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Savez-vous quelle icône du combat contre les stéréotypes relatifs aux femmes rejette la posture de la féministe exemplaire et se définit elle-même comme « une mauvaise féministe » ?
« Bad Feminist » de Roxane Gay, c'est à lire en poche chez Points.
Si je vous parlais de ma méthode de contraception - je la recommande sans hésiter-, vous me prendriez un peu pour une folle. Je dirai simplement que je prendrai la pilule tous les jours quand les hommes pourront faire la même chose. On devrait tous être dans le même bateau, non ? Un des moments que je préfère, à un certain stade d'une relation, c'est quand un type me demande d'une voix pleine d'espoir : " Tu prends la pilule ?" Je réponds simplement : "Non, et toi ?".
"Ce jour - là , je me suis rendu compte pour la première fois que mes parents s'aimaient plus qu'ils ne nous aimaient , même si, à l'époque, je ne pouvais pas encore savoir le prix que j'allais payer pour cet amour."
Quand vous êtes en surpoids, à bien des égards, votre corps entre dans le domaine public. Il est constamment à l'affiche. Les gens projettent dessus des histoires qu'ils s'inventent, mais la vérité de votre corps ne les intéresse pas du tout, quelle qu'elle soit.
Les opinions occidentales sur le Hijab ou la Bourqa sont plutôt sans intérêt. Nous n’avons pas à décider de ce qui opprime ou non les femmes musulmanes à leur place, si imbus de nous-mêmes que nous soyons.
C'est ce que l'on apprend à la plupart des filles - qu'elles doivent être fines et menues. Nous ne devons pas prendre de place. On doit nous voir, mais pas nous entendre, et lorsque l'on nous voit, nous devons plaire aux hommes et être acceptables pour la société. La plupart des femmes le savent, elles savent que nous sommes censées disparaitre, mais c'est une chose qui doit être répétée haut et fort, encore et encore, afin que nous puissions résister à la soumission que l'on attend de nous.
J’avais trouvé le moyen de me cacher au vu de tous, le moyen d’alimenter une faim que je ne pourrais jamais satisfaire : la faim de ne plus souffrir.
Depuis, j'ai eu bien d'autres relations, dont aucune n'a été aussi mauvaise, mais le mal était fait. Le cap était fixé. Et ce qui est dommage, c'est que j'ai choisi comme critère le "pas si mal" plutôt que le "bien". Quand je considère mes pires relations, je me dis : "Au moins, ils ne me battaient pas". Je place la barre de ma gratitude au plus bas. Depuis cette première relation, je n'ai jamais eu à cacher des bleus non consentis, je n'ai jamais eu peur pour ma vie, je n'ai jamais été retenue contre mon gré. Cela fait-il de moi une fille qui a de la chance ? Etant donné les histoires que d'autres femmes rapportent, oui, cela fait de moi une femme qui a de la chance.
Mais ce n'est pas à cette aune que nous devrions mesurer la chance.
J'avalais mes secrets et je faisais croître mon corps, je le faisais exploser. J'avais trouvé le moyen de me cacher au vu de tous, le moyen d'alimenter une faim que je ne pourrais satisfaire : la faim de ne plus souffrir. Je me suis rendue plus grosse. Je me suis mise plus en sécurité. J'ai crée une frontière visible entre moi et quiconque oserait m'approcher. J'ai crée une frontière entre moi et ma famille. J'étais l'un d'eux, mais sans l'être.
J'ai été enlevée par un gang de jeunes hommes sans peur et pourtant terrifiés, et l'impossible espoir palpitant dans leur corps était tel qu'il leur brûlait la peau et qu'il raffermissait leur volonté jusqu'aux os.
Ils m'ont détenue pendant treize jours.
Ils voulaient me briser. Cela n'avait rien de personnel.
Je n'ai pas été brisée.
C'est ce que je me dis.
Je suis restée silencieuse, j'allais le rester encore longtemps.