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EAN : 9782253250708
800 pages
Le Livre de Poche (15/05/2024)
4.24/5   151 notes
Résumé :
Dans le Harlem des années cinquante se nouent les destins de quatre adolescents : Julia, la jeune évangéliste qui enflamme les foules, Jimmy, son petit frère souffre-douleur, Arthur, qui manifeste déjà son talent de chanteur de gospel, et Hall, le frère aîné d'Arthur, qui s'apprête à partir pour la guerre en Corée.
Trente ans plus tard, la mort d'Arthur amène Hall à revenir sur leur jeunesse. Il tente alors de découvrir la folle logique qui a conduit la vie d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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“I say : brother help me please / But he winds up knocking me /Back down on my knees / There's been times that I thought/I wouldn't last for long/ But now I think I'm able to carry on/ It's been a long, long time coming /But I know a change is gonna come / Oh, yes it will”
( “A Change is Gonna Come”, Sam Cooke, “Mister Soul”, tué par balles en 1964)


Gospel charnel, libre et blasphématoire, cri de révolte qui, bien au-delà de «venger sa race», célèbre sa force vitale et sa capacité de résistance face à l'oppression, Harlem Quartet est un pur chef-d'oeuvre, et son auteur, James Baldwin, sans aucun doute l'un des plus grands écrivains nord-américains du XXe siècle, toutes couleurs confondues...

Testament littéraire de l'auteur, dernière des grandes fictions qu'il aura publiées (1979), ce roman d'inspiration autobiographique est rédigé dans une langue littéraire originale, magistralement incarnée, sensuelle et sensorielle, d'une très grande puissance émotionnelle, soutenue en même temps par une partition élégante, au phrasé quelquefois surprenant, travaillé moins de manière purement rationnelle qu'intuitive et spontanée, proche dans ce sens et dans la démarche même guidant son élaboration, du feeling à l'exécution et de l'improvisation omniprésents dans la tradition musicale noire américaine.

«Les nègres peuvent chanter le gospel comme nul autre parce qu'ils ne chantent pas le gospel, si vous voyez ce que je veux dire. Quand un nègre cite l'Évangile, il ne cite pas : il vous raconte ce qui lui est arrivé le jour même et ce qui va certainement lui arriver demain (...) Crunch ne chantait pas un voyage en Egypte il y a deux mille ans, mais sa mère, son père et lui-même, et ces rues juste là dehors, mon frère.»

Ces rues-là, en l'occurrence, sont celles de Harlem, arpentées par les quatre personnages au centre du roman qui y sont nés ou qui y ont vécu depuis leur enfance. Entre échappées plus ou moins longues qui les conduiront successivement, soit en tournées de chant à travers une Amérique contrastée et violente, toujours coupée symboliquement en deux, ou à l'étranger, en Corée pendant la guerre, sous un drapeau américain arborant pour le coup une seule et même couleur, ou bien en Afrique, en quête de sens et de racines, ou encore en Europe afin d'y respirer un air plus léger, ces derniers ne pourront cependant pas s'empêcher d'y revenir, de se rapprocher et de s'en séparer à nouveau, de s'y perdre et de s'y retrouver, comme dans un long et enivrant morceau de free jazz.

«Je peux voir ce que nous étions et ce que nous sommes devenus » - écrit Hal Montana en essayant de retracer l'essentiel de leurs vies. «Et tout s'est passé dans un clin d'oeil. Aucun de nous n'a vu son avenir arriver : nous avons vécu d'inimaginables états dans le présent jusqu'à ce que, brusquement, sans jamais avoir accompli un avenir, nous nous soyons retrouvés à déchiffrer notre passé.»

À travers les histoires croisés de ce quartet - Hal, le narrateur, ange gardien de son petit frère Arthur, chanteur de gospel devenu une star de la soul, retrouvé des années plus tard mort dans le sous-sol d'un pub londonien, Julia, enfant-prédicatrice puis égérie noire dans le milieu publicitaire new-yorkais, avant de tout plaquer pour aller vivre en Afrique, Jimmy, enfin, frère de cette dernière, précocement lucide et révolté -, James Baldwin dresse une galerie de portraits intimistes d'une époque et d'une génération secouée profondément par des mouvements d'émancipation.

