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Comment une espèce capable d'explorer Mars et d'inventer des vaccins peut-elle produire autant de fake news et de théories du complot ? Tout simplement parce qu'il existe des failles dans notre mode de raisonnement. C'est notamment ce qu'on appelle les biais cognitifs, qui trompent notre cerveau. Mieux les décoder permet de comprendre pourquoi on est leurré, manipulé. Et surtout comment se protéger et aiguiser notre esprit critique.
Pour nous éclairer nous avons rencontré l'un des penseurs les plus influents de notre époque : Steven Pinker. Il est une star outre-atlantique et son livre « Le triomphe des Lumières » (Les Arènes, 2018) avait été désigné par Bill Gates comme son « livre préféré de tous les temps ».
Dans cette vidéo, le psychologue cognitiviste et professeur à Harvard, nous explique d'où viennent les théories conspirationnistes et comment notre cerveau nous trompe. Enfin, il nous donne des clés pour devenir plus rationnel, dans ce monde menacé par l'irrationalité.
#cerveau #psychologie #fakenews
00:00 introduction
00:42 Pourquoi la rationalité est-elle essentielle ?
03:15 Quelles sont les principales erreurs de raisonnement ?
04:46 Comment notre cerveau nous trompe ?
08:26 Comment repérer nos erreurs de raisonnement ?
12:38 D'où viennent les théories conspirationnistes ?
15:20 Vivons-nous une période irrationnelle ?
16:18 Est-il irrationnel d'avoir peur des vaccins ?
18:14 Est-ce la faute des réseaux sociaux ?
20:07 Comment être plus rationnel ?
23:18 Vous arrive-t-il d'être irrationnel ?
Entretien réalisé par le journaliste Thomas Mahler.
Pour aller plus loin, le dernier livre de Steven Pinker « rationalité » est disponible en librairie https://tinyurl.com/37rt987t
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comme ils étaient dans les champs,, Cain se jeta sur son frère Abel et le tua. Avec une population mondiale quatre habitants au total, cela fait un taux d'homicide de 25%, c'est-à-dire mille fois plus élevé que dans les pays occidentaux de nos jours.
Le langage n'est pas un produit culturel qui s'apprend comme on apprend comment dire l'heure ou comment fonctionne le gouvernement de son pays. Au contraire, c'est une partie distincte de la structure biologique de notre cerveau. Le langage est un savoir-faire complexe et spécifique qui se développe spontanément chez l'enfant, sans effort conscient et sans apprentissage formel, qui s'articule sans qu'il en connaisse la logique sous-jacente, qui est qualitativement la même chez tous les individus et qui est distinct d'aptitudes plus générales pour traiter les informations ou se comporter avec intelligence. C'est ainsi que certains spécialistes de sciences cognitives ont décrit le langage comme une faculté psychologique, un organe mental, un système de neurones et un module de traitement de données, mais je préfère le terme, archaïque je l'admets, d'instinct. Il rend l'idée que les gens savent parler plus ou moins dans le sens où les araignées savent tisser leur toile. Le tissage de la toile d'araignée n'a pas été inventé par quelque araignée géniale et restée inconnue. Il ne dépend pas d'un enseignement approprié ni d'un talent en architecture ou d'un savoir-faire en matière de construction. Bien plutôt, les araignées construisent des toiles parce qu'elles ont des cerveaux d'araignées qui les poussent å tisser et leur donnent la compétence pour y réussir. Bien qu'il existe des différences entre les toiles d'araignées et les mots, vous devriez considérer le langage de cette manière. (p. 16)
Un autre changement majeur dont nous avons fait l'expérience est l'intolérance croissante au recours à la force dans la vie de tous les jours. Il y a quelques dizaines d'années encore, l'empressement d'un homme à utiliser ses poings en réponse à une insulte était un gage de respectabilité. Aujourd'hui, un tel comportement trahit un rustre et témoigne d'une impulsivité mal contrôlée, pour laquelle une thérapie de gestion de la colère semble indiquée.
Il est bon de se rappeler pourquoi le nationalisme néo-théo-réactionnaire et populiste est une faillite intellectuelle.
J'ai déjà expliqué à quel point il était absurde de rechercher un fondement moral dans des institutions qui nous ont apporté les croisades, l'Inquisition, la chasse aux sorcières et les guerres de religion européennes.
L'idée que l'ordre mondial devrait être composé d'États-nations ethniquement homogènes et mutuellement antagonistes est tout aussi ridicule.
