Citations de Naguib Mahfouz (606)
"Vivre ou mourir, peu m'importe! La foi est plus forte que la mort, et la mort plus noble que l'humiliation! Grand bien nous fasse cet espoir à côté duquel la vie ne vaut rien. Bienvenue à toi, matin nouveau de liberté... Dieu que Ta volonté soit faite!"
En dépit de tout ce qui se passe autour de nous, je resterai optimiste jusqu'à la fin. Le bien remporte des victoires chaque jour. Et il est même possible que le mal soit plus faible que nous ne l'imaginions. Nous en avons sous les yeux une preuve irréfutable : si la victoire n'était pas toujours du côté du bien, des hordes errantes d'êtres humains n'auraient pas pu former des nations, exceller dans la créativité et l'invention, conquérir l'espace et déclarer les droits de l'homme.
- Le clergé est, comme l'armée, une force à ne pas négliger, l'admonestai-je.
Il répliqua, narquois :
- Les bandits aussi sont une force à ne pas négliger!
“La question, qui taraude de temps à autre ma conscience, s'impose encore une fois à mon esprit. Pour quelle raison n'apparaît-elle donc pas dans mes rêves ? Pourquoi ne l'a-t-elle pas fait au moins une fois, une seule, depuis qu'elle s'en est allée ? Je veux m'assurer, oui, qu'elle a bien existé, qu'elle a bien été une vérité de ma vie, et non une illusion d'adolescence... "
«Écoutez-les parler de la beauté! Que connaissent-ils de son essence? Ils ne se laissent séduire que par les couleurs : la blancheur de l'ivoire, l'or des lingots. Demandez-moi mon avis. Je ne vous parlerai pas de peau brune et éclatante, d'yeux noirs comme l'ébène, de silhouette élancée, d'élégance parisienne... Non! Toutes ces choses sont belles, certes, mais ce ne sont que des contours, des formes, des couleurs tributaires en fin de compte des sens et des normes! Non! La beauté, c'est au coeur un sursaut qui le blesse, un souffle luxuriant qui s'épanche dans l'âme, un amour éperdu qui la porte sur des vagues d'azur, jusqu'à lui faire embrasser les cieux purs... Parlez-moi donc de cela si vous en êtes capables!»
- Le trône t'apportera la gloire, dit-il avec tendresse, quant au bonheur, il relève de la sagesse du coeur.
Dans l’histoire de l’Égypte, la fonction publique est une institution sacrée à l’égal du Temple, le fonctionnaire égyptien était le plus ancien fonctionnaire de l’histoire. Si dans les autres pays, la figure emblématique était celle du combattant, du politicien, du fabricant ou du marin, en Égypte, c’était bien celle du fonctionnaire. […] Le pharaon lui-même n’était rien d’autre qu’un fonctionnaire nommé par les dieux du ciel pour gouverner la vallée du Nil … (Ed. Sindbad, p. 126)
- Oublie-le, ton nez, au moins pour ce soir. Le nez, c'est comme les furoncles, plus on y pense plus ça grossit!
Il se disait que sa vie était un courant ininterrompu qui avançait dans le canal de la lumière et de la connaissance, qui se ramifiait dans tous les domaines de la pensée, animée par une ferveur incommensurable pour le divin. (Éd. Sindbad, p.27)
«L'argent! L'argent est souveraineté et puissance. L'argent est tout en ce monde!»
- La pudeur n'est plus de mode. Tu dois dire ta pensée sinon la vie va te passer sous le nez!
Le frémissement d'un cœur est une chose grave, et pèse autant dans cette existence que le mouvement des astres dans l'univers.
La fascination trompeuse du calendrier consiste à nous donner l'illusion que le souvenir peut nous revenir, même si rien ne revient!
C'est ainsi qu'il tomba amoureux. Il l'aima pour ses deux grands yeux clairs, son regard doux et candide, et la légèreté de son être. Il l'aima parce que ses rêves - et le rêve était son seul refuge, la seule chose qu'il possédait vraiment - la lui représentaient à tout instant, parce qu'atteignant la quarantaine, il se retrouvait assoiffé, haletant d'amour, et que la soif qui n'est pas étanchée est la source même du rêve.
"La jeunesse est toujours à la recherche de l'aventure, quant à la vieillesse, elle aspire au repos."
- Personne ne peu se libérer de son passé.
Je retrouvai l'amertume de ma vie passée et songeai que je ne connaîtrais de paix véritable que lorsque j'aurais tranché tout lien d'avec mes semblables. Mais je ruminai mes peines en silence, étant habitué à me plier aux exigences d'un coeur endolori, oppressé, et d'une rage contenue. Mon calvaire perdurait ; je ne savais comment changer le cours de mon existence et étais sans espoir de répit, fût-il passager. Elève, je m'armais de patience en songeant que l'école finirait un jour et que je deviendrais un homme libre et responsable ; mais désormais je n'avais devant moi qu'un avenir sombre et amer dont seul la mort triompherait. Oui, je compris que je ne connaîtrais jamais la paix et serais toujours hanté par le désir de fuir. Mais fuirais-je cette fois ? L'essence de mon calvaire ne résidait pas seulement dans mon impuissance devant les obstacles, mais dans ma propension à les grossir et les exagérer, et je me livrais une impitoyable guerre des nerfs. Si la réalité déplaisait à mon âme, je ne faisais rien pour y remédier. Je ne connaissais ni la philosophie du plaisir ni celle de l'indifférence, ignorais celle de la force et de la rébellion ; lorsque quelque chose m'était insupportable_ or l'univers entier m'était insupportable_ mon imagination malade faisait d'un grain de sable une montagne ; confronté à un problème, je feignais la patience, mais mon âme se repliait sur une tristesse mortelle et une anxiété assassine. C'est ainsi que je découvrais partout des ennemis, réels ou imaginaires. Les élèves et les professeurs étaient mes ennemis d'hier, mes collègues de bureau ceux de demain.
N'ayez jamais peur ! La peur n'empêche pas la mort, elle empêche la vie. Tant que vous craindrez la mort, vous ne serez pas vivants !
Des yeux ont veillé et des yeux ont dormi
Pour des choses qui sont, ou bien qui ne sont pas.
Bannis de ton esprit les soucis,
Car les soucis sont porteurs de folie.
Les choses changent au gré des circonstances comme les mots au gré de leurs nouvelles acceptations.