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3.73/5 (sur 69 notes)

Nationalité : Biélorussie
Né(e) à : Minsk , le 12/07/1984
Biographie :

Sacha Filipenko est un jeune auteur Biélorusse qui s'est installé en Russie. Il a publié en 2014 Le Fils d'avant, en 2016 La traque et en 2017 Croix rouges. Il écrit en russe et en biélorusse.

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Sacha Filipenko : écrivain biélorusse, lauréat du Prix russe. Vivre en dictature ?


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[Dans les années 30]:
- Vous aimeriez réussir à comprendre pourquoi la Russie en est arrivée là où elle est...
- Je crois que démêler cela est assez difficile... Sans doute qu'il y a beaucoup de raisons...
- Eh non, mon petit gars! En réalité, tout est très simple! Comme deux fois deux! En Russie, mon ami, les choses sont ce qu'elles sont car on y admet l'inadmissible! Vous et moi, nous avons quitté un pays où personne ne tire jamais la sonnette d'alarme. A chaque fois qu'il faudrait dire "ça suffit", l'homme russe dit: "Oui, c'est vrai qu'on ne peut pas continuer comme ça, mais à bien y réfléchir..." L'un des plus grands problèmes de la Russie, c'est l'alliance du "mais" et de la virgule. Nous avons l'habitude de tolérer des virgules là où nous aurions dû mettre un point depuis longtemps!
- Excusez-moi, mais je ne saisis pas très bien où vous voulez en venir...
- Vous saisissez très bien! Je veux dire qu'au lieu de mettre un point final nous ajoutons des virgules sans fin! Oui, tuer est interdit, mais... Oui, la torture est interdite, mais... Oui, nous savons bien que les criminels ont tort, mais... Mais, mais, mais! Après le meurtre de la vieille et de sa soeur enceinte, Dostoïevski aurait dû mettre un point, mais il a commis un crime, un crime pas moins ignoble que celui de son personnage! Dostoïevski a décidé de justifier l'acte de Raskolnikov. Le voilà, notre drame! Trop souvent, nous voulons comprendre, quand il n'y a rien à comprendre! Nous justifions l'injustifiable! Nous creusons et creusons, là où il ne faudrait plus creuser du tout! Il y a des limites que même le désir de philosopher ne justifie pas de franchir! L'inadmissible est inadmissible!
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Certains rapportent qu’après les exécutions il organise des beuveries (ce qui est vrai), d’autres qu’il s’approprie quelquefois les vêtements des condamnés (ce qui l’ est aussi). Quoi qu’il en soit, je ne vois rien de répréhensible ni dans le premier ni dans le deuxième cas de figure. Même en Union Soviétique, chaque produit a un coût. Tout travail mérite salaire. Il faut bien comprendre que, d’une part, Vassili Mikhaïlovitch fait un travail pénible (parfois il doit fusiller plusieurs centaines de personnes en une nuit) et d’autre part …est-ce vraiment si grave qu’un imperméable ou, disons, un joli gilet vivent leur meilleure vie sur ses épaules ou celle de sa femme ? « Pourquoi faire toute une histoire pour les affaires des autres ? ».me dis-je parfois.
S’il faut se soucier de quelque chose, c’est plutôt de la pénurie qui règne dans notre pays. Si Blokhine pouvait acheter ses jolis vêtements dans les magasins, les soustrairait-il aux cadavres pour les offrir à sa femme ?
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La perquisition et l’arrestation ont lieu le 23 juin 1941. En six heures l’affaire est pliée. Un travail de routine, mais tout le monde est sur les nerfs. La guerre a été déclarée depuis à peine vingt-quatre heures. Tandis que la forte terrestre de Brest résiste à la déferlante inouïe de la machinerie nazie la capitale de l’Union Soviétique est touchée par une vague de disparitions secrètes.
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À l’heure où ses pairs partent mourir en rangs serrés dans les boucheries à venir, cette souris grise tamponne assidûment une condamnation à mort après l’autre. L’enquêteur Perepelitsa vient d’être récompensé par un appartement à Moscou rue Gorki. Il ne s’est pas battu pour rien.
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Le sort de la plupart ayant été réglé dès 1937, où le seul soupçon de travailler pour la Pologne a condamné plus de cent mille personnes à être fusillées (très exactement cent onze mille quatre quatre-vingt-onze citoyens).
