Locus Solus Editions [corriger]

Un sacré boulot : cinq ans que je lis, compulse, annote des textes médiévaux pour écrire MA version d'Arthur (des milliers de pages de texte).



Tout est vrai, j'entends par là que chaque scène de ce livre provient de la légende médiévale, je n'invente rien. Mais tout est vu par mes yeux.



Bref, ce n'est pas un résumé, mais de la littérature.



Dans ce premier tome, on découvre la Bretagne (entendre la grande) encore vierge de toute présence humaine pour la voir se faire coloniser par une bande de troyens en exil sous l'autorité d'un certain Brutus. Ce dernier aura trois rejetons (et un bon copain) ce qui donne quatre royaumes qui se feront la guerre pendant quelques siècles. Une suite de rois (dont le Lear de Shakespeare, ce qu'on sait peu), d'assassinats, de querelles de succession jusqu'à l'invasion romaine. Même quand les romains sont là, les complots continuent ! Et quand ils partiront, ce sera encore pire. On appelle ça, les Âges Sombres.



Enfin, arrive sur le trône Uter Pendragon qui commence plutôt bien son règne, avant de le finir tristement. Celui-ci aura un fils qui connaîtra aussi quelques déboires, il s'appelle Arthur. Ça vous dit quelque chose ? Après des guerres contre les barons rebelles, les Saxons et les Romains, il établira enfin une paix durable.



Il a vingt-cinq ans, et la suite de son règne sera raconté dans les tome 2, 3 et 4 qui suivront celui-ci.



Bonne lecture !
Lien : https://www.tristan-pichard...

Quel beau voyage que cette ouvrage !

Un voyage dans le livre tout d'abord, un bel objet qu'on prend plaisir à feuilleter : la couverture rigide et toilée, les gardes d'un rouge profond, les pages épaisses.

Un voyage dans les illustrations : des gravures à la fois naïves et élaborées, avec un trait très personnel et des personnages tout en courbes, on les dirait façonnés dans de la pâte à modeler.

Un voyage dans l'écriture. Je dois bien avouer que cette lecture a bien enrichi mon vocabulaire et que l'auteur s'en amuse, tant il cumule dans certaines phrases des mots peu usités. Le voyage est aussi dans la poésie du texte, un texte qui berce même s'il n'est pas doux. Un texte qui envoûte par son élégance et son mystère.

Un voyage dans les histoires bien évidemment, mais là je laisse au lecteur curieux sa découverte.

Ce livre est une pépite, un livre qu'on glisse fièrement dans sa bibliothéque et qu'on prend plaisir à réouvrir de temps en temps pour venir y chercher un supplément d'art et d'intelligence, de cette culture qui serait le propre de l'humanité.

Mathurin Méheut fait encore parler de lui. Plus le personnage est sobre et taiseux sur sa vie privée, plus vous pensez bien que les secrets d'alcôve jalousement gardés s éventent à la faveur du premier changement d'air !

Ici, le musée de Lamballe expose un florilège des lettres ornées que Mathurin adressait à Yvonne Jean Haffen son émule et son élève qui a été dans ses basques pendant une trentaine d'années. Il était marié et côtoyait donc cette femme, parisienne, plutôt bien née, plus jeune que lui. Je n'en dirai pas plus, j'attendrai de voir l'expo de visu ouverte à ce jour jusqu'à début janvier 2025 pour déflorer le sujet. Ce sont pas moins de 1400 lettres que Meheut adressa à la chère dame. Bon, déjà on n’envoie pas 1400 lettres amicales à une femme sans que le couvercle saute à un moment donné! Ornées ou pas ornées, il y a bien du texte pour nous en apprendre plus sur la vraie nature de leurs sentiments respectifs.

Donc Meheut qui avait tout fait pour épargner au public cette complicité si proche se retrouve à l'affiche déballant tout le tralala ! Il se peut que j'aurai une réticence à lire un versant de son intimité quand il nous avait habitués à nous faire connaître sa chasteté à travers son importante production souvent liée à la Bretagne besogneuse comme chacun sait. Oui il n'a cessé d'arpenter la Bretagne entre les deux guerres, il l'a même écumée laissant ainsi parfois des miettes derrière lui ! le trait magique, le dessin sublime, les couleurs vives, l'immédiateté de son coup de pinceau ont fait de lui un des plus grands peintres gouacheurs de la Bretagne contemporaine, si ce n'est son meilleur ambassadeur.

Ivonne Jean Haffen était donc dans son sillage, des revues d'art ont souvent mis en regard leur production respective, donnant parfois l'impression qu'ils se tiraient la bourre.



Quoiqu'il en soit, Yvonne Jean Haffen n'est pas près de lui lâcher les baskets puisque maintenant on expose l'autre volet plus intime de leur relation.

J'entends encore quelqu'un qui va dire à juste titre mais pourquoi cette expo ne marche que dans un sens et qu'on n'a pas le retour, on en saura plus je pense de ce parcours anecdotique. Juste un bémol, l'oeuvre de Jean Haffen ne peut être considérée à l'évidence comme du même niveau que celle de Meheut ; elle est en rapport de portée épigonale, même si ce compagnonnage est fort instructif. Il est même probable qu'elle ait été un pigmalion pour Mathurin…