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Citations de Michel Onfray (2377)


A viser le Paradis, on manque la Terre.
..la synagogue, le temple, l'église ou la mosquée, tous endroits où l'intelligence se porte mal et où l'on préfère depuis des siècles l'obéissance aux dogmes et la soumission à la Loi - donc à ceux qui se prétendent les élus, les envoyés et la parole de Dieu
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La mort de quelqu'un qu'on aime [...] La philosophie semble sur ce sujet bien pauvre en consolations véritablement efficaces. [...] Certes, on peut trouver ici ou là des idées utiles, mais aucune ne permet efficacement de recouvrer tout de suite la station debout quand on a mis un genou en terre. Sauf...
Sauf si l'on part du principe que le mort est un héritage, que le disparu a légué ce qu'il fut et que, quand on a eu la chance d'avoir eu un père et une compagne ayant confiné à la sainteté laïque par leur bonté, il nous reste à leur rendre le seul hommage qui soit : vivre selon leurs principes, être conforme à ce qui faisait d'eux des personnes aimées, ne pas laisser mourir leur puissance d'exister dans leur générosité d'être en la reprenant comme on relève un étendard tombé au sol après un combat, agir sous leur regard inexistant et leur rester fidèle en incarnant leurs vertus, en épousant leur art de produire de la douceur.

P31
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Je ne méprise pas les croyants, je ne les trouve ni ridicules ni pitoyable, mais je désespère qu'ils préfèrent les fictions apaisantes des enfants aux certitudes cruelles des adultes.
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La séparation de la sexualité d'avec l'amour n'exclut pas l'existence de sentiment, de l'affection ou de la tendresse. Ne pas vouloir s'engager pour la vie dans une histoire de longue durée n'interdit pas la promesse d'une douceur amoureuse.
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Michel Onfray
Le monde va, cahin-caha, parce que le plus grand nombre se ment, s'illusionne, échafaude des décors de théâtre dans lesquels il se raconte des histoires. Pour ne pas voir en face la misère de son existence, le tragique de son destin, le ridicule de tout divertissement social, et l'inéluctalibilité de sa disparition annoncée. D'où son délire d'inventions, ses techniques mises au point pour éviter de regarder ce qui doit être vu. Déni, mauvaise foi, refoulements, projections, bovarysme, autant de mécanismes de défense mis en place pendant des siècles par les hommes pour échapper à la cruauté de l'évidence. Autant de fictions, de fables, de mythes qui encombrent l'intelligence et la progression vers la véritable philosophie - celle qui produit la sagesse, la paix avec soi, les autres et le monde.
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Michel Onfray
"Le bonheur ne tient pas seulement au rapport qu'on établit entre soi et soi, mais aussi entre soi et la nature, soi et le cosmos."
Philosophie magazine
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Camus découvre le formidable pouvoir des mots , la magie de la lecture , l'immense puissance des livres . Rentré chez lui , il pose le volume sur la toile cirée de la table de la cuisine , le place sous le rond de lumière de la lampe à pétrole , l'ouvre et le lit .Le monde autour de lui disparaît , il entre de plain - pied dans un univers qui le sauve .
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[...] Car l'inverse me semble bien plutôt vrai : "Parce que Dieu existe, alors tout est permis ..." Je m'explique. Trois millénaires témoignent, des premiers textes de l'Ancien Testament à aujourd'hui : l'affirmation d'un Dieu unique, violent, jaloux, querelleur, intolérant, belliqueux a généré plus de haine, de sang, de morts, de brutalité que de paix ... le fantasme juif du peuple élu qui légitime le colonialisme, l'expropriation, la haine, l'animosité entre les peuples, puis la théocratie autoritaire et armée ; la référence chrétienne des marchands du Temple ou d'un Jésus paulinien prétendant venir pour apporter le glaive, qui justifie les Croisades, l'Inquisition, les guerres de religion, la saint-Barthélémy, les bûchers, l'Index, mais aussi le colonialisme planétaire, les ethnocides nord-américains, le soutien aux fascismes du XX° siècle, et la toute puissance temporelle du Vatican depuis des siècles dans le moindre détail de la vie quotidienne ; la revendication claire à presque toutes les pages du Coran d'un appel à détruire les infidèles, leur religion, leur culture, leur civilisation, mais aussi les juifs et les chrétiens - au nom d'un Dieu miséricordieux ! Voilà autant de pistes à creuser que, justement, à cause de l'existence de Dieu tout est permis - en lui, par lui, en son nom, sans que ni les fidèles, ni le clergé, ni le petit peuple, ni les hautes sphères y trouvent à redire ...
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Le destin de ce qui était vivant m'était ainsi présenté: obéir à la nécessité qui guide tout ce qui est vivant, les anguilles et les hirondelles, les martinets et les papillons qui faisaient le bonheur de mes printemps et de mes étés. Il y avait de l'anguille et de l'hirondelle en moi, du martinet et du papillon. Il me faudrait du temps pour tirer cette énigme au clair et, passant par Spinoza, savoir que nous nous croyons libres parce que nous ignorons les causes qui nous déterminent.

