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Lebensborn

Pourquoi lisons-nous ?



Nous lisons pour nous divertir.



Nous lisons pour apprendre, pour satisfaire notre curiosité et notre envie de découvrir le monde.



Nous lisons quand nous sommes tristes, pour nous réconforter, pour nous changer les idées.



Nous lisons pour ne pas oublier. Ceux qui sont venus avant nous, leurs joies, leurs peines. Les épreuves qu’ils ont traversées pour qu’aujourd’hui nous puissions tenir ce livre entre les mains et nous dire « plus jamais ça ».



A tou.te.s celleux qui disent « oui, mais l’extrême-droite on a jamais essayé » avec une mauvaise foi évidente ou une ignorance qui prouve que nos institutions, et en particulier l’Éducation nationale, ont failli, la liste de livres à conseiller est tellement longue qu’elle donne le tournis.



Parce qu’il faut bien commencer quelque part, je vous propose Lebensborn, un roman graphique qui raconte l’histoire de la maman de l’autrice, née en 1942 dans une maternité nazie en Norvège. Pour le coup, c’est moi qui vais vous avouer mon ignorance – je ne sais pas comment c’est possible, mais jusqu’à très récemment je ne connaissais pas l’existence de ce programme mis en place par les Nazis pour assurer la naissance de parfaits petits Aryens blonds aux yeux bleus. (On ne m’en a pas parlé à l’école, c’est certain.)



Isabelle Maroger ne nous épargne aucun détail, sa grand-mère norvégienne qui tombe amoureuse d’un soldat allemand, le dit soldat qui reçoit une prime pour l’avoir engrossée, l’arrivée de la jeune fille dans une maternité nazie, la façon dont elle est pesée, mesurée, examinée pour voir si elle et son enfant rentrent dans les critères de cette sinistre politique eugénique.



Je vous invite, que dis-je, je vous recommande de lire cette histoire poignante, de son début effarant, cette remarque au racisme décomplexé adressée à l’autrice, jusqu’à sa conclusion qui fait chaud au cœur. C’est l’histoire d’une famille ravagée par la guerre qui se retrouve malgré les années et la distance. C’est l’histoire d’une guérison. C’est aussi et surtout une histoire vraie.



Et c’est d’autant plus important de vous en parler maintenant, au lendemain de ces élections catastrophiques et de la décision de Macron de jouer à la roulette russe avec notre Assemblée, que vous pourrez mettre le livre entre les mains de tou.te.s celleux qui vous diront « oui, mais si le monde va mal, c’est la faute des Arabes, de Me Too et des LGBT ; je vote Voldemort parce qu’il va défendre mes intérêts. » Si, comme moi, vous n’avez plus de voix et plus de salive à force de vous époumoner contre cette population raciste et sexiste qui a peur de son ombre et de toutes les minorités, reprenez votre souffle une dernière fois pour leur rappeler que l’extrême-droite n’épargne personne. Jamais.



Et si vous tombez sur des gens qui vous répondent qu’il y a pire qu’obliger des jeunes filles bien blanches à avoir des bébés bien blancs, force et courage à vous. Je fais encore des cauchemars sur ce que contenait l’ordinateur de mon père, qui adhérait à la théorie du grand remplacement. Il y a des blessures familiales qu’on ne peut pas guérir.
Lien : https://aujourdhui-je-maime...
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Lebensborn

A moins de parler d'animaux le terme "race" n'est plus utilisé par la majorité des scientifiques. D'ailleurs ce mot « race » a été supprimé en 2018 de l'article 1 de la constitution française.



Mais alors pourquoi perdure-t-il encore parfois dans le langage courant, dans la bouche de certaines personnes indélicates, peut-être un tantinet racistes ? Un jour, alors que l'autrice se promenait avec son fils, un beau bébé blond aux yeux bleus, une dame s'extasia devant la beauté de l'enfant et lâcha une phrase maladroite, qui se voulait être un compliment « ça devient rare comme race ». C'est à la suite de cette remarque déstabilisante, et hélas d'un autre temps, qu'Isabelle Maroger s'est enfin décidé à raconter son histoire familiale en images.



Elle-même grande et blonde, elle savait depuis toujours que sa mère était d'origine norvégienne et qu'elle avait été adoptée par un couple français. Ce qu'elle ignorait, même si elle en avait eu le pressentiment pendant un cours d'histoire au collège, c'est qu'elle était née dans un Lebensborn, une de ces « fabriques à bébés » créées à la fin des années 30 par Heinrich Himmler dans le cadre de la politique d'eugénisme et de promotion des naissances menée par Adolf Hitler. A cette époque, les nazis, sans aucune honte, glorifiaient une « race » dite supérieure ; la « race aryenne ». « L'empire nazi » était censé durer 1 000 ans ; sa population se devait en conséquence d'être d'une grande pureté. Non seulement les nazis construisirent les camps d'extermination mais ils multiplièrent, d'abord en Allemagne, puis en Norvège et d'autres pays européens, ces pouponnières destinées à accueillir de beaux bébés blonds, de bons petits aryens conçus pour la patrie et séparés de leur mère quelques mois après leur naissance. Dans les pays occupés les soldats nazis avaient pour mission de séduire les femmes qui correspondaient à des critères bien précis et de les mettre enceintes. C'est ce qui arriva à la grand-mère norvégienne de l'autrice, tombée très jeune amoureuse d'un militaire allemand.



Isabelle Manoger raconte avec beaucoup de douceur et de délicatesse l'histoire familiale et les répercutions sur les descendants. Tranches de vie, quête identitaire, recherche des origines, secrets et découvertes, de belles rencontres et beaucoup d'émotion. Sur un sujet scabreux, longtemps ignoré (jusqu'à la moitié des années 80) par les pouvoirs publics et les historiens, elle signe un roman graphique très touchant. Les graphismes sont légers et les couleurs très douces, beaucoup de rose parfois du gris clair pour différencier les époques. J'ai beaucoup aimé la première de couverture à dominante rose pale. Un paysage enneigé, un château élégant et une série de landaus sur un ciel coloré par le lever du soleil.

Une belle lecture que je recommande.
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Lebensborn

J'ai beaucoup aimé cette BD mais, j'avoue avoir été un peu surprise car je m'attendais à une BD vraiment historique qui parlerait des Lebensborns plus qu'un récit tranche de vie sur une personne qui y ait né.

Du coup c'est très intéressant et touchant malgré tout mais il m'a manqué plus d'éléments historiques (mais ça m'est très personnel). C'est une histoire vraie triste mais optimiste malgré tout dans son dénouement et je pense qu'il en apprendra beaucoup à tout ceux qui n'avait jamais entendu parler de ces lieux et de ces effets.
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