Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque dimanche à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment !
Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici !
Vivre vite - Prix Goncourt 2022 de Brigitte Giraud aux éditions Flammarion
https://www.lagriffenoire.com/vivre-vite-1.html
le mage du Kremlin de Giuliano Da Empoli aux éditions Gallimard
https://www.lagriffenoire.com/le-mage-du-kremlin.html
Les Vertueux de Yasmina Khadra aux éditions Mialet Barrault
https://www.lagriffenoire.com/les-vertueux.html
La passion Lippi de Sophie Chauveau aux éditions Folio
https://www.lagriffenoire.com/la-passion-lippi.html
le rêve Botticelli de Sophie Chauveau aux éditions Folio
https://www.lagriffenoire.com/le-reve-botticelli.html
La Fièvre Masaccio de Sophie Chauveau aux éditions Télémaque
https://www.lagriffenoire.com/la-fievre-masaccio.html
le Saint Suaire de Turin : Témoin de la Passion de Jésus-Christ de Jean-Christian Petitfils aux éditions Tallandier
https://www.lagriffenoire.com/le-saint-suaire-de-turin-temoin-de-la-passion-de-jesus-christ.html
Griffes de Malika Ferdjoukh et François Roca aux éditions L'Ecole des Loisirs
https://www.lagriffenoire.com/griffes.html
le lâche de Jared McGinnis et Marc Amfreville aux éditions Métailié
https://www.lagriffenoire.com/le-lache.html
L'homme de Naples de Macha Méril et Luciano D'Alessandro aux éditions L'Archipel
https://www.lagriffenoire.com/l-homme-de-naples.html
Jean-Jacques Debout : La couleur des fantômes de Jean-Jacques Debout aux éditions Talent
https://www.lagriffenoire.com/jean-jacques-debout-la-couleur-des-fantomes.html
Un chant de Noël - Une histoire de fantômes de Munuera Jose Luis aux éditions Dargaud
https://www.lagriffenoire.com/un-chant-de-noel-une-histoire-de-fantomes.html
Ce que murmure le vent de Amy Harmon aux éditions Livre de Poche
https://www.lagriffenoire.com/ce-que-murmure-le-vent-1.html
Un tourbillon de sable et de cendre de
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A quarante ans, Corentin avait déjà réussi une carrière exemplaire, franchissant chaque épreuve sans forcer, programmé comme une machine ultra performante. Son père avait placé tous ses espoirs en lui, le fils unique, pour continuer la lignée des Pontchardin, hauts fonctionnaires de père en fils, une dynastie toute républicaine.
Jusque-là, toute sa vie avait été tracée comme un marathon d’un sportif qu’on doit transformer en champion. Ses pistes d’entrainement a lui : les examens, les uns après les autres, étapes nécessaires d’un cursus exemplaire, mené par un père qui ne laissait rien au hasard. Objectif final : la médaille d’or ou rien. Parcours classique : Normal sup, l’ENA, le sens de l’Etat distillé dès le plus jeune âge au quotidien. Corentin avait porté l’ambition familiale comme une flamme olympique.
En futur numéro un, il avait soigneusement évité tous les faux pas. Alors a quoi bon perdre du temps a sortir, danser, boire des bieres dans des endroits ou il faut hurler pour se parler ? Inutile et contre-performant. Sa jeunesse s’était passée dans les livres ; son bar favori, c’était l’immense bibliotheque de ses parents qui se dressait devant lui tous les matins.
L’idée de se rebeller contre cette forme de tyrannie patriarcale ne lui était même jamais venue à l’esprit. Il était un garçon de devoir. Corentin s’était forgé le caractère avec cette unique boussole. Ne jamais douter, ni remettre en cause le choix de son père. Poursuivre l’héritage familial. Né déjà adulte, réfléchi, raisonné, lui-même dépositaire de la filiation à venir.
« Ne m’attendez pas ce soir », glissa Corentin à Camille.
Comme à l’accoutumée, Camille se garda bien de poser des questions. Depuis quelques jours, Corentin était tiraillé par tout un tas de préoccupations, entièrement absorbé par son travail à Bercy. La radio tournait en boucle sur la crise financière et le scandale qui avaient touché le système bancaire américain, engloutissant l’économie mondiale dans un trou noir abyssal.
Encourager, être maire, c'est être le président d'une société d'encouragements.
Depuis la crise, l’État l’avait singulièrement déçu. Derrière la façade officielle, il avait découvert un monde où petites lâchetés et grandes hypocrisies pullulaient à tous les étages. Pourtant, ce n’était ni le moment, ni le lieu, ni la bonne personne à qui faire des confessions, il fallait réciter la leçon, pondérer les faits, calmer les esprits afin de rassurer au maximum les lecteurs.
Néanmoins, il avait bien envie de se lâcher et dire ce qu’il pensait, mais la journaliste semblait bien trop jeune pour comprendre l’enjeu dont il était question.
« Ils ne reculent devant rien, ils se sont enrichis sur le dos de ces pauvres Grecs… Ils n’ont qu’un seul but : faire des profits sans aucune limite, et tout ça pour se distribuer des bonus astronomiques.
“Lorsqu’il s’agit de sonder une plaie, un gouffre ou une société, depuis quand est-ce un tort de descendre trop avant, d’aller au fond ? […] Ne pas tout explorer, ne pas tout étudier, s’arrêter en chemin, pourquoi ?” Non, c’est trop daté, trop pathos, et puis tu sais, Camille, beaucoup de Français pensent que Victor Hugo, ça se résume au nom d’une avenue ou d’un boulevard. Ce n’est peut-être pas une si bonne idée. »
En futur numéro un, il avait soigneusement évité tous les faux pas. Alors à quoi bon perdre du temps à sortir, danser, boire des bières dans des endroits où il faut hurler pour se parler ? Inutile et contre-performant. Sa jeunesse s’était passée dans les livres ; son bar favori, c’était l’immense bibliothèque de ses parents qui se dressait devant lui tous les matins.
Il était un garçon de devoir. Corentin s’était forgé le caractère avec cette unique boussole. Ne jamais douter, ni remettre en cause le choix de son père. Poursuivre l’héritage familial. Né déjà adulte, réfléchi, raisonné, lui-même désormais dépositaire de la filiation à venir.