Un témoignage poignant de la tension raciale régnant aux Etats-Unis dans les années 50 et 60, vu ici plutôt sous l'angle de personnages d'une grande densité humaine, et qui prendront corps pour le lecteur d'une manière très saisissante, tangible et réaliste. S'inspirant pour certains du parcours personnel de l'auteur (Arthur, comme Baldwin, est noir, artiste et homosexuel) ou de son entourage proche (certains aspects déterminants de la vie et de la personnalité de Julia font drôlement songer à Maya Angelou), le récit convoque aussi chez le lecteur, direct ou indirectement, de très nombreux souvenirs de cette époque charnière, ainsi que les ombres de certaines de ses figures les plus emblématiques : celles, bien sûr, de Martin Luther King, de Malcom X ou de Sam Cooke, mais aussi celles, tout aussi iconiques, d'un Miles Davis, d'une Billie Holiday, de Mahalia Jackson, Nina Simone ou Aretha Franklin.

Baldwin préfère ainsi raconter l'histoire de ces années-là, des violences et des combats qui les ont marquées d'un point de vue plus personnel, intimiste. Son récit est également dépourvu de revendications idéologiques ou de slogans identitaires, et ne cède jamais non plus à la tentation de l'auto-apitoiement ou de l'exaltation victimaire.

C'est surtout aux marques laissées individuellement dans la vie de ses protagonistes que l'auteur s'intéresse. S'il s'agit bien d'histoire américaine, celle-ci y est exposée à fleur de peau et à hauteur d'hommes et de femmes singuliers : il s'agirait avant tout de celle de la construction de leur subjectivité. L'auteur s'intéressera aussi à ce qu'ils pourront faire de ces marques douloureuses, y compris en les faisant approcher par moment ce qui, par devers le contexte de violence qu'ils ont connu et par-delà la haine que ce dernier a pu faire naître chez eux, leur permettrait éventuellement de les transcender et de se réconcilier malgré tout avec l'idée d'une fraternité possible entre les hommes. Il faut pouvoir malgré tout continuer à y croire, à rêver.

«Peut-être l'histoire ne se trouve-t-elle pas dans nos miroirs mais dans nos reniements: peut-être l'autre est-il nous-mêmes. L'histoire pourrait être bien plus que les sables mouvants qui engloutissent les autres et nous ont pas encore engloutis : l'histoire pourrait être en train d'essayer de nous vomir et de nous recracher.»

Harlem Quartet est également, et par-dessus tout dirais-je, un hymne sublime élevé à l'altérité. En tant que lecteur blanc, le temps de cette lecture, croyez-moi, on se teinte tout naturellement de noir, mieux encore, quelle que soit sa couleur de peau, elle incite chacun à s'affranchir de ses propres chaînes d'oppression, extérieures ou intérieures, nous le fait saisir tout en faisant souvent monter l'émotion aux yeux, excite en nous une salutaire rage de vivre malgré la souffrance que cela risque toujours d'entraîner, nous rappelle qu'en fin de compte c'est cette dernière qui, le plus souvent, nous rend plus forts, ou encore, pour reprendre les mots d'un de ses personnages qui résument magnifiquement cette démonstration, qu' «on ne peut renier ou mépriser l'histoire de quiconque sans renier et mépriser la sienne propre». C'est en somme ce que chante ce magnifique gospel scandé sous forme de roman.

Un pur régal!


