste de Paris vers Argenteuil, puis jusqu'à Giverny où on assiste à l'élaboration des fameux nymphéas que l'on peut aujourd'hui retrouver au musée de l'Orangerie.
Un beau voyage sur les pas d'un artiste majeur qui a connu la renommée de son vivant, au contraire de certains de ses contemporains.
Un moment de lecture agréable et reposant.
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C'est une histoire à trois voix, une sorte de triangle non pas amoureux mais artistique. Une invitation à plonger dans l'oeuvre de Monet en redonnant chair à ce qui l'a influencé, une reconstitution à la fois érudite et poétique. Pas de secret inavoué, pas de mystère dévoilé mais un éclairage subtil sur ce qu'une oeuvre raconte d'une vie, dans une langue élégante qui vous guide pas à pas dans l'intimité du peintre.

Il est question d'amour et d'amitié, sentiments qui irriguent l'inspiration du peintre et lui permettent de traverser les moments difficiles d'avant la célébrité. L'amitié pour Frédéric Bazille, jeune peintre mort trop tôt sous le feu des prussiens et auquel il vouera une éternelle reconnaissance pour l'avoir soutenu à ses débuts grâce à l'aide de sa riche famille de viticulteurs du Languedoc. L'amour pour Camille, son modèle puis sa femme qu'il ne cessera de représenter jusqu'à cet ultime portrait, sur son lit de mort. Il y aura une autre épouse, une autre famille mais toujours, sur ses toiles et dans son esprit le visage de Camille.

Camille Monet et Frédéric Bazille. Deux voix, deux influences primordiales dans la vie et donc le travail du peintre. Car Monet, comme Vincent van Gogh vit pour la peinture, traduit ses sentiments et ses impressions sur la toile, recherche sans arrêt de nouveaux moyens d'expression, de nouvelles façons de rendre encore mieux ce qu'il ressent. Et c'est tout l'intérêt de ce roman que de nous rendre Monet éminemment proche, de nous donner à voir ses tableaux non pas sous le seul angle artistique mais comme les témoignages de la vie d'une petite communauté et celle d'une époque.

Toutes ces toiles, je les ai déjà vues, admirées, j'en connaissais certains détails historiques par bribes glanées au fil des expositions et des visites guidées. Je ne les verrai plus de la même façon à présent, elles me raconteront une tout autre histoire. Tout comme la maison de Giverny visitée il y a peu s'est soudain animée sous la plume de Michel Bernard qui en restitue l'atmosphère familiale et studieuse qui accompagna le peintre dans la dernière partie de sa vie jusqu'à sa mort en 1926.

C'est un très joli roman que nous offre Michel Bernard, délicat et plein d'égards pour l'un des piliers de l'impressionnisme dont il parvient à révéler l'intimité sans pour autant lui ôter son mystère. Puisant une matière romanesque fantastique au coeur même de l'oeuvre du peintre et la restituant au lecteur avec le talent d'un merveilleux conteur.

Laissez-vous guider, le voyage est plus enthousiasmant que tous les catalogues d'expositions réunis. Vous ne verrez plus du tout Monet comme avant.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Les artistes sont au second plan dans "Le bon sens", où François Fouquet peint le portrait de Charles VII et d'Agnès Sorel, et dans "Les bourgeois de Calais", qui relate l'amitié entre le maire de Calais et le sculpteur Rodin, et non Rodin lui-même. Dans ce roman-ci, en revanche, Claude Monet est au centre de l'ouvrage, du récit et de toute l'entreprise du livre : il n'est question que de lui, de son regard sur les paysages et les gens, et de sa peinture. Il faut donc s'attendre à de longues pages descriptives, puisque la description est la traduction littéraire du portrait ou du paysage. On sait d'ailleurs, que "remords", qui figure dans le titre, rappelle le terme pictural de "repentir", adapté de l'italien "pentimento", mots qui appartiennent en propre au vocabulaire de l'art.
*
Il ne s'agit pas cependant d'un roman immobile et contemplatif : la vie familiale, amoureuse, de Monet y est présente, son évolution et son ascension vers la célébrité, couronnée à la fin du livre par l'amitié de Clémenceau pendant la guerre de 14-18, et la création des fameux Nymphéas, qui font partie, pour ce dernier, de l'effort de guerre, au même titre qu'une offensive sur le front. Au début du roman se trouve une autre guerre, celle de 1870, que le jeune Monet fuit, mais où son ami Bazille s'engage pour y trouver une mort prématurée. Ainsi, entre ces deux guerres, se construit une très belle peinture de cette France d'avant, qui brillait par ses artistes et sa vie intellectuelle.
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De Monet, je ne connaissais que certains tableaux. Lire cette biographie, nous permet d'approche au plus intime la vie de ce grand peintre. de vivre ses tableaux et pouvoir les admirer autrement. Autant certains peintres après avoir lu leur biographie me les ont fait fuir car leur personnage est plus qu'odieux, autant pour Monet, j'ai eu de l'affection et de l'admiration pour cet homme qui fut aimant et aimé.
C'est une belle lecture qui se lit comme un roman, fluide, lumineux et très bien équilibré entre la vie de l'époque à celle des tableaux.
Une lecture enrichissante et intéressante. Pour autant je n'ai pas ressenti le côté poétique comme certains lecteurs. Certes, le style est harmonieux pas assez sensible, pour être qualifié de poétique pour ma part.
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"Deux remords de Claude Monet, c'est comme un cadeau", disait ici même un certain TerrainsVagues qui m'excusera, je l'espère, de lui avoir emprunté cette juste comparaison (y'a-t-il des royalties à payer ?)
Ce cadeau, il l'avait "reçu" notamment de Piatka et de Lolokili avec moult éloges (c'est vous dire la valeur de l'ouvrage !), alors quand il a atterri dans mes mains, je n'ai pas hésité longtemps !

