La chirurgie de réassignation sexuelle (qui est maintenant une opération de routine, quoique peu commune) élimine le décalage entre une présence sociale féminine et des organes génitaux mâles. La pratique médicale aligne les corps avec l'idéologie sociale de la dichotomie de genre.
Depuis que la religion n'est plus en mesure de justifier l'idéologie du genre, la biologie a été appelée à prendre la relève.
Qu'y a-t-il de « normatif » dans une norme que quasiment personne ne parvient à incarner ? Devons-nous en conclure que la majorité des hommes ne seraient pas « masculins » ? Quelle valeur donner à la force de caractère qu'il faut pour résister à la norme de la force de caractère, ou le courage nécessaire pour s'affirmer en tant que gay ?
Les corps, en tant que corps, comptent. Ils prennent de l'âge, tombent malades, prennent du plaisir, donnent naissance. Il y a une dimension corporelle irréductible dans l'expérience et la pratique ; on ne peut pas ignorer la sueur.
La « masculinité hégémonique » n'est pas un type de personnalité figé et invariant, mais la masculinité qui est en position hégémonique dans une structure donnée de rapports de genre, une position toujours sujette à contestation.
On peut appeler « ordre de genre » la structure des rapports de genre dans une société donnée à une époque donnée, et « régime de genre » la structure des rapports de genre dans une institution donnée.
Le choix d'un homme comme objet sexuel ne se résume pas au choix d'un corps doté d'un pénis ; c'est le choix d'une masculinité incarnée.
Plutôt que tenter de définir la masculinité comme un objet (un type naturel de personnalité, une moyenne comportementale, une norme), nous devrions nous concentrer sur les processus, les rapports et les relations qui construisent le genre. La “masculinité”, s’il était possible de définir brièvement ce terme, pourrait être simultanément comprise comme un lieu au sein des rapports de genre, un ensemble de pratiques par lesquelles des hommes et des femmes s’engagent en ce lieu, et les effets de ces pratiques sur l’expérience corporelle, la personnalité et la culture.