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"Il faut du courage pour affronter la vie dans l'Amérique des années 1960. le chanteur Arthur Montana est retrouvé mort dans les toilettes d'un pub londonien à l'âge de trente-neuf ans. Il était noir, homosexuel et chantait le gospel. Son frère, Hall, se souvient.
James Balwin a écrit ce roman comme une tragédie. Il nous convie à vivre au rythme de la communauté noire américaine où la famille, la congrégation, sont des refuges où l'on se sent au chaud, en sécurité. « le rire résonne, les bavardages abondent : ils oblitèrent pour l'instant la souffrance et le danger permanents. » Avec lui, on espère le meilleur pour les rêves de ces hommes et de ces femmes, et l'on pleure le destin brisé des plus vulnérables. Leur vie, c'est la musique, comme un cri.
(...)
" Les nègres peuvent chanter le gospel comme nul autre parce qu'ils ne chantent pas le gospel… (…) Quand un nègre cite L'Evangile, il ne cite pas : il vous raconte ce qui lui est arrivé le jour même et ce qui va certainement lui arriver demain… »
Leur univers, c'est celui de l'Amérique ségrégationniste et plus encore celle du Sud. « L'air était rempli d'une humiliation, d'une frustration, d'une haine, d'une peur à couper au couteau. » Malgré tout, reste l'espoir de pouvoir vivre un jour ensemble. « Notre histoire c'est l'autre, voilà notre seul guide. Une chose est absolument certaine : on ne peut renier ou mépriser l'histoire de quiconque sans renier ou mépriser la sienne propre. Peut-être est-ce cela que chante le chanteur de gospel. »
Il y a du sacré dans ce roman qui nous apostrophe, un peu à la manière des chants qui convoquent le Seigneur. Nous sommes invités à « mettre notre maison en ordre » pour y accueillir la vie."
Elisabeth Dong pour Double marge (Extrait) https://doublemarge.com/harlem-quartet-de-james-baldwin/
Lien : https://doublemarge.com/harl..
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Lecture quelque peu essoufflée des 700 pages de ce roman ayant pour point d'ancrage Harlem mais qui étend son intrigue de la Californie, à la Corée en passant par Londres, Paris, Abidjan même et surtout le Deep South - foyer de tous les fantasmes et toute violence de l'Amérique profonde...
Essoufflant surtout cette course au-dessus des nombreuses fractures de la société américaine des années 50 et 60 : couleurs, races, sexe, statut social et religion.
C'est à travers plusieurs épisodes de la vie intime d'une poignée de protagonistes que James Baldwin construit une épopée à rebours, celles de ces jeunes en route pour leur destin qu'ils voient brisés ou qu'ils brisent selon les circonstances (guerre, drogue, violence sexuelle ou meurtres racistes).
La densité de l'intrigue vient de ce que l'intime peut autant se teindre d'érotisme sensuel que de conflits psychiques ou interpersonnels. On y trouve une réflexion en profondeur sur la différence non théorique mais vécue que ce soit à travers l'homosexualité ou le racisme pour aboutir à une vision plutôt noire - ceci sans mauvais jeu de mot - de la société américaine avec cette plongée en apnée dans l'effroi des communautés ségréguées de ces années-là.
La densité du récit s'abreuve encore de l'étrangeté du point de vue narratif à la fois interne mais souvent omniscient ainsi que de l'omniprésence de la musique et surtout du gospel dans lequel évoluent les personnages.
Je termine donc ce roman le souffle court, émerveillé de cette écriture rhapsodique et horrifié par les fractures profondes - irréparables ? - qui ont blessé et blessent sûrement encore la société américaine.
Merci à @Creisifiction de m'avoir donné l'envie de lire !
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« Je voyais combien tout cela paraissait d'une logique idyllique à Jimmy qui aurait ainsi de nouveau une famille, ou, peut-être, une famille pour la première fois. Il aurait Julia et moi et Arthur, chacun appartenant aux autres. Je comprenais aussi, au contraire d'Arthur qui ne le pouvait pas, que Jimmy avait probablement eu toute sa vie une passion pour Arthur. »

Deux fratries forment ce quatuor : Hall (qui est le narrateur) et Arthur Montana, ce dernier plus jeune que son frère. Ils se sont toujours épaulés et s'aiment vraiment. En face d'eux Julia et Jimmy Miller. Julia est l'aînée de Jimmy.

Si les Montana ont eu la chance d'avoir des parents attentifs et aimants, ce n'est pas le cas des Miller. Julia a été, enfant, une évangéliste célèbre, que ses parents semblaient aduler. Au point de maltraiter Arthur. Grâce à ses prêches, Julia faisait vivre toute la maisonnée sur un grand pied. Mais sa mère meurt d'un cancer non traité. Et son père abuse alors d'elle, ce qui couvait depuis longtemps tant cette relation fille-père était trouble. Elle n'aura de cesse de retrouver Jimmy, son jeune frère, parti vivre chez de vagues parents dans le sud des Etats-Unis.

