Dans un éclair de clairvoyance qui le laissa stupéfait, il eut la sensation que son père vivait dans tout ce qui se trouvait alentour, et que le moindre souffle de vent contenait sa bénédiction. (10/18, p. 51)
La réalité du Rwanda restait soigneusement dissimulée aux étrangers pour qu’ils continuent à flotter sur les eaux paisibles qu’on faisait apparaître à leur intention comme par magie au-dessus de la mer agitée dans laquelle se débattaient les Rwandais.
Comme le livre de la vie peut changer ! songea-t-il. Et ce n'est pas nous qui en écrivons les pages.
Près de la photo, il tapota l'endroit où était écrit UBWOKO. "Ce mot, là, en kinyarwanda, il signifie quoi?"
Sa question étonna Jean-Patrick. "Ubwoko? Ça veut dire ethnie.
- Ah, tu te trompes! Ce sont les Belges qui lui ont donné ce sens-là! Avant l'époque coloniale, le mot ubwoko voulait dire clan en kinyarwanda. Nous n'avions aucun mot dans notre langue pour désigner l'appartenance ethnique."
Béa l'arrêta. "Tu es aveugle? L'Occident s'en fiche! Les troupes de la Minuar restent là à regarder les Hutus se déchaîner sans bouger un pouce! Tu as vu à quelle vitesse la sauvagerie s'est emparée de la foule? Jusqu'à quand les troupes vont-elles rester là pendant que ses mêmes Hutus s'adonnent à leurs tueries?"
La peur me suit comme une ombre, partout où je vais. Je ne me rappelle pas avoir dormi tranquillement depuis l'époque où j'étais enfant.
Avant que les Belges viennent mesurer nos nez et sceller notre appartenance ethnique à tout jamais, on n'avait pas besoin d'indangamuntu(papiers d'identité) pour savoir qui on était!
Partout circulaient péniblement des blindés et des camions de la MINUAR dans lesquels les casques bleus observaient la foule.
"Tu vois? dit Jean-Patrick. Il y a tous les soldats qu'il faut pour nous protéger si quelque chose ne va pas." Béa lui jeta un regard contrarié sans répondre.
Jean-Patrick: Je voulais faire des maths et de la physique, mais ils m’ont inscrit en ingénierie. (…)
Jonathan : Tu n’as pas le droit d’étudier ce que tu veux ?