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Si l’Europe lui plaît à ce point, cette Europe où des gens envoient leurs parents âgés dans des maisons de retraite, où l’on retire leurs enfants aux mères de chez nous, pour ensuite les violer… Peut-être qu’il va rassembler sa famille et partir là-bas ? Nous autres, Russes, nous ne sommes pas méchants. Pas besoin de l’emprisonner pour calomnie envers notre pays, même si, évidemment, un petit coup de fouet ne lui ferait pas de mal. Non, nous n’allons pas le punir, mais je repose ma question : pourquoi devons-nous tolérer une pourriture pareille dans nos rangs ?
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Ce débat judiciaire, comme toutes les affaires importantes de cette époque, se retransmettait en direct. Laissant de côté une exposition des faits qui s’est éternisée, j’en viens directement au moment où le procureur a poursuivi l’interrogatoire :
— Veuillez donc me raconter ce que signifiait votre post.
— Rien.
— Vous voudriez nous faire avaler que vous avez publié un message vide pour rien, sans aucune raison ?
— Oui.
— Autrement dit, nous sommes censés croire qu’un auteur suivi par trois cent mille followers publie un message vide sans chercher à sous-entendre quoi que ce soit par ce moyen ?
— Tout à fait.
— Vous nous prenez pour des imbéciles ?
— Absolument pas. Notez d’ailleurs que je ne suis pas le seul à adresser des messages vides au public. Notre Empereur emploie des mots qui ne signifient rien, sa suite invente des lois qui n’ont aucun sens, nos journalistes…
— Ne changez pas de sujet ! Je vous repose la question : quels ont été vos motifs quand vous avez publié sur votre blog un post ne contenant pas le moindre signe ?
— J’avais juste envie de voir à quoi ça mènerait.
— Eh bien… J’espère que votre curiosité est satisfaite. Votre Honneur, puis-je mettre un terme à mon rôle de procureur et devenir avocat pour inviter les victimes à entrer dans la salle ?
— Faites.
Il convient de remarquer ici qu’au moment où se déroule ce débat judiciaire, cela fait déjà dix ans que le pays où il se tient a vu s’opérer une réforme de la justice dont le résultat majeur a été l’optimisation des cadres de la procédure judiciaire. Ce qui s’est traduit de la façon suivante : le procureur et l’avocat sont devenus une seule et même personne au cours d’un procès. La décision a été prise à une écrasante majorité de voix et plaisait beaucoup aux juges dont la journée de travail s’est faite « bien plus remarquable », pour s’exprimer dans une langue standardisée.
Les victimes étaient un groupe de croyants dont les sentiments avaient été heurtés. Ils étaient entrés dans la salle avec des pancartes et employaient des tournures préparées à l’avance, ce qui, à n’en pas douter, leur attirait la sympathie des téléspectateurs.
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Être écrivain, c’est d’abord avoir du courage, dépasser sa peur, oser se lancer. Le talent, le texte sur la page, ça vient après…
p 119
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Avec le temps, nous avons mis en place un système plus ou moins scientifique. Quand une accalmie survenait dans l’appartement du journaliste, nous allumions la musique. Quand la gosse pleurait, nous l’éteignions. D’une façon ou d’une autre, le silence était banni de la vie d’Anton. Même sa fille œuvrait désormais en notre faveur.
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Combien de fois, autour d'une table, après un ou deux verres, nous discutions entre amis de telle ou telle conduite ?
"Non, ça je ne le ferais jamais ! Non, même menacé de mort ! Trahir ? Vous n'y pensez pas ! Calomnier? Jamais ! Il y a des limites à tout ! Et la morale, alors ? Et l'honneur ? Vous avez appris que tel ou tel avait écrit des dénonciations ? Et moi, l'aurais-je fait ? Ah, non ! Jamais, c'est certain ! Accuser faussement quelqu'un ? Sottise ! Je ne le ferais pas, même sous la torture. Et si la vie de mes enfants en dépendait ? Rien ne pourrait me forcer à renoncer à mon humanité !"
Si seulement ! En réalité tout était beaucoup plus complexe. Si l'être humain a vraiment réussi en un domaine, c'est dans l'art de s'arranger avec lui-même.
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