Chez les Montana, l'amour de la musique a toujours été présent. Et Arthur devient un chanteur de gospel apprécié, qui deviendra une star de la musique soul. Il finira ses jours à Londres, d'une mort suspecte, alors qu'il avait presque 40 ans et que, momentanément brouillé avec Jimmy, son amour de toujours, il était seul dans un pub peu fréquenté. Cette mort, c'est ce qui pousse Hall à tenter de fixer par écrit tous ses souvenirs au sujet des amours et des brouilles de ce groupe de quatre.

Un autre quatuor, musical celui-là, a une grande importance dans ce roman. C'est celui que forment les jeunes Arthur, Crunch, Peanut et Red sous le nom de « Les trompettes de Sion », quatuor qui volera en éclat à cause de la guerre de Corée. Ces jeunes hommes connaîtront aussi une vie bien difficile.

Le roman avance par allées et venues entre les époques : début des années 1950, luttes pour les droits des noirs dans les années 1960, notamment dans le sud.

J'ai découvert l'écriture de James Baldwin avec ce très ample roman. Si je lui reconnais un ton bien particulier, une franchise certaine, j'ai tout de même été un peu perdu dans ce maelstrom de sexe, de sentiments et de souvenirs plus ou moins alcoolisés. Hall s'exprime pour tous les membres du quatuor et les voix ne sont pas toujours très distinctes. Et la fin décevante car expédiée avec facilité par le vieux procédé du rêve qui réunit une dernière fois les protagonistes. Mais le voyage en valait la peine.
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Me voici donc devant une feuille blanche, après avoir refermé une découverte aussi marquante que certains des plus grands classiques que j'ai pu lire. Sauf que cette fois-ci il ne s'agit pas d'un monument multi-centenaire, ou dont tout un chacun a au moins entendu parler.
Non, il s'agit du livre d'un auteur que j'ai découvert par hasard, devant Arte un soir. Happé par la force du propos dont je devais apprendre qu'il était celui de James Baldwin. Méconnu dans une librairie, en rupture de stock dans une autre, j'ai finalement commandé Harlem Quartet pour le découvrir. Découvrir une pensée choc dans le texte. Pensée choc, mais pensée humaine, pensée de la réalité.

Harlem Quartet est à la frontiètre entre le manifeste et l'autobiographie. Il nous fait pénétrer dans les drames les plus durs, de plein pied. Probablement parce qu'une partie est vécue, probablement parce que Baldwin était un penseur irremplaçable. Il nous fait pénétrer dans l'ordinaire du racisme vécu aux Etats Unis dans les années 50, et prouve de manière éclatante que tous les hommes sont égaux. Dans leurs pensées, dans leur grandeur et dans leurs bassesses.
Au passage Baldwin nous décrit aussi un amour homosexuel (deux ou trois en fait). Là encore d'une manière qui ressort si juste, naturelle, que le lecteur se retrouve libéré du poids de ce qu'un regard extérieur lui avait appris depuis toujours.

Baldwin. Penseur, philisophe noir américain des années 50 à 70, homosexuel, n'avait rien pour que d'ici, aujourd'hui, je le comprenne. Et pourtant il semble qu'il ait compris mieux que quiconque qu'il suffisait d'expliquer. Il se livre même à un exercice probablement autobiographique de son arrivée à Paris, en se transposant en Arthur l'espace d'un chapitre durant lequel le narrateur s'efface pour nous décrire comment il a découvert cette ville, et un amant réel ou imaginaire.
Coup de grâce. Cette folie qu'il voit alors, cette liberté, c'est celle qu'aujourd'hui encore nous avons tous voulu voir, qui sommes venus à Paris pour travailler, et avons commencé par découvrir cette ville en profitant un peu de sa nuit.

