Patate avec Sylvie Vartan (1964)
Poème 62 (p.103)
Tu es entré dans le jardin de mon coeur,
tu es entré dans le jardin de mes rêves
et maintenant le bonheur coule dans mes veines
comme l'eau pure du ruisseau
aux rayons du doux soleil.
Quand je ferme les yeux
mes sentiments pour toi fleurissent
comme les tulipes au printemps qui naît,
et mon coeur s'ouvre pour ton coeur,
tel les roses fraîches du matin
quand elles accueillent la lumière d'un jour nouveau.
Tu es entré dans le jardin de mon corps,
tu as connu le paradis du désir.
Et maintenant ta vie se repose sur moi
comme l'eau douce du lac cerné par les montagnes.
Quand j'ouvre à nouveau les yeux,
je vois l'avenir qui nous sourit.
Ta tête est posée sur mon épaule
et ma main reste fidèle à ta main.
Solitaire Vénus
Tout ton corps est en émoi
lorsque tu quittes ton chapeau.
Tu laisses glisser tes doigts
sur la douceur de ta peau.
Sans hâte tu te déboutonnes.
Tes longs cheveux roux caressent ton dos qui déjà frissonne,
et en toi montel'ivresse.
En déposant ton corsage
tu t'étires et tu frémis.
Tu te caresses sans ambages,
tu expires et tu gémis.
Ta culotte glisse à tes pieds
et telle la chrysalide,
de ton cocon tu t'extrais
car d'amour tu es avide.
Tes lèvres sont aussi juteuses
qu'un fruit mûr qui rend gourmand,
et ta bouche si pulpeuse
cause à tes seins mille tourments.
POEME 67
Au Jardin de l'Amour
Donnons-nous rendez-vous dans un lieu merveilleux
Donnons-nous rendez-vous dans nos rêves.
Bien que la distance empêche que tu prennes ma main,
ferme les yeux et imagine ce jardin ensoleillé,
ces massifs de fleurs qui dégagent des parfums
à faire tourner la tête de bonheur.
Laisse l'oiseau se poser sur ta main.
Ce petit coeur qui bat au milieu de plumes chaudes,
c'est le mien qui s'affole au contact de tes doigts.
Caresse le un peu et soudain,
tu verras dans son regard le mien.
Et son petit chant mélodieux sera le plus beau chant
qui te soit offert au Jardin de l'Amour.
Retour
J'ai fouillé dans ma poche.
Et qu'y ai-je trouvé ?
La chaleur de ta main
que tu y as laissé.
J'ai fouillé dans mes yeux.
Et qu'y ai-je trouvé ?
Des larmes de tristesse
car nous sommes séparés.
J'ai fouillé dans mon coeur.
Et qu'y ai-je trouvé ?
Des milliers de pensées
qui te sont destinées.
J'ai fouillé dans ma tête.
Et qu'y ai-je trouvé ?
Le bonheur de savoir
qu'on va toujours s'aimer.
J'ai fouillé dans mon âme.
Et qu'y ai-je trouvé ?
Des sentiments sincères
que je veux t'adresser.
POEME 44
Je vois la paix naître en toi
pendant que tu me fouilles.
Ce cadeau qui pénètre en moi
me brûle et aussi me mouille.
Je ne vois aucune peine être en nous
quand nos corps se retrouvent
pour pomper, n'être qu'à genoux,
puis se prendre comme chien sur louve.
Aucune peine hystérique
ne pollue notre plaisir,
ni canapé ni ce disque
que tu as voulu choisir.
Ni laper ni sucer ne plongent
nos pulsions dans des abîmes :
qu'en moi ton pénis prolonge
le plus beau de tous les crimes.
Poeme 53
Nuit de rêve
où malgré ton absence
nous dormions enlacés
d'amour jamais lassés ;
joyeuse effervescence.
Nous n'eûmes point de trêve
car toutes nos pensées
entre nous partagées
alimentaient l'ivresse
de deux coeurs qui ne cessent
d'être autant mélangés :
l'Amour a commencé !