p167
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Le temps n'existe pas sans accélérations ni ralentissements. Son flux n'est pas fluide, ni son écoulement celui d'un fleuve tranquille. Sa logique n'est pas celle du sablier avec son filet de sable qui tombe d'une ampoule dans l'autre avec régularité, sans à-coups. La vitesse est inséparable de son développement. Plus ou moins de vitesse, des variations de vitesses : stagnation, immobilité, surplace, infime mouvement, léger déplacement, petite mobilité, imperceptible évolution, indicible mutation, vrai bougé, passage d'un point à l'autre, d'un moment à l'autre, authentique passage, vraie translation, changement net, véritable mutation, transition visible, indubitable métamorphose, accélération soudaine, amplification vaste, vitesse incontestable, précipitation notable, vélocité substantielle, solide célérité, ces variations de puissance dans le mouvement du temps semblent la loi du genre : de la naissance à la mort en passant par la croissance, la maturité, la plénitude, l'acmé, la décroissance, le vieillissement, la décrépitude, la sénescence, l'agonie, le trépas, ce qui vaut pour un homme convient aussi pour une civilisation, ce qui conduit l'abeille mène également le volcan.

p144
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Une bouteille est une lampe d'Aladin qu'il faut savoir caresser.

p48
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Le futur a la même consistance que le passé : ce qui a été fut et on ne peut rien contre; ce qui sera est déjà et on ne peut pas plus contre. Le proverbe manouche "Après demain, demain sera hier" exprime ce temps unique, diversement modifié, mais toujours semblable à lui-même. La matière du temps se confond avec les temps intrinsèques de la nature et du cosmos.[...] Sage, le Tzigane veut le temps qui le veut. Il veut le passé qui fut et le futur qui sera comme il fut et comme il sera, car il sait qu'il ne peut rien sur le temps puisque c'est le temps qui peut tout sur lui.

p108
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Les plantes vivent, souffrent, elles réagissent aux stimuli. Seul l'anthropomorphisme empêche cette conclusion - qui met à mal l'argument des végétariens qui accordent à l'animal un statut ontologique refusé aux végétaux eux aussi capables de souffrir - autrement dit : à expérimenter l'affect qui met en péril leur existence. On sait en effet aujourd'hui que les acacias communiquent et agissent en fonction des informations données par leurs semblables. Il existe un langage des plantes en dehors de ce que les plantes disent symboliquement aux hommes, qui permettait à Maurice Maeterlinck de parler jadis d'intelligence des plantes.