Comme mes illutres prédécesseurs, j'ai été conquis par ce style impeccable et par cette construction originale en trois actes, comme autant de cercles concentriques autour d'un peintre génial que je connaissais si peu... Sous la plume subtile de Michel Bernard, tout à fait en phase avec la virtuosité picturale de Monet, j'ai rencontré un homme attachant, possédé par son art, "fou de couleurs, fier, obstiné, sûr de sa main et de son destin". J'ai découvert aussi ses amis (Renoir, Manet, Courbet, Degas et le très sympathique Bazille), ses amours (Camille, puis Alice), et ses emmerdes, évidemment.

Voilà finalement une biographie remarquable, qui ne nous inonde pas de détails historiques rasoirs, mais qui reconstitue à travers quelques scènes légères ou dramatiques (et toujours pleines de poésie), l'atmosphère d'une époque agitée par deux guerres mais néanmoins féconde dans le domaine des arts.
De ses premières "Femmes au jardin" à ses ultimes "Nymphéas", des berges de Seine à celles de la Tamise en passant par la côte normande, Monet fuit la modernité de la ville, jardine au rythme des saisons et capture comme personne les reflets des eaux et les soleils couchants.
Que de belles descriptions et que d'émotions dans ces pages !

Merci donc pour ce joli cadeau et pour ce portrait lumineux qui nous invite peut-être, à l'image du maître, à prendre un peu de temps pour "regarder ce que nous montre l'univers".
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Deux Remords de Claude Monet est un récit à trois voix, Frédéric Bazille, Camille Doncieux et Claude Monet. La biographie, est d'une musique à trois temps, le temps de l'insouciance, celui de l'amour et le temps des chagrins. L'histoire d'une aventure picturale entre les mains de trois personnalités majeures aux destinées si différentes et pour deux d'entre elles éphémères, trois voix qui vont s'éteindre à la fin de chaque temps, Frédéric, Camille, Claude.

Ces trois destins sont liés indiciblement par quatre tableaux que Michel Bernard scrute patiemment comme un archéologue cherchant le sens des signes laissés sur la toile. Tout l'art de l'impressionnisme est contenu dans ces tableaux, dont l'histoire est racontée à travers les émotions de Claude Monet. Pourquoi une si forte conviction ?

Le nouvel éclairage de l'oeuvre de Claude Monet, comme des autres peintres cités, dont l'ami Frédéric Bazille, Renoir ou Manet, vient de la place donnée aux femmes à commencer par Camille au centre de cet essai.


Camille donne une dimension charnelle et romanesque à ce livre, par sa mort prématurée à l'âge de 34 ans, après la naissance de Michel, et la place qu'elle occupe dans les tableaux majeurs de Monet . En effet l'essentiel de ce livre sont les oeuvres choisies par Michel Bernard, que nous allons pouvoir suivre et admirer.
Le déjeuner sur l'herbe
La femme à la robe verte
Femmes au jardin
la Femme dans la neige avec sa capeline écarlate

Le premier temps du livre rend compte de l'engagement de Frédéric Bazille dans l'armée de la république , jusqu'à sa mort en 1870. C'est Bazille qui introduit le premier tableau, il pose avec Gabrielle, c'est « Le déjeuner sur l'herbe », ( 1866). Lui, on le reconnaît, avec ses jambes immenses. le tableau, aura un grand succès et assoit la place de l' impressionnisme.

Puis il y a les femmes au jardin où Bazille retrouve le visage aimé, les échanges entre les modèles, révèlent une passion naissante, ce tableau rejoindra le Louvre comme le symbole d'une volonté de remettre Bazille à l'avant scène. «Clémenceau, seul, savait que la grande toile figurait Camille trois fois et qu'à l'arrière-plan la quatrième figure était la jeune femme aimée de Bazille. »

Avec Camille Nous allons à la rencontre de la femme à la robe verte, la compagne qui a toujours un mot pour rassurer et lui dire « non n'y touche plus ». Vingt pages seront consacrées à cet amour qui se meurt, la femme à la capeline signant la dernière œuvre de Claude Monet avec Camille.

La dernière partie consacrée à Monet est une ode aux autres femmes qui sont là à ses côtés, Blanche et Alice, et aux nymphéas avec le soutient de Clémenceau. Des centaines d'esquisses ont été faites des nymphéas avant que celles exposées aux Tuileries explosent de beauté.

Cette mise en scène de Claude Monet est admirable, choisir puis donner du sens au travail de l'artiste convient si bien ici. Quelle magnifique idée d'avoir replacé les femmes au centre de son œuvre.
Je suis aussi pleinement heureux, de voir que celles qui ont été si associées à son travail trouvent enfin leur place. Ma vision de Monet a changé, je le voyais égoïste je le retrouve généreux (pensons à Olympia de Manet, souscription pour sa veuve).

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