Sans crier gare,je me levai et me mis à hurler aussi fort que je pouvais:
"Je ne suis qu'un enfant,laisse-moi tranquille !"
Je ne savais pas à qui je m'adressais,peut-être à Dieu. A cette personne invisible qui étais censée être là quand on en avait besoin,être notre dernier espoir d'aide et d'amour.Il ne répondit jamais à mes cris,silencieux ou non.Dieu était devenu juste un nom,un titre.Peut-être que je m'adressais à Maman,ou à moi-même.
Le réconfort était mince, mais il m'était nécessaire. Il était totalement injustifié que j'aie le moindre sentiment pour lui ou pour qui que ce soit d'autre. Je n'étais pas sencé avoir le moindre sentiment. Pour personne. Ni pour elle, ni pour moi, ni pour les enfants à l'école, ni pour personne. J'étais sencé avoir aucune émotion, aucun sentiement., j'étais sencé être sa gestapo personnelle et rien de plus.
Je commençais à croire que j'étais vraiment là pour ça : j'avais été créé pour être présent à chaque fois qu'elle avait besoin de passer sa rage sur quelqu'un. J'étais né dans cette famille en tant que serviteur et exutoire de Maman. Alors que cette idée s'ancrait de plus en plus dans mon esprit, je m'efforçais de trouver des moyens de changer mon destin et de devenir quelque chose de plus, quelqie chose de valable.
"Ok, ça suffit comme ça, dit-il, on va chez Sears."
Ce jour-là, Ben m'acheta tout ce dont j'avais besoin, y compris le maillot de bain. Il m'avait souvent parlé de Maman et me dit qu'il pensait qu'elle était malade mentale. Il ne l'avait jamais accuséd'être mauvaise, juste d'être malade. Je comprenais à présent que les autres voyaient qui elle était.
Cela me donna un sentiment de pouvoir incroyable. Plus important encore, je découvris que Maman était vide à l'intérieur et n'avait aucune valeur à mes yeux. Elle n'était rien de plus qu'une partie misérable de mon enfance qui s'éloignait. Pour la première fois de ma vie, j'avais gagné. A présent, j'avais l'impression d'avoir le pouvoir de contrôler, et j'allais l'utiliser.
A l’époque, je ne pensais pas que j’étais maltraité. Quand je comparais ce que je subissais à ce que subissait mon frère, je trouvais que j’avais de la chance, du moins jusqu’à ce qu’il soit retiré de la famille.
L’horrible vérité est que mon enfance a été un vaste mensonge. Derrière les apparences, ma famille n’avait rien de normal. Les recoins de nos esprits cachaient des secrets terrifiants. Nous savions tous lesquels, mais nous n’en parlions jamais. Nous avions tous trop peu
-Les ambulanciers, ils arrivent pour t'aider. S'ils pensent que c'est moi qui t'ai fait ça, ils t'emmèneront loin de moi", répondit-elle calmement.
Elle paraissait tellement sincère et inquiète à cette idée que j'eus l'impression qu'il était de mon devoir de protéger ce secret, et d'empêcher qu'elle en soit gênée. L'expression de son visage me toucha. La dépendance et la peur dans sa voix consumèrent mon esprit. c'était comme si elle me testait pour savoir si j'étais digne de confiance. Je devais l'aider. A ce moment-là, j'avais de la peine pour elle, pas pour moi, mais pour elle. J'étais gêné et j'avais honte pour elle.
Au début, ma vie était passionnante, ma vie était chouette. À l'âge de 5 ans, bien que très jeune, j'était cruel et méchant. Cela me faisait plaisir de regarder mon frère se faire frapper ou être obligé de subir une punition répugnante. C'était génial à regarder. C'est épouvantable de s'en souvenir.
C'est cela que je ne pouvais pas comprendre. Qu'est-ce qui me faisait céder ? J'étais plus âgé, plus grand, plus fort. J'aurais pu l'arrêter. (...) j'eus la révélation.
Je m'accrochais à ce petit garçon.
J'avais cherché si désespérément l'amour de Maman que je ne pouvais pas laisser partir ce petit garçon jusqu'à ce qu'il ait trouvé un moyen pour que Maman l'aime. Je fus abasourdi d'avoir passé autant de temps à m'accrocher à cette enfance, à rester ce petit garçon. En pensant à ma vie, je compris qu'enfant je n'aurais jamais pu m'opposer à Maman.
Je ne suis plus ce petit garçon.
"Il est parti" dis-je à voix haute et avec confiance en moi.