p187
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Les anguilles que je voyais dans la Dives, à Chambois, les mêmes que celles de la tapisserie de Bayeux qui raconte la geste de Guillaume le Conquérant, venaient donc de la mer des Sargasses, à six mille kilomètres de mon village d'enfance. Et elles se préparaient à y retourner pour s'y accoupler, pondre et mourir. Cette mer qui n'est entourée d'aucun continent se trouve dans l'Atlantique Nord; elle dispose d'une abondante végétation en surface qui empêche les bateaux d'avancer et raréfie la chlorophylle, ce qui en fait un lieu idéal pour cette espèce luciphuge qu'est l'anguille; elle se trouve non loin du mythique triangle des Bermudes dont une légende veut que nombre de bateaux y aient disparu sans laisser de trace. Dans vingt Mille Lieues sous les mers, Jules Verne rapporte que cette étrange verdure qui abrite les amours sombres des anguilles proviendrait de la végétation arrachée aux prairies de la défunte Atlantide - le lieu dans lequel Blaise Cendrars voulait qu'on jette son corps mort.

p207
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Si l'on mélange la quête et la découverte, alors le probable et le possible se confondent au certain, le vraisemblable devient le vrai...

p156
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Pour ne pas être un point mort de néant dans le néant, il nous faut inventer un contre temps hédoniste afin de nous créer liberté, autrement dit, leçon nietzschéenne infidèle à Nietzsche, il nous faut choisir dans notre vie et pour notre vie ce que nous voudrions voir se répéter sans cesse.

p40
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Au commencement, bien sûr, était la Bible - et au commencement de ce commencement, le commencement des commencements : la Genèse. On connaît plus ou moins le récit de la Création du monde, le déroulé du travail, les successions dialectiques qui séparent le rien du tout, le chaos sur lequel planent l'esprit de Dieu et la femme, perfection de la création, puisque dans l'ordre des préséances, elle arrive après l'homme, ce qui, pour qui veut bien lire, assure d'une plus grande distance d'avec les animaux. De l'homme et de la femme, le premier est plus proche du singe que la seconde, qui s'en éloigne un peu plus - et cet un peu n'est pas peu ! Il y a plus de bête en l'homme qu'il n'y en a dans la femme. Autrement dit : il y a plus de raison et d'intelligence chez Eve que chez Adam - ce que montre son désir de goûter du fruit défendu, fruit de l'arbre de la connaissance, et sa volonté de savoir là où l'homme se contentait d'obéir.
p304
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Le complexe d'OEdipe universel est une foutaise, la horde primitive et le meurtre du père, puis le banquet cannibale, une bêtise sans nom, le viol de la première femme par le premier homme, une fadaise inqualifiable, la transmission prétendument phylogénétique de toutes ces fariboles, une vaste fumisterie. Freud a fait de ses fantasmes personnels une théorie prétendue scientifique - en fait, un conte pour enfants auquel adhèrent un nombre incroyable de fidèles.

p142
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Avant l'écriture, la parole était apprise par coeur, mémorisée. La capacité des hommes à retenir des milliers de phrases définissait alors la poésie qui était d'abord sonore : dans la tribu, un homme racontait les généalogies pour faire remonter la famille du roi jusqu'aux ancêtres les plus lointains qui, bien sûr, étaient les dieux, il disait les mots du rituel au moment d'une initiation, il rapportait les récits légendaires qui expliquaient la création du monde, la séparation du ciel et de la terre, l'apparition des hommes, le destin de l'âme des défunts, la puissance du monde des esprits, la manière de s'adresser au dieu, les mots à dire lors du sacrifice d'un animal. L'homme qui enseigne est le poète. Il crée le monde avec des mots, il crée des mots avec le monde.

p266
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Avec les étoiles, mon père m'enseignait le temps et la durée; avec les anguilles, l'espace et les migrations. La clarté de l'étoile polaire inscrivait ma vie d'enfant dans les durées de l'infini ; les ondulations de l'anguille dans celles d'une planète où tout est en relation de bonne intelligence naturelle. La voûte étoilée au-dessus de mon village et le clapotis de l'eau de la rivière qui grouillait d'une vie préhistorique, voilà qui me permettait d'entrer dans un monde vivant- et de m'y installer durablement. L'enfant que je fus est le père de l'adulte que je suis; et mon père, le père de cet enfant. La Grande Ourse et la petite anguille conduisent plus sûrement une âme en train de se faire vers les ontologies utiles que les livres qui, bien plus tard, les en détournent. Je ne savais pas à quel point ces leçons de choses imprégneraient ma matière grise.

P206
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