Voyage
Embarque dans mon vaisseau spatial
Je t'emmène ce soir pour une promenade interstellaire
et nous nous aimerons au milieu des astres de feu.
Eclairés par des milliards d'étoiles en fête,
seuls parmi les comètes qui animent l'espace,
nous naviguerons vers des horizons illimités.
Nous traverserons les jardins de l'Univers
pour nous perdre indéfiniment
dans d'interminables galaxies.
Dans l'euphorie de notre belle traversée,
laissant notre navette aborder des mondes insoupçonnés,
nous unirons nos âmes et mêlerons nos corps.
Et ce sera alors pour nous un tout autre voyage,
car nos sens en délire goûteront à l'exploration suprême
de nos corps déchaînés.
Je t'offrirai alors la plus belle éruption planétaire,
et dans tes reliefs lunaires tu m'inviteras
à trouver le chemin de nouvelles voies lactées.
Feuilles
Feuilles qui tourbillonnent
en déshabillant l'arbre,
jolies feuilles rouges d'automne,
c'est comme le froid du marbre
que vous nous annoncez,
et les brouillards austères
qui vont vous caresser
profilent au loin l'hiver.
Gardez encore un peu
vos tons chauds et variés
car le tapis soyeux
où pleure l'arbre violé
est aussi admirable
qu'un Kilim d'Orient :
jolies feuilles d'érable,
j'aime vos reflets ardents.
Et bientôt dispersées
par le vent qui apporte
l'atmosphère glacée
jusque devant nos portes,
vous tourbillonnerez
et l'arbre nu et seul
n'aura plus à ses pieds
son flamboyant linceul.
Début de l'après-midi. Ciel bas. Toutes en scène, silencieuses, accablées. Gaby actionne un appareil de T.S.F. qui crache...
Puis :
LE SPEAKER. - "(...) météorologiques... Les chutes de neige persistent. La tempête fait rage sur les côtes où certaines routes sont impraticables. La neige et le froid ont fait de nombreuses victimes..."
Gaby ferme la T.S.F., puis soupire.
GABY. - Eh bien, Mesdames!... Ca ne s'arrange pas!
Un silence. L'horloge sonne deux coups.
MADAME CHANEL. - Deux heures!... Vous devriez prendre quelque chose... j'ai servi, dans la salle à manger, un petit repas froid...
AUGUSTINE, gourmande. - Ah oui? Qu'est-ce qu'il y a à manger?
MAMY. - Augustine!
AUGUSTINE. - Quoi! Ce n'est pas parce que nous sommes coupées du monde qu'il faut mourir de faim!
Mamy la regarde avec réprobation. Augustine se tait. Madame Chanel s'éloigne vers la baie, découragée. Suzon s'est levée, elle passe devant sa mère, implorant un regard.
SUZON. - Maman!
GABY. - Tu oses encore me regarder? Tu as une autre révélation à me faire?
SUZON. - Non, maman, je t'ai tout dit.
GABY, s'exaltant. - Une fille! Voilà ce que tu es! Une fille!
PIERRETTE, qui lit un magazine. - Ce sont des choses qui arrivent!...
GABY. - Dans votre milieu sûrement! Dans le nôtre, on se marie, avant!
PIERRETTE. - Vous retardez! Il n'y a plus de "milieux" à présent... C'est ça le progrès!
GABY. - Il faut que je la félicite, sans doute, d'attendre un enfant?
Poème 81 (p.128)
Ne me laisse pas seul dans un lit vide
car mon coeur sans toi aurait froid.
Ce serait un grand effroi
et mon corps en serait livide.
Comment mes plaies faut-il panser
quand les vieux démons ressurgissent ?
Je vis de bien douloureuses pensées
qui sur mon bonheur mal agissent.
Aide moi à toutes les chasser
quand dans mon esprit elles se dressent.
C'est ton infinie tendresse
qui saura m'en débarrasser.