La mer indigo tricotée sur les plages
par les vents qui apportent les voiles aiguës.
Le ciel est une fête que fêtent les drapeaux
au galop rouge des chevaux d’Ascot.
RAOUL DUFY
Nymphes, danses légères
Près des légers bouleaux
J’aimais mieux tes bergers
Des campagnes romaines
Et les pins parasols que tu ne vendais guère
ô Corot, prince premier de la lumière.
Libre gentilhomme des bourdeaux
et des bals, désossa Valentin,
engoba la Goulue, mais aima davantage
la croupe chevaline au cirque tracé
par son crayon.
Il sut voir le soleil sans ombres
et la pluie sans nuages. Il tourmenta
le ciel, tordit les noirs cyprès et
mit la voie lactée dans la nuit d’une toile.
Taïtien dans le Bois d’Amour, il
apporta le parfum de Noâ aux
Iles bretonnes et bien avant
le navigateur blanc, la haute
désespérance de la solitude.
Couleur qui fixe ses modèles,
en elle. Traits où il triche la précision par
la précision. La femme assise
ou couchée ne se lèvera plus.
HENRI MATISSE
Tremble peuplier
sur la toile immobile. Moret, ton
moulin ne manquera jamais du reflet de tes eaux
sous sa brosse, ô virgules d’émeraude.
ALFRED SISLEY
Degas a dit qu’elle peignait
l’enfant Jésus avec sa « nurse ».
Quelle tendresse maternelle ont
ces nurses et comme Jésus est déjà
Amour.
MARY CASSATT
Toutes ses rues s’appellent
Jeanne d’Arc, et il enchanta
la misère. Montmartre n’est
plus qu’Utrillo pour
les yeux qui ont accepté
ses images.
Il fit présent à l’ombre de couleurs nouvelles
Chaque heure le vit naître à un monde plus clair
Il est mort dans un arc-en-ciel.
CLAUDE MONET