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Un roman qui navigue à vue au milieu d'une tempête , bercé de nostalgie et porté par des personnages aussi atypiques qu'attachants .
C'est le portrait d'une tribu d'insulaires , rugueux et granitiques , pas toujours amènes mais soudés par une indéfectible solidarité face aux coups de tabac .
L'île des Maures , au large de Brest .
Si le lieu est imaginaire , il apparaît surtout comme la subtile symbiose de Molène , de Ouessant et de Sein , ces îles de marins et de pêcheurs gouvernées par les femmes et qui , de nos jours séduisent les touristes pour leur authenticité et le dépaysement .
L'île offre un refuge , le bar de Scarlette , où se réunissent les habitués et ceux qui viennent de " France ".
Tout ce petit monde va s'apprivoiser et nourrir un roman choral tout en gouaille , en causticité et en émotion .
Mais , c'est aussi un hommage touchant rendu aux marins bretons disparus en mer , aux pêcheurs , à ceux de la Royale avec souvent le rappel du drame de Mers el-Kébir : n'oublions pas qu'
Hervé Bellec fut prof d'histoire .
Ainsi, au fil des pages nous propose t-il un beau travail de mémoire .
L'ouvrage foisonne d'anecdotes culturelles , sociologiques , écologiques , historiques , politiques , le tout ponctué à faible dose de philosophie de comptoir pour alléger le récit quand il menace de sombrer dans trop de gravité .
Sinon , petite note de plaisir , on retrouve , entre autres , Baptiste , le narrateur de "
Lulu tout simplement ".
Des personnages , tous plus riches les uns que les autres . Des traits parfois à peine grossis ... oh ! à peine .
Du grand Bellec cette fois !
Cette fois et comme souvent devrais-je dire !
Fin conteur ,
Hervé Bellec a l'art de nous immerger dans une épopée tragique tout en offrant de belles tranches d'humour et , bien sûr , son roman regorge de tendresse , tout empreint de sensibilité et d'humanisme , le tout servi par sa très belle écriture .
Un excellent moment de lecture .
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