Bref, si vous ne lisez pas ce livre vous raterez quelque chose d'important. Voilà.
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critiques presse (1)
LeSoir
03 juin 2024
Un beau et dur roman sur le racisme, le combat pour les droits civiques et l'amitié.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Je voyageais avant l’époque de la surveillance électronique, avant l’arrivée des pirates de l’air et des terroristes. Arrivée pour laquelle les gens au pouvoir n’ont à blâmer qu’eux-mêmes. Qui a piraté plus, par exemple, que l’Angleterre, ou encore qui est plus doué dans l’usage de la terreur que mon malheureux pays (USA) ? (…) Un terroriste est ainsi qualifié parce qu’il n’a pas la puissance de l’Etat derrière lui – en fait, il n’a pas d’Etat et c’est pourquoi il est un terroriste. L’Etat, à la base, et en cas de coup dur, gouverne par des moyens de terreur rendus légaux – c’est ainsi que Franco a régné si longtemps et c’est l’indéniable vérité en ce qui concerne l’Afrique du Sud. Personne n’a appelé le défunt J. Edgar Hoover un terroriste bien que ce fût précisément ce qu’il était : et si quiconque souhaite dans ce contexte parler de valeurs de « civilisation » ou de « démocratie » ou de « moralité », vous excuserez ce pauvre nègre ici présent s’il met sa main sur sa bouche et ricane. J’ai enduré votre moralité pendant très longtemps, et je continue à me sortir péniblement de ce tas de merde : tout ce que l’esclave peut apprendre de son maître c’est com-ment être un esclave et ceci ne s’appelle pas de la moralité.
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Au cœur du problème entre Mère Bessie et lui, se trouvait le fait que le Seigneur venait précisément d’informer le révérend Parker que c’était un péché pour les femmes que de porter des boucles d’oreilles. Eh bien, ça c’était le genre de conneries, tu te souviens Hall, qui me troublait le plus. Enfin pourquoi diable le grand Dieu Tout-Puissant remarquerait-il que vous portiez des boucles d’oreilles ? (…) Mère Bessie sentait le vieux – les vieux vêtements, la vieille nourriture, le vieil estomac – et ça je pouvais m’en accommoder ; je pouvais même accepter l’idée de sentir ainsi un jour, comme je sais que je mourrai un jour. Mais le révérend Parker et presque tous les autres ministres du culte, ils puaient, eux, la corruption. Elles ‘exhalait de leurs mains, de cette lubricité de pharisiens – tellement visible quand ils mangent leur poulet du dimanche. (…) Et de ça, je ne pouvais pas m’accommoder.
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- Je me rappelle, intervint Florence, quand il a fallu changer de train à Washington et que tu a dû aller dans le wagon réservé aux Noirs ; quand tu n’as pas pu aller au wagon-restaurant avant que tous les Blancs aient terminé. Bon, bien sûr, tu ne veux pas manger avec des abrutis pareils – mais ça change tout. Je ne veux pas dire que j’ai envie de manger avec des Blancs. Ça (la déségrégation) rend simplement la vie un peu plus facile – ça rendra peut-être la vie de mes enfants un peu plus facile. Peut-être que c’est tout ce que je veux.
- J’arrive pas à trouver ça facile à avaler, dit Peanut. Ces gens ont le culot de se vanter de nous donner quelque chose qu’ils n’ont jamais eu de toute manière le droit de nous retirer.
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Puis je songeai à ces armées d’hommes et de femmes qui avaient construit les cités, les villes et les maisons sous moi, qui avaient traversé à pied ce continent, guettant la pluie dans les nuages et les vautours dans le ciel. Un incroyable moment dans l’histoire de notre race mais on avait menti quant au prix et on avait apporté aux sauvages une sauvagerie sans précédent. Les tribus Peaux-Rouges avaient raison : la terre ne doit ni s’acheter ni se vendre. Les Noirs avaient raison : un homme ne doit pas être utilisé comme un objet.
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Je peux voir ce que nous étions et ce que nous sommes devenus. Et tout s’est vraiment passé en un clin d’œil. Aucun de nous n’a vu son avenir arriver : nous avons vécu d’inimaginables états dans le présent jusqu’à ce que, brusquement, sans avoir jamais accompli un avenir, nous nous soyons retrouvés en train de déchiffrer notre passé.
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