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Logique et Transcendance

D’abord indépendamment composés, les courts essais regroupés dans ce recueil nous conduisent progressivement au cœur d’une réflexion consacrée aux moyens d’intellection dont l’homme peut faire preuve pour connaître l’Absolu au sens de la Tradition primordiale.



Des mouvements successifs se distinguent. Les premiers chapitres sont consacrés à la critique du point de vue relativiste et phénoménologique qui caractérise la philosophie moderne (Kant et Kierkegaard, par exemple). Cette philosophie née du nominalisme prétend que la Vérité est inaccessible à l’homme et invente par conséquent des vérités médiocres et variables, empreintes de subjectivisme, prêtant ainsi le flanc à l’émergence du scientisme – puisque l’homme, quelque émancipé qu’il revendique être, ne peut demeurer longtemps sans certitudes.



Partant de ce constat, F. Schuon énonce la visée de son travail en tant qu’offrant « la possibilité d’une compréhension suffisante permettant, d’une part de sauver le patrimoine religieux contre les tentations de l’esprit scientiste partout présent, et d’autre part de réaliser une solidarité parfaitement logique et non sentimentaliste entre tous ceux qui admettent traditionnellement la transcendance et l’immortalité. »



F. Schuon apprend à son lecteur que le mode de pensée enseigné aux hommes dès leur plus jeune âge dans les établissements scolaires n’est somme toute qu’assez récent et contestable. Déclarer que nous ne pouvons rien savoir en dehors de ce que prouve la science constitue une lubie surgie de la terre molle des dernières pluies. La doctrine métaphysique, nous dit F. Schuon, n’est pas une option philosophique que peut réfuter l’homme adepte du libre-examen. Au-delà de la raison raisonnante, il existe en l’homme une capacité qui atteste de sa relation avec le principe : il s’agit de l’Intellect au sein plein du mot. Il nécessite toutefois de l’individu qu’il puisse savoir s’abandonner pour qu’elle se déploie pleinement. Ainsi, la Vérité ne dépend pas du raisonnement : elle se révèle, ou elle se précise intellectuellement. Il n’est rien de l’Absolu que l’homme ne puisse connaître dès ici-bas.



Il faut de même accepter de mourir un peu à soi-même pour lire ces essais tranquillement. Les certitudes de la foi, dévalorisées dans la contemporanéité, sont rappelées comme les effets de l’exercice de la seule intelligence qui vaille. De là découle pour l’homme une ligne de conduite que F. Schuon énonce simplement en rappelant qu’il existe « quatre choses à faire ou quatre joyaux à ne jamais négliger : premièrement, accepter la vérité ; deuxièmement, en avoir toujours conscience ; troisièmement, éviter ce qui est contraire à la vérité et à la conscience permanente de la vérité ; et quatrièmement, accomplir ce qui leur est conforme. » Ce message devient sans cesse plus difficilement entendable à mesure que le discours moderne ne cesse de s’approfondir dans ses mensonges et ses contradictions et ne cesse d’amplifier la tendance conduisant le vrai à devenir un moment du faux, ainsi que l’énonçait Guy Debord. Pour en permettre à nouveau la saisie, il devient nécessaire de préciser que la vérité dont parle F. Schuon n’est pas contingente ni contextuelle. Elle est la vérité telle que la Tradition a sans cesse essayé de la symboliser.



Au cours de ces essais, Schuon emprunte alternativement au champ sémantique du christianisme, de l’islam et de l’hindouisme pour exemplifier ses propos. L’objectif ainsi recherché de rappeler la cohérence principielle des différentes formes dogmatiques est parfaitement accompli mais la lecture en est significativement complexifiée.

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Outre-noir

Dur à croire que ce roman atypique, d'autant par son style aussi confus et cru que les personnages et le lieu qu'il décrit, soit l'œuvre d'un auteur sans connaissance empirique de l'enfermement en milieu psychiatrique ! Est-ce que l'intensité de la visite de Nathalie Vialaneix ne lui aurait donné le don de lucidité pour déchiffré les jeux d'opacité et de dominations qui se jouent en ces lieux fermés, éloignés, comme cet ouvrage qui a mon regard aimanté dans cette précieuse librairie poussiéreuse du centre ville d'Albi où les comptes se font encore à la main ?



La gravité de mes troubles n'est pas comparables à ceux de la narratrice, Juliette. Mais, habituée à être institutionnalisée, j'ai reconnu dans sa quête celle de mes jours les plus noirs- Outre-Noir ?



Telle une âme reposant le Festin Nu de Burroughs après que personne ne l'ait prévenue, certains se diront que cet ouvrage est un bien long naufrage - 171 pages - dont l'équipage du sens se remarque dans une semblance d'absence. Mais pour vous dire la vérité, je me suis reconnue dans cette absurdité. Certaines sensibilités politiques apprécieront les parallèles entre les discours de Nicolas Sarkozy - le livre a été publié en 2011 - et la Ferme aux Animaux de George Orwell. Qu'il est triste que je les trouve toujours d'une pertinence isolante près d'un an après ma première écriture de cette review en 2023. Je ne saurais dire ce que Vialaneix écrirait aujourd'hui, tant il me semble que la folie se fait plus commune en dehors des hôpitaux feutrés où les braves gens se rassurent de la savoir enfermée.



Pour être honnête, j'aurais bien du mal à résumer cet ouvrage-mais le sens se trouve ici, *a mon sens*, outre le noir de l'encre et des idées des ces "frappés" coincés en huis-clos, les gardes n'étant pas plus sains que les gardés, miroir kafkaien de la survie en psychiatrie, des deux côtés.


Lien : https://tombelapluie.fr/nath..
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Dernier delire du singe savant

La poésie grinçante d'André Bonmort égratigne l'homme et ses dérives.

Une poésie de révolte qui coule comme du miel sous le trait acide et qui ne manque ni d'ardeur, ni d'humour.

Le singe savant vous l'aurez certainement reconnu et autant vous le dire tout de suite : il va prendre "cher"!

Je ressens parfois une sorte de frustration face à ce que nous faisons à la nature, une impossibilité à exprimer oralement ces émotions qui me perturbent…

André Bonmort pose les mots juste avec tellement de lucidité, je m'y reconnais bien malgré moi et même si je fais beaucoup d'efforts. Je sais pertinemment qu'ils ne sont pas suffisants, peut-on vraiment lutter contre notre nature de singe savant qui veut tout dominer, pour être celui qui finit par casser ses "jouets" et même si ça lui coûte la vie ?

Le constat est accablant.

Alors bien sûr que ça bouscule, la poésie est faite de ça d'idées qui bousculent, de mots qui visent le cœur.

Je suis contente d'avoir renouer aussi sauvagement avec la poésie, c'est une belle rencontre malgré les thématiques lourdes et la somme de futurs gâchés par notre suffisance.

À travers sa poésie engagée, André Bonmort nous questionne et nous met face à nous même en nous demandant d'être plus humbles vis-à-vis du monde qui nous entoure…

"Petite branche

Et l'arbre de mon évolution n'est pas plus qu'un buisson

Je dois changer d'échelle, je me suis vu trop grand

(Autour : Honte à lui qui s'est vu trop grand, qui nous a vu trop petits !)

Petite hache

J'ai compris la leçon, ne couperai plus la branche sur laquelle je suis assis (…)"



Les éditions Sulliver sont basées à La Rochelle (autant dire chez moi, je vis du côté de Royan…), je les découvre à la faveur de ce premier texte militant et comme une première rencontre elle est porteuse d'espoir, d'ailleurs d'autres titres me tentent déjà…
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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