Les gens se considèrent comme appartenant à de nombreuses tribus qui se chevauchent souvent : leur clan, leur ville natale, leur pays d'origine, leur pays d'adoption, leur religion, leur groupe ethnique, l'université où ils ont passé leur diplôme, leur parti politique, leur employeur, leur association de bénévoles, leur équipe sportive et même leur marque d'équipement photographique. (Si vous voulez voir le tribalisme s'exprimer sous son jour le plus féroce, jetez un coup d'œil à un groupe de discussion "Nikon ou Canon" sur internet.)
Il est vrai que les professionnels du marketing politique peuvent proposer une mythologie et une iconographie qui incitent les gens à privilégier une religion, une ethnie ou une nation en tant qu'identité fondamentale. Avec le bon dosage d'endoctrinement et de coercition, ils peuvent même les transformer en chair à canon. Cela ne signifie pas que le nationalisme soit une pulsion humaine.
Rien dans la nature humaine n'empêche qui que ce soit de se sentir fier d'être à la fois français, européen et citoyen du monde.
N'oublions pas pourquoi les institutions internationales et une conscience mondiale se sont formées à l'origine.
Entre 1803 et 1945, le monde a testé un ordre international fondé sur des États-nations luttant héroïquement pour la grandeur. Ça ne s'est pas très bien passé...
Après 1945, les dirigeants du monde ont dit : " Eh bien, tentons au moins de ne pas répéter cette erreur" et ont commencé à modérer le nationalisme au profit de droits humains universels, de lois internationales et d'organisations transnationales.
Il en a résulté soixante-dix ans de paix et de prospérité en Europe et, de plus en plus, dans le reste du monde.
Et qu’on réserve un cercle spécial dans l’enfer des journalistes aux scribouillards qui, en 2021, alors qu’étaient déployés des vaccins contre le Covid efficaces à 95 %, ont sorti des articles sur des vaccinés ayant contracté la maladie. Par définition, cela n’avait rien d’une nouvelle – on savait bien qu’il allait y en avoir – tout en garantissant de faire fuir des milliers de personnes loin de ce traitement salvateur.
Si bien que nous trouvons dans la nature humaine trois causes principales de querelle : premièrement la rivalité, deuxièmement, la méfiance ; troisièmement la fierté.
La première fait prendre l’offensive aux hommes pour le gain. La deuxième pour sa sécurité et la troisième, pour la réputation.
Pour se faire une idée juste de l'évolution de la violence dans le monde, il est donc indispensable, d'une part d'envisager l'évolution de la violence sur de longues périodes de temps et, d'autre part, de ne pas prendre en compte uniquement les événements ou conflits qui frappent le plus notre conscience, mais d'analyser le plus grand nombre possible de données.
La disponibilité, bien sûr, n’est pas le seul facteur de distorsion de la perception du risque. Paul Slovic, un collaborateur de Tversky et Kahneman, montre que les gens surestiment également le danger des menaces qui sont nouvelles (le diable inconnu est pire que le diable familier), hors de leur contrôle (comme s’ils pouvaient conduire leur voiture de manière plus sûre que le pilote de ligne aux manettes de l’avion), créées par l’homme (ils évitent donc les aliments génétiquement modifiés mais avalent les nombreuses toxines qui ont évolué naturellement dans les plantes) et inéquitables (lorsqu’ils ont le sentiment d’assumer un risque au profit de quelqu’un d’autre)
Dans la tradition de la sociologie [vision dite de gauche], la société est une entité organique soudée, et ses citoyens individuels en sont de simples éléments. On pense que les individus sont par leur nature même des êtres sociaux et qu'ils fonctionnent comme des éléments d'un superorganisme plus grand. Telle est la tradition de Platon, Hegel, Marx, Durkheim, Weber, Kroeber, du sociologue Talcott Parsons, de l'anthropologue Claude Lévi-Strauss, et du postmodernisme dans les sciences humaines et les sciences sociales.
Dans la tradition de l'économie ou du contrat social [vision dite de droite], en revanche, la société est un arrangement négocié par des individus rationnels qui servent leurs intérêts personnels. La société apparaît quand des individus acceptent de sacrifier une partie de leur autonomie en échange d'une protection contre les déprédations des autres qui exercent leur autonomie, C'est la tradition de Thrasymaque dans La République de Platon, et de Machiavel, Hobbes, Locke, Rousseau, Smith et Bentham. Au XXe siècle, elle est devenue la base des modèles de l'acteur rationnel ou Homo economicus en économie et en science politique, et pour les analyses coût-bénéfice des choix publics.
Aucun aspect de l'existence n'échappe à ce repli de la violence. La vie quotidienne est très différente lorsqu'à tout instant, on doit craindre d'être enlevé, violé ou tué, et il est difficile d'obtenir un haut degré de développement des arts, de l'éducation ou du commerce lorsque les institutions qui les soutiennent sont pillées et brûlées presque aussitôt après avoir été fondées.