Carte blanche aux Éditions du Détour
Modération: André LOEZ, chargé de cours à Sciences Po Paris
Intervenants: François DA ROCHA CARNEIRO, chercheur associé au CREHS,
Guillaume MAZEAU, maître de conférences à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
À l'occasion de la publication de l'ouvrage : Guns and Roses Les objets des luttes féministes de Mathilde Larrère, (Le Détour). Ainsi qu'autour des ouvrages : Rage against the machisme et Il était une fois les révolutions de Mathilde Larrère (Le Détour)
Le terme « Histoire publique » est apparu dans les années 1970 aux États-Unis pour s'implanter dans le reste du monde à partir des années 2000. Ce domaine n'a cessé de se diversifier voire de se professionnaliser depuis une dizaine d'années.
Elle est destinée à rendre l'histoire accessible au plus grand nombre en multipliant les expériences et les supports. de l'audiovisuel traditionnel aux réseaux sociaux en passant par de nouvelles pratiques muséographiques, les podcasts ou les jeux vidéo et bien sur l'édition , les supports et les pratiques sont variés.
L'Université française en a bien compris l'intérêt en créant ces dernières années des cours, voire des diplômes sur le sujet.
Cette table ronde a pour but d'en faire l'état des lieux avec quatre historiens partageant leurs expériences.
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Ne serait-ce pas aussi, pour certains, un moyen d'éviter de parler de tous les autres engagements de femmes sur les dernières barricades de la Commune ? Focaliser les regards, bientôt les doutes, sur une seule barricade pour ne pas voir les autres ? L'arbre qui cache la forêt. Car on ne saura sans doute jamais avec certitude s'il y a eu une barricade de femmes, ni précisément où. Aucun doute, en revanche, sur le fait qu'en maints endroits, des femmes ont combattu, au prix de leur vie.
Sauf que, donc, en 1975, le coup de « Moulinex libère la femme », ça ne prend plus ! Les féministes dénoncent la double journée et l'exploitation domestique des femmes.
Bon, on va le dire tout de suite, comme ça, c'est fait : LES FEMMES ONT TOUJOURS TRAVAILLÉ !
(...)
Parce que le mythe selon lequel les femmes n'auraient commencé à travailler qu'avec la Première Guerre mondiale a la vie dure.
(...)
On naturalise les compétences des femmes, c'est-à-dire qu'on considère qu'elles seraient par NATURE, parce que femmes, plus aptes à prendre soin des enfants, des personnes malades, âgées, à nettoyer, à faire les lits dans les hôtels. Cela a pour double effet de les cantonner à ces tâches et de ne pas reconnaître la qualification professionnelle de ces métiers (puisque ce serait "naturel"), donc... de moins les payer pour ces travaux.
Aussi défendent-ils la contraception - et l'avortement en cas d'échec - et non l'abstinence. Leurs arguments sont pacifistes - « moins de chair à canon », disent leurs tracts, ouvriéristes - « moins de chair à patron » - ... et féministes !
Il faudrait raisonner un peu : croit-on pouvoir faire la révolution sans les femmes? Voilà quatre vingt ans qu'on essaie et qu'on en vient pas à bout. Pourquoi cela? C'est que beaucoup de républicains n'ont détrôné l'Empereur et le bon dieu que pour se mettre à leur place; il leur faut des sujettes.
Et pourquoi "Bread and Roses", me direz-vous ? Le pain et les roses, c'est le droit au superflu en plus du nécessaire, l'utile et l'agréable, fromage et dessert ! Les roses ne sont donc pas l'éternel féminin mais la beauté du monde, revendiquée par les plus dominées. Après la victoire de Lawrence, la bien nommée Rose Schneiderman, syndicaliste suffragiste, l'explique dans un discours, en juin 1912 : "Ce que la femme qui travaille veut, c'est le droit de vivre, pas simplement d'exister - le droit à la vie comme la femme riche a le droit à la vie, et au soleil, à la musique et à l'art. (...) L'ouvrière doit avoir du pain, mais elle doit aussi avoir des roses". (p. 152)
Pourquoi tant de hâte à enterrer la garde de Juillet ? La monarchie de Juillet signifie par là, la limite de ses concessions démocratiques, bien en deçà des aspirations d'une partie, certes minoritaire, du monde politique. Elle reprend le contrôle d'une institution qui lui échappait et dont elle mesure l'importance stratégique et symbolique.
Et pourquoi ne pas écrire l'histoire de cette monopolisation, de cette exclusion ? La questionner au lieu de la reproduire ? Pourquoi parler des rois de France sans noter qu'il n'y a pas de reine (alors qu'il y en a au Royaume-Uni, en Autriche…) et l'expliquer ? Pourquoi dire que le suffrage universel est instauré en 1792, puis à nouveau en 1848, sans dire : "suffrage universel masculin", sans expliquer ce qui a conduit à priver les femmes du droit de vote ?
Il faut avouer que dans une histoire du féminisme faite de flux et de reflux, nous vivons depuis quelques années un flux magnifique – « deter », comme ont dit ! Pour moi qui ai connu les 8 mars maigrichons où nous parvenions qu’à peine à arrêter la circulation… Quels changements, quel souffle !
Que réclamaient les femmes ? Déjà le droit de travailler ! Dans toute l’histoire du féminisme, le travail des femmes a toujours été défendu comme un facteur d’émancipation. C’est mieux que de rester à la maison, d’être cantonnées à la misère quand elles sont seules, ou de n’avoir aucune indépendance financière.