Accompagnée par Constance Dollé, Gringe & Julie-Anne Roth
Laure, Marion, Sidonie : elles sont trois à prendre la parole. Trois nageuses qui se croisent dans l'enceinte d'une piscine. Elles se disent « transparentes », « moyennes » et craignent d'avoir des « airs d'orchidée fanée ». En réalité, elles sont détonantes et ce qu'elles ont à dire remue sacrément : elles ont la mélancolie pudique mais tenace, leur insolence ne prend pas de gants, et elles sont furieusement drôles. Il y a un petit garçon aussi, Eliott, dont la présence pourrait bien infléchir la trajectoire des trois baigneuses
À lire Raphaële Moussafir, Ne jetez pas les sirènes avec l'eau du bain, Robert Laffont, 2024
Lumière par Hannah Droulin
Son par William Lopez
Direction technique par Guillaume Parra
Captation par Claire Jarlan
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Craquer une allumette
Ajouter les grosses bûches
Attiser
Dire au Père Noël que c'est prêt
Et le regarder flamber
- [...] Dis donc Françoise ?
- Michel ?
- Comment ça se goupille avec ta vieille taule ?
- Quoi ma vieille taule ?
- Ta bagnole Françoise, ta bagnole !
- Qu'est-ce qu'il y a encore avec ma bagnole ?
- Les banquettes Françoise ! Tu mets des sandwichs en culture ou bien ? Non parce que faut le dire, dans ce cas je racle les huit cents merdes de pigeons étalées sur le pare-brise, ça leur fera de l'engrais à tes miettes de thon.
- Oh Michel, ras le cul de tes gueulantes à la fin !
- Françoise, les grossièretés devant ta fille, ça commence a faire chier bordel !
J’ai remarqué que quand on est triste ou qu’il y a une mauvaise nouvelle, la vie autour ne change pas. Comme le jour où mamie est morte, j’étais dehors, et il y avait du vent, et quand on m’a dit que mamie était morte, il a quand même continué à y avoir du vent dans mes mollets. Quand on est triste, les objets ne sont pas tristes et ils font comme si de rien n’était, et ça, ça me rend encore plus triste.
Madame Trebla m’a donné un bonbon et un mouchoir et elle m’a dit de me sauver.
"J'ai eu envie de dire à madame Trebla que je ne suis pas curieuse mais que quand je m'emmerde, je fais comme tout le monde : je fais semblant de lire ce qu'il y a sur les murs pour pas qu'on voie que je m'emmerde."
En tout cas, je sais bien que papa avait rien à manger quand il avait mon âge parce qu'il était juif et que moi je suis une vraie peste avec mes Barbie et mes mauvaises notes, mais il y a un truc qui me ferait plaisir, c'est qu'il arrête de m'appeler ma chérie quand il a des saloperies à me dire. (p. 31)
Je précise que je suis très étonnée, ma chérie, d’apprendre que tu es prête à payer pour entrer au club des amies d’une fille en plastique avec des cheveux en nylon filasse
En fait, je ne savais pas que c'était possible de mourir avant qu'on ait eu des enfants. Et je ne savais pas qu'on pouvait mourir dans le présent, je savais que c'était obligatoire, mais pour beaucoup plus tard, quand on serait un peu d'accord pour mourir, même si ça nous fait de la peine.
Et pourtant, "il faut laisser aux enfants la liberté d'avoir mauvais goût" soupire la maman. A ceci, la réplique de la gamine fuse : "Parce que c'est moi qui ai mauvais goût ? Alors ça, c'est la meilleure ! Et ça la gêne pas, maman, de mettre des chaussettes en laine dans des mocassins blancs avec sa jupe longue à franges sous prétexte qu'il y a un petit vent frais ?... C'est bien ce que je dis, décidément, les parents heureusement qu'ils filent pas dans leur chambre à chaque fois qu'ils sont à côté de la plaque, parce que sinon, il resterait plus grand monde à table."
"Madame Trebla m'a regardée droit dans les yeux comme si elle était Madame Trebla, la psychologue, et que j'étais Rachel, et qu'il faudrait bien que je lui explique ce qui va pas avec Madame Danielle. Le problème, comme dit papa, c'est que si on tient à la vie, il y a des valeurs sûres auxquelles on touche pas : le pape, même si on est juif, et l'inventeur du hachis parmentier, même si y'en a marre des patates. Et ben pour Madame Danielle c'est pareil, on en mange même si c'est dégueulasse, parce qu'il paraît que c'est bon, et on la boucle"
Là, dans ses bras, j'ai laissé mon regard se sauver par la fenêtre. Et j'ai remarqué que quand on est triste ou qu'on vous annonce une mauvaise nouvelle, la vie autour ne change pas.
Les gens, les objets, font comme si rien n'était. Et ça, ça me rend encore plus triste.
Comme le jour où mamie est morte. J'étais dehors, et il y avait du vent.
Quand on m'a dit que mamie était morte, il a quand même continué à y avoir du vent dans mes mollets.