Voilà qu'elle me prenait comme modèle ! C'est pour le coup que je me suis senti une merde à mon tour. Les boules me sont montées, j'en suais de honte d'oser la tenir contre moi. Un instant, j'ai été tenté de tout lui déballer, les séances de Nebraska et le reste, et que sous mes muscles, j'était plus mort et ratatiné qu'une momie sous ses bandelettes. Mais j'ai été lâche, je me suis frotté le museau contre ses larmes, je me suis dit qu'à force de la laisser croire en moi, je finirais peut-être par ressembler vraiment à celui qu'elle imaginait.
L'idée de servir m'a suffit jusqu'au jour où je me suis demandé : servir quoi ? Servir à quoi ? (...)
Je l'ai découvert dans un de ces faux pays où les présidents à vie changent à chaque saison des pluies. On nous avait envoyés là-bas choper la chiasse et le paludisme, et maintenir un semblant d'ordre. Du coup, les deux ou trois ethnies rivales du coin nous tombaient dessus, enfin réconciliées en un juste combat pour la liberté de s'entretuer dans le respect des coutumes tribales. De ces trois mois d'opérations, j'ai gardé quelques poignées de photos qui montrent qu'il fait chaud, que les beautés indigènes ont tout compris de l'art de draper leur boubou, que les 403 sont des bagnoles increvables, et que le bidon de pétrole récupéré est une mine inépuisable pour l'artisanat local.
Pour la première fois depuis ses huit ans, il pleura, autant de chagrin que de rage.
Quand Loïc, à dix heures moins cinq, traversa la place pour poster un paquet de factures, les regards qui se tournèrent vers lui étaient lourds comme des crachats. (p.83)
- ça vous arrive, des fois, d'avoir des espèces de rêves qui reviennent tout le temps ?...
Enfin, pas des vrais rêves, plutôt des souvenirs de quelque chose qu'on n'a pas fait. (p.63)
Des guignols pareils qui se prenaient pour des flèches parce qu'il existait quelqu'un de plus minable qu'eux, avec quelle joie Loïc leur aurait mis le nez dans leur nullité, à coup de poings ! (p.81)
Il régnait ce silence de canicule qui semble être l'attente d'un châtiment. (p.7)
Ce ne sont pas les poings qui font le plus mal, mais les langues. (p.27)