Dans le cadre de l'exposition Posy Simmonds, dessiner la littérature, la Bpi organise une table ronde autour des médias d'actualité dessinés.
En première partie de soirée, Blanche Sabbah, l'autrice de Mythes et Meufs et de Histoire de France au féminin, viendra discuter bande dessinée et actualité.
Puis, La Revue Dessinée, Mâtin et Topo se rassemblent pour échanger sur le traitement de l'information en bande dessinée. Ensemble, ils offrent un regard unique et engagé sur le monde qui nous entoure, faisant de la bande dessinée un médium privilégié pour décrypter les enjeux contemporains.
Que vous soyez un·e amateur·rice de bande dessinée, un·e passionné·e d'actualité ou simplement curieux·se de découvrir de nouvelles formes d'expression journalistique, rejoignez-nous pour une exploration captivante de la façon dont la BD se fraye un chemin au coeur de l'actualité avec originalité et engagement.
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Il y a juste un an, j'ai cédé à l'idéal caucasien : j'ai subi une rhinoplastie, autrement dit, j'ai refait mon nez.
(...)
Je ne dirais pas que je rêve de mon ancien nez, mais je comprends que je lui ai imputé mes échecs sentimentaux (sans ce nez, il m'aimerait). C'est le piège de la chirurgie. Aux laides, elle offre la chance d'un soi plus aimable. Pour les Belles, c'est un signe de détérioration, une tentative maladroite de maintenir la perfection. Un combat perdu. Nous devons apprendre à admirer la Beauté Intérieure, la seule qui compte vraiment. A ce qu'on dit.
Sachant cela, je me rappelle avoir éprouvé une étrange jubilation. Ça signifiait que Gemma et lui pourraient se revoir. J'avoue que mon imagination s'est emballée : je les voyais déjà nus, enlacés. Ce qui m'a fait rire tout haut. Quelle absurdité. La vie imitant le chef d'œuvre de Flaubert : Madame Bovary croisait le chemin du châtelain local, Rodolphe, tout comme Gemma venait de croiser celui d'Hervé, quelques instants plus tôt.
Je dis "tout comme" mais ce n'était en rien comparable au roman - la Vie imite rarement l'Art. L'Art a une certaine pertinence, alors que la Vie...
Jane Austen est interviewée (il fallait l'oser!).
-Alors Jane...
Bon miss Austen... Alors, vous ne vous êtes jamais mariée, n'est ce pas? On a entendu parler d'une proposition... Mais une femme attirante comme vous a dû en recevoir plusieurs. Combien de partenaires sexuels avez vous eus en fait?
Hum... Jusqu'au diriez vous que votre écriture est un substitut du sexe?
Je ne peux m'empêcher de me sentir abjectement voyeur tandis que, phrase à phrase, je traduis les six pages du journal. Un travail ardu. Je ne m'arrête pas, même quand j'entends ma femme rentrer du magasin - il est normal que je me trouve à mon bureau à cette heure-ci et elle a appris à ne pas me déranger. Et aussi, je suis convaincu que Martine ignore tout de mes relations avec Gemma et de mon récent chagrin. Elle pense que c'est mon côlon irritable qui me tient éveillé la nuit.
Était-ce la désinvolture qu'elle mettait à cette affaire ? Était-ce le chewing-gum ? Était-ce son jogging ? Je veux dire, tout de même ! Pour un rendez-vous d'amour, la femme française se parfume, se fait belle, un peu sexy, non ? Mais Gemma... elle aurait aussi bien pu aller étriller son cheval.
Comme je l'ai dit, c'est le printemps à présent et les pommiers des Bovery sont en fleurs. Il y a un camion de déménagement devant la maison : les nouveaux propriétaires s'installent. Ils sont anglais, eux aussi, comme les Bovery. Un couple. Il est plus âgé qu'elle, me dit Martine. Elle a croisé la femme dans l'allée. Elle s'appelle Jane. Jane Eyre.
Beth, l’épouse de Nicholas :
Je soupçonne Nicholas d’avoir une nouvelle liaison. Pas du genre dont il me parle, l’autre genre. Je n’ai pas la moindre preuve, seulement cette sensation dans mes entrailles, que je semble incapable d’ignorer. Je me méprise. Si je laisser aller cet infime pincement va grandir et se transformer en cette chose sordide qui pousse à soupçonner, surveiller, contrôler. Très vite, j’en viendrai à fouiller ses poches. C’est dégoûtant, déshonorant. Folie pure.
J’essaye de me reprendre. Je ne peux rien reprocher à Nick. C’est ça qui est suspect. Je suis mariée à quelqu’un qui passe sa vie à inventer des moyens de dissimuler et détecter des crimes. Personne n’est plus doué que les vauriens de Nick pour effacer leurs traces … C’est ce que je dois faire, cesser de flairer des trucs louches.
p. 83
Journal de Nicholas :
Elle a tout bon partout – loyale, dévouée, aimable, fiable, efficace, discrète, etc … - et elle m’agace au plus haut point !
Je ne le montre pas parce que je ne pourrais pas encaisser les retombées. Il faut que j’attende la fin du livre. Et elle tolère ça – mes silences, mes dérobades, mon ingratitude – alors je me sens coupable et encore plus agacé. Je ne veux pas lui gâcher les choses – notre vie lui plaît. Elle la trouve riche et pleine – comme ce qui est familier, prévisible – alors que moi, je la trouve vide. Terne. Morte. Chaque matin, je me réveille avec la même pensée, comme un mantra …
Est-ce TOUT – Est-ce TOUT ?
p. 74
A propos de Tamara Drewe
"En tout cas... à porter des trucs aussi serrés par ce temps... elle va se faire une irritation..." (p.28)
Je sais que c'est dur. Des fois, le vie c'est